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Constructeurs

La voie royale pour Porsche

Publié le 9 novembre 2007

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Comme attendu, la Cour Européenne de Justice a condamné l'Allemagne pour sa "loi Volkswagen". Porsche applaudit. Les syndicats pas du tout. Les recommandations de l'avocat général ont été suivies. En effet, l'Allemagne a été condamnée le 23...

...octobre dernier pour sa "loi Volkswagen". Après 47 années, cette loi, dont certaines dispositions ont été considérées par les juges de Luxembourg comme des "golden shares", c'est-à-dire conférant des droits particuliers aux pouvoirs publics dans une entreprise, va devoir évoluer, voire être abrogée. L'interdiction à tout actionnaire de détenir plus de 20 % des droits de vote, quand bien même sa part serait plus importante dans le capital, ne sera donc plus d'actualité d'ici quelques mois. En effet, le ministère de la Justice allemand a d'ores et déjà déclaré qu'il allait mettre la législation en conformité. Un porte-parole du ministère a déclaré qu'il fallait compter 6 mois normalement pour faire passer une loi mais que "dans ce cas particulier, cela pourrait être moins que cela." Il a également tenu à préciser que dès maintenant, "Volkswagen doit se comporter comme si la loi n'existait plus." Porsche qui détient déjà 31 % du capital, mais qui voyait son influence minorée du fait de cette loi, a forcement très bien accueilli la décision de la cour. La seule inconnue au sujet de Porsche est la date à laquelle il va exercer ses options (JA N° 1013 du 14/09/2007) afin d'augmenter sa part dans le capital de Volkswagen et ainsi en prendre le contrôle. Le constructeur de Stuttgart ne serait pas pressé par le temps, indique le magazine allemand Focus, notamment du fait du cours élevé de l'action Volkswagen. Puis, le groupe de Wolfsburg n'est pas réellement exposé compte tenu des participations actuelles de Porsche (31 %) et du Land de Basse-Saxe (20,3 %).

Réduire l'influence des syndicats

Porsche et Ferdinand Piech doivent donc avoir le sourire mais le syndicat IG Metall, déjà inquiet, est cette fois sur les dents ! "Il s'agit d'une mauvaise décision, commente un porte-parole du syndicat, privilégiant les intérêts des marchés financiers à ceux des salariés." De plus, Jürgen Peters, premier secrétaire d'IG Metall, entame une campagne de lobbying afin que le Gouvernement Fédéral rédige une nouvelle loi Volkswagen. Car selon lui, "la cour Européenne n'a pas déclaré contraire au droit Européen l'ensemble de la loi mais certaines dispositions s'apparentant à une golden share." Sans doute craint-il que le nouveau cadre ne réduise l'influence de la puissante centrale dans les décisions stratégiques du constructeur. D'autant, qu'entre IG Metall et Porsche l'entente ne semble pas cordiale. Wendelin Wiedeking avait prévenu, il y a quelques semaines, que si Porsche prenait le contrôle de Volkswagen il n'y aurait pas de "vaches sacrées" sur le terrain social. Le syndicat avait alors vivement réagi et brandi un conflit social. Depuis, les relations ne se sont pas améliorées, bien au contraire, puisque IG Metall (via le comité d'entreprise de Volkswagen) vient de perdre sa première bataille juridique. Le comité, soutenu par IG Metall, avait en effet attaqué le constructeur de Stuttgart devant le tribunal du travail de la ville afin d'empêcher son changement de statut juridique. Une fois devenu société européenne, Porsche pourrait, une fois Volkswagen intégré à cet ensemble, se limiter à une représentation salariale paritaire (3 par constructeur) dans le futur conseil de surveillance. Pour mémoire, Volkswagen emploie 324 000 personnes et Porsche 11 000 ! Le syndicat va poursuivre la procédure bien qu'elle ait échoué en référé. Pour cela, il doit attendre l'enregistrement effectif de la société européenne devant le tribunal de Commerce pour la contester.

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