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Constructeurs

"Le challenge pour Lancia, qui est une marque forte en Italie, est en dehors de ses frontières"

Publié le 31 mars 2011

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
Andrea Formica, CEO Fiat - Après la stratégie, avec l’intégration de Chrysler et la scission du groupe Fiat, le constructeur turinois et ses marques débutent leur offensive produits. Le directeur de Fiat, mais aussi des ventes du groupe, revient avec nous sur le travail accompli jusqu’ici mais surtout sur les perspectives de croissance.

Journal de l’Automobile. Avec un total Groupe Fiat d’un peu plus d’un million de ventes en 2010 (- 17 %) en Europe, quel bilan en tirez-vous et comment imaginez-vous 2011 ?
Andrea Formica.
L’année 2010 a été une année spéciale en Europe, avec deux périodes vraiment distinctes, l’une avec le soutien des incentives et l’autre après leur disparition, sauf en France où les aides ont duré toute l’année 2010. Dans ce contexte, nous avons connu un bon premier trimestre puis les suivants ont été plus difficiles. Depuis le début de l’année, nous pouvons voir des signes d’améliorations, en Allemagne mais aussi en France où les incentives de fin 2010 ont clairement un impact sur les immatriculations de ce début d’année.

JA. Mais, en France, nous assistons, aujourd’hui, à une guerre des prix.
AF.
C’est aussi le cas sur d’autres marchés comme aux Pays-Bas ou en Belgique. Toutefois, je pense qu’il est intelligent de soutenir les ventes des véhicules à faibles émissions de CO2 car c’est aussi une façon de créer de la croissance, tout en améliorant la qualité de l’environnement. Combien de ventes pourront générer de telles mesures ? C’est très difficile à quantifier mais il est certain que cela aura un effet. Cependant, en France, nous n’attendons pas, en 2011, une croissance aussi forte durant toute l’année. Au niveau européen, nous estimons que le marché sera légèrement au-dessous de celui de 2010.

JA. Dans cette éventualité, qu’espérez-vous pour Fiat et vos autres marques ?
AF.
La comparaison reste difficile. Si vous regardez la performance de Fiat, en parts de marché, vous devez prendre en compte les incentives, particulièrement sur le marché italien. Fiat était sur-représentée. Un exemple : il y a deux ans, nous avions vendu 240 000 véhicules fonctionnant au GPL/GNV. En 2010, ce chiffre était encore de 120 000 et en 2011 nous ne devrions pas dépasser 50 000 à 60 000 unités. Il est donc difficile, pour l’heure, de comparer les choses. Ce devrait être plus facile à partir du mois d’avril ; là, nous verrons des signes positifs pour le groupe Fiat.

JA. Quel est votre objectif pour 2011 ?
AF.
Nous souhaitons conserver le même volume de ventes qu’en 2010 - sur un marché qui devrait toutefois légèrement reculer - donc améliorer notre part de marché. Lancia sera un vecteur de croissance avec le lancement de la nouvelle Ypsilon durant le premier semestre. Avec cette nouvelle version, qui est une 5 portes cette fois, notre potentiel de vente s’avère beaucoup plus important. Mais le challenge pour Lancia, qui est une marque forte en Italie, est en dehors de ses frontières. Pour cela, un des éléments clés est notre réseau de distribution, en Europe, avec lequel nous sommes en train de signer les nouveaux contrats.
Puis 2011 sera la première année pleine pour l’Alfa Giulietta, dont les ventes sont bonnes en Italie mais aussi dans le reste de l’Europe. Toutes les marques devraient contribuer à la croissance du groupe.

JA. Un mot de la gamme Fiat et des nouveautés présentées ici.
AF.
Il y a bien sûr la 500 mais il ne faut pas oublier que nous vendons un volume similaire de Panda et que notre best-seller demeure la Punto Evo. D’ailleurs, nous présentons ici la Punto Evo AirTech, qui ne rejette que 90 g de CO2 grâce à une nouvelle génération de moteurs Diesel MultiJet. Une proposition vraiment intéressante.
Puis, nous allons lancer le Freemont. Nous ne parlons pas ici des mêmes volumes mais nous en attendons tout de même 40 000 unités en Europe. Il s’agit donc d’un produit important pour nous mais aussi pour nos distributeurs. En effet, en termes de prix, chaque fois que l’on vend un Freemont c’est comme si l’on vendait deux 500 !
Le Freemont est le premier produit de la large offensive produits Fiat. Vous allez découvrir 7 nouveaux produits Fiat dans les 30 prochains mois. Ainsi, d’ici fin 2013, la totalité de la gamme Fiat aura été remplacée ou significativement modifiée. Nous espérons que, dans le même temps, les conditions de marché se seront améliorées pour tirer le meilleur de ces nouveaux produits.

JA. Justement le développement de ce plan produits a-t-il été retardé du fait de l’accord avec Chrysler ?
AF.
Au contraire ! Nous avons gagné du temps. Le niveau de coopération et d’intégration avec Chrysler a rendu possible des développements de produits qui étaient jusqu’ici impossibles.

JA. Le prochain lancement est celui de la nouvelle Panda, prévu pour cet automne. Quelles sont vos ambitions pour ce modèle ?
AF.
La Panda fait une carrière remarquable. Et pas seulement en Italie. Cependant, aujourd’hui, son segment a fortement évolué avec notamment de nouveaux compétiteurs. Nous avons donc besoin d’être agressifs pour garder une Panda compétitive.

JA. Cette génération sera produite en Italie. N’est-ce pas un problème pour justement être très compétitif en termes de prix ?
AF.
La main-d’œuvre n’est qu’un composant du coût total d’un véhicule. De plus, pour la Panda, où une large part des ventes est italienne, le coût de transport va forcément baisser.

JA. Qu’en est-il de la Fiat 500 électrique ? Quelle est votre vision globale de la voiture électrique ?
AF.
Nous travaillons avec nos collègues de Chrysler sur ce sujet, notamment sur la 500 Electrique. Mais le but n’est pas tant de développer une 500 EV, mais de trouver comment rendre cette technologie accessible et fonctionnelle. Bien sûr, je parle ici de batteries, d’autonomie. Nous pensons qu’il faut d’abord répondre à ces attentes fondamentales avant d’aller sur le marché. Cela correspond à la philosophie Fiat : mettre sur le marché des véhicules qui apportent des solutions accessibles immédiatement. Nous préférons concentrer nos ressources sur des solutions à court terme qui procurent un bénéfice à tous les clients. Par ailleurs, pour conclure avec l’électrique, quand vous parlez de nouvelles technologies, vous devez également penser à de nouvelles infrastructures. Nous avons une vraie expérience avec le développement du GNV et je peux vous garantir que les infrastructures sont une part très importante de l’équation.

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