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Constructeurs

Le double jeu de Renault Tech

Publié le 15 janvier 2014

Par Benoît Landré
4 min de lecture
La création en 2009 de la division Renault Tech, spécialisée dans la transformation des véhicules au sein des sites de production de la marque, n’a pas été sans impact sur l’activité des constructeurs-carrossiers.
Renault Tech a aménagé 118 500 véhicules en 2012, dont 29 900 Master à Batilly (54) et 120 000 transformations sont programmées pour 2014.

Intégrée à Renault Sport Technologies, Renault Tech est une Business Unit spécialisée dans la conception, la production et la commercialisation des transformations de véhicules. Elle s’inscrit “dans le prolongement des sites de production” en ce qu’elle permet de fabriquer des produits sur mesure, à la demande des clients, et sur des plus petits volumes. “Il s’agit de la seule entité de transformation totalement intégrée à un constructeur automobile”, souligne la marque au losange. Basée à Heudebouville (27), elle dispose de onze satellites au cœur des usines du groupe et se positionne sur quatre secteurs d’activités : les VUL, les VP, les flottes et le TPMR. La division opère également sur les produits des autres marques conçus dans les usines de Renault (Opel, Nissan, Mercedes-Benz). Si le VUL représente l’essentiel de l’activité, la croissance en 2013 a été rythmée par les aménagements de Clio 4 Auto-école à Bursa, qui ont représenté environ 7 000 unités, ainsi que les ventes aux flottes. Renault Tech a d’ailleurs remis le 25 novembre les clés du 100 000e Master transformé à Batilly à EDF ERDF.

Créée en 2009, au plus fort de la crise, cette Business Unit a ainsi permis à Renault de reprendre à son compte certaines transformations autrefois confiées aux partenaires carrossiers, confortant au passage l’expertise de Renault sur le marché des véhicules utilitaires. “Avec cette structure, le client n’a plus qu’un seul interlocuteur, nous réduisons considérablement les coûts sur le plan logistique, les délais de livraison ainsi que l’empreinte carbone, car nous n’avons plus besoin de déplacer les véhicules”, souligne Eric Lemonnier, directeur de Renault Tech.

Renault Tech, une menace pour les constructeurs-carrossiers ?

Des arguments pleins de bon sens, compréhensibles de la part d’un acteur qui se bat pour conserver son leadership en Europe sur le segment des VUL, mais qui soulèvent toutefois des interrogations quant aux relations que Renault entretient désormais avec les constructeurs-carrossiers. Ces derniers, qui ne vivent pas leurs heures les plus fastes, ont modérément apprécié ce développement. Mais, en période de crise, il faut trouver de nouveaux relais de croissance. Durisotti n’a-t-il pas repris à son compte l’an passé la fabrication de bennes HLE qu’il sous-traitait auparavant ? “Depuis la création de la division, certains carrossiers ont, certes, vu leur activité diminuer, mais d’autres ont assisté à une croissance de leur chiffre d’affaires. Nous ne sommes pas en concurrence avec eux et nous souhaitons nouer de nouveaux partenariats”, répond Eric Lemonnier. “C’est une relation qui a toujours existé. Nous travaillons avec et contre les constructeurs, nous complétons leur gamme là où il y a des trous”, réagit un acteur, qui préfère rester anonyme.

Lors du dernier Solutrans, le stand de Renault dévoilait nombre de modèles transformés par des carrossiers hexagonaux. Si Renault Tech n’entend pas se substituer à ces acteurs, notamment parce qu’elle ne possède pas d’ingénierie de développement dédiée, elle vient clairement empiéter sur leur terrain, et, de fait, impacter la capacité de leur outil de production. Et la division n’a certainement pas exploité tout le potentiel de cette activité. En octobre dernier, Patrick Gruau n’hésitait pas à désigner Renault Tech comme son principal concurrent. Des propos loin d’être anodins de la part du premier acteur français, dont le site lorrain jouxte de quelques centaines de mètres l’usine Sovab de Batilly.

Un douzième satellite à Tanger

La division, qui a vu son chiffre d’affaires grimper de 34,6 à 78,5 millions d’euros de 2009 à 2012, table sur un volume de 120 000 transformations en 2014, loin devant les 40 000 unités annuelles de Gruau. L’adaptation de véhicules pour les flottes d’entreprise représente 19 % de l’activité de l’entité et la part des exportations hors d’Europe pèse actuellement 8 %. “Les perspectives de développement à l’international sont importantes. Le plan d’action vise un objectif de 15 % des transformations hors d’Europe d’ici 2014”, annonce la direction de Renault Tech. La Business Unit ouvrira d’ailleurs une douzième antenne à Tanger.

 

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