La difficile équation des capacités de production

D'aucuns disent qu'il s'agit d'un problème de riche. Mais finalement cela reste un problème. De quel problème parle-t-on ? Des capacités de production insuffisantes qui peuvent éventuellement pénaliser commercialement une marque. C'est par exemple le cas de Skoda dont le patron, Bernhard Maier, a indiqué, durant la présentation des résultats financiers, que la marque "aurait pu vendre 100 000 voitures de plus si nous avions eu les capacités industrielles suffisantes."

Le taux d'utilisation des usines est primordial pour un constructeur mais l'équation est, et restera, complexe d'autant que dans le cas de Skoda des nouveautés importantes arrivent. En effet, il va falloir faire de la place au SUV Kamiq et à la berline Scala alors que les sites tchèques de la marque, Mlada Boleslav et Kvasiny, sont proches du maximum. Kvasiny a même dépassé les 300 000 unités pour la première fois en 2018.

Cela étant, d'ici l'été 2019, l'usine de Mlada Boleslav devrait retrouver un peu d'air avec l'entrée en fonction d'un nouvel atelier de peinture (241,5 millions d'euros d'investissement et 650 nouveaux postes) qui devrait améliorer la cadence. Le nombre de caisses peintes par jour va ainsi augmenter de 600 unités pour culminer à 2 700 unités. La marque va également produire des Karoq dans l'usine du groupe VW d'Osnabrück, au nord-ouest de l'Allemagne.

Mais pensant à l'avenir, Skoda, en concertation avec le groupe, devrait bientôt annoncer le lieu d'implantation d'une nouvelle usine (multimarque) dans un des pays de l'Est de l'Europe. Toutefois elle ne devrait pas être opérationnelle avant 2023. A cette date, ce site devrait accueillir le Skoda Karoq et le Seat Ateca alors que celui de Kvasiny fera notamment cohabiter les Skoda Kodiaq, Superb et VW Passat sur ses lignes. Dans tous les cas, cette augmentation des capacités de production est indispensable pour Skoda qui, rappelons-le, vise 2 millions de ventes dans le monde en 2025 contre 1,253 million en 2018 (+ 4,4 %).

Cette problématique tchèque pourrait-elle faire naitre, à court terme, des tensions chez Seat car l'Ateca, notamment, est aujourd'hui fabriqué dans l'usine de Kvasiny ? Il ne faudrait pas que la belle dynamique de la marque soit contrariée par un manque de produits. Luca de Meo, le patron de Seat, se veut rassurant. "Nous ne se sommes pas dans la même situation que Skoda", explique-t-il. Il y a certes des productions espagnoles chez Skoda (90 824 Ateca à Kvasiny et 10 151 Toledo à Mlada Boleslav en 2018), mais le tissu industriel de Seat s'appuie aussi sur le site VW de Palmela (19 588 Alhambra en 2018), celui de Bratislava (14 371 Mii) et, depuis fin 2018, sur l'usine de Wolfsburg qui fabrique le Tarraco (2660).

Puis la marque espagnole peut toujours compter sur son site emblématique de Martorell bien qu'il soit aujourd'hui utilisé à près de 90 % avec la fabrication des Arona, Ibiza, Leon et Audi A1. En 2018, la production y a atteint 474 300 véhicules, dont 390 699 Seat. Le taux d'utilisation est élevé mais avec des variations selon les lignes. Le président précise que la ligne 1 est proche du maximum, avec trois équipes et même les week-ends, mais il dispose encore de marge de manœuvre sur les lignes 2 et 3. D'ailleurs, preuve de cela, Luca de Meo vient d'annoncer que le premier modèle 100 % Cupra, le Formentor, serait bien produit sur le site espagnol.