La Chine aussi aime les SUV
C’est dans un parc des expositions flambant neuf et gigantesque que la 16e édition du salon de Shanghai a ouvert ses portes le 22 avril dernier. Une grand-messe devenue incontournable car la Chine est, et restera pour longtemps encore, le premier marché mondial. Rappelons qu’en 2014, il s’est immatriculé 19,7 millions de VP dans le pays et même plus de 23 millions si l’on ajoute les VUL et VI. La croissance n’a certes été “que” de 7 % l’année passée, mais aucun dirigeant n’y voit une inquiétude à avoir. Et les chiffres du premier trimestre viennent confirmer ce sentiment avec des chiffres en hausse de près de 12 %. Cependant, une telle croissance ne devrait pas durer sur l’ensemble de l’exercice pour se stabiliser aux alentours de 8 %. Un sentiment que partage Jochem Heizmann, membre du directoire de Volkswagen AG en charge de la Chine. Et le dirigeant compte bien en profiter pour consolider le leadership du groupe. En effet, après avoir vendu plus de 3,67 millions de véhicules dans le pays en 2014 (+ 12,4 %), l’exercice 2015 débute timidement avec une croissance de 2 %, soit 898 400 ventes sur le premier trimestre. Mais Jochem Heizmann voit aussi plus loin, à l’horizon 2019, quand le constructeur disposera d’une capacité industrielle de 5 millions par an. En effet, en plus des dix-huit usines actuelles, VW ouvrira trois nouveaux sites d’ici cette date : l’un à Changsha cette année, puis à Qingdao et Tjanjin en 2017 et 2018. Il a également insisté sur l’engagement du constructeur à être un fournisseur de mobilité durable dans ce pays où le défi de la pollution est de plus en plus prégnant. Au chapitre produits, cela se traduit notamment par une offensive hybride rechargeable et électrique avec la localisation de 15 nouveaux modèles. Ainsi, l’Audi A3 Sportback e-tron et la Golf GTE sont déjà dans les starting-blocks avant que n’arrive en 2016 l’A6L e-tron ou encore le Q7 e-tron, qui cachera une mécanique essence, contrairement à l’Europe où le gros SUV aux anneaux a choisi un bloc Diesel. Le groupe a de plus précisé que les SUV seraient aussi au cœur de sa croissance future qu’il va alimenter avec une enveloppe de 22 milliards d’investissements.
L’autre pays du SUV
Souvent présentée comme un marché de berlines tricorps – et c’était largement vrai –, la Chine, comme le reste de la planète, se convertit rapidement aux SUV. C’est en effet le segment qui a le plus progressé en 2014 avec 36 % de hausse. Et cela se confirme en 2015 avec une avancée de plus de 48 % au premier trimestre (voir encadré). Sans doute la raison qui a poussé Citroën à dévoiler son concept AirCross à Shanghai. Une nouvelle démonstration, très réussie, de l’univers Citroën actuel appliqué aux SUV. Un tel modèle deviendra-t-il une réalité commerciale ? Sans doute, a laissé entendre Carlos Tavares, le président de PSA, mais dans tous les cas des éléments de style qu’il inaugure se retrouveront sur les productions futures arborant les chevrons. Quant à Peugeot, le lion a profité du salon pour lever le voile sur sa technologie hybride rechargeable au travers d’une 308 R Hybrid développant 500 chevaux. Une autre arme future pour le Français, qui, comme en Europe, tire aussi le meilleur de ses crossovers 3008 et 2008 dans l’empire du Milieu. Mais l’actualité pour le Français était également l’annonce du développement avec Dongfeng, son partenaire chinois et actionnaire, d’une nouvelle plate-forme pour les véhicules des segments B et C-entry. L’investissement sera de 200 millions d’euros et permettra de faire baisser les coûts de 20 %, selon Carlos Tavares. A terme, cette plate-forme CMP, dérivée de l’EMP1, devrait représenter, annuellement, entre 1 et 1,5 million d’unités.
Top départ pour Renault
Une vague de SUV que ne veut pas manquer Renault. En effet, en plus de lancer le Captur en juin prochain, le défi du Français est le lancement du Kadjar en 2016 et sa production locale par la JV qu’il a créée avec Dongfeng. Et tout se passe bien dans cette dernière ligne droite. Jacques Daniel, président de Dongfeng Renault Automotive Company Limited, l’a confirmé : “Nous sommes dans les temps. Nous avons déjà fabriqué les premières voitures que nous avons envoyées dans divers pays pour les homologations.” Un Kadjar qui va marquer le vrai départ de l’aventure de Renault en Chine. Carlos Ghosn en a d’ailleurs dit plus sur les ambitions locales du losange : “Je pense que, dans un premier temps, il serait normal de dire qu’en Chine, nous visons une part de marché qui soit la part de marché moyenne du groupe sur le plan mondial. Donc, nous avons tablé comme référence 3,5 % (...) comme première étape. Mais 3,5 % d’un marché de 20 millions, c’est déjà 700 000 voitures.” Un chiffre qui nécessitera du temps et encore des investissements puisque l’usine Renault offre une capacité de 150 000 unités pour l’heure. De plus, la licence actuelle que les autorités chinoises ont délivrée au Français est encore assez restrictive. Il doit faire ses preuves.
Dans le prochain numéro du JA, le n° 1225 du 15 mai prochain, nous reviendrons sur ce salon de Shanghai avec notamment plus de détails sur l’implantation de Renault, les performances de PSA, mais aussi de Valeo avec Edouard de Pirey, président de Valeo China Group, ou encore l’interview de Philippe Dauger, le Monsieur Flottes, VO et après-vente du groupe Volkswagen en Chine. Trois secteurs d’activités essentiels en Europe, qui peinent encore à exister en Chine.
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Des SUV à tous les étages !
Si cela ne constitue nullement une surprise, force est de constater que le segment des SUV est celui qui connaît le plus fort taux de croissance sur le marché chinois. Au premier trimestre, les ventes de SUV ont ainsi progressé de 48,8 % par rapport à la même période de référence 2014, tandis que les ventes de VP se limitaient à une croissance de 9 %. Dans le même temps, les livraisons de berlines, segment dominant du marché, ralentissaient significativement. Dès lors, le segment des SUV était sur les feux de la rampe lors du Salon de Shanghai. Ford présentait le nouvel Edge, dont la production a débuté en mars en Chine, et l’Everest, fabriqué via la coentreprise avec JMC, mais aussi les MKC et MKX pour la marque Premium Lincoln. GM dévoilait le Buick Envision 20T qui élargit son offre en plus de l’Envision 28T lancé en octobre 2014. Outre un concept, Honda mettait en avant le nouveau CR-V quand Nissan présentait le Dongfeng Fengdu MX6, pendant du X-Trail, sans oublier, au sein du groupe, le lancement de l’Infiniti QX50. En outre, Citroën levait le voile sur son concept de SUV Aircross et Mercedes-Benz donnait le top départ pour le GLC. Selon IHS Automotive, si la croissance du segment des SUV va ralentir en Chine, elle restera cependant très robuste ces trois prochaines années. Sur 2015, la progression de la production de SUV devrait s’établir à 22,5 %, contre 36,7 % l’an passé. En 2016 et 2017, le taux de croissance restera à deux chiffres pour atteindre un total de 6,6 millions d’unités en 2017. En 2018, cette croissance devrait se modérer, revenant à un chiffre, pour un total légèrement supérieur à 7 millions d’unités produites. A.G.
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FOCUS - Les berlines ont eu leur revanche au salon de New York
Le segment des berlines, notamment de gamme moyenne, est sans doute l’un des plus concurrentiels sur le marché américain. Justement, cette silhouette, souvent éclipsée par la vogue des SUV et le gant de fer des pick-up, était sur le devant de la scène lors du dernier salon de New York, les principales nouveautés se concentrant sur ce territoire. Cadillac présentait la CT6, son nouveau vaisseau-amiral qui aura une importance capitale pour la marque en Chine. De son côté, Lincoln dévoilait aussi sa nouvelle MKS, tandis que Jaguar mettait en exergue une XF largement restylée, dont le potentiel de ventes est estimé à quelque 9 000 unités par an aux Etats-Unis. Dans un registre moins Premium, Chevrolet lançait la nouvelle Malibu, Nissan la nouvelle Maxima et Kia la nouvelle Optima. Sans oublier la tentative de retour en grâce de Scion, en perdition ces dernières années. En 2014, le segment des berlines de taille moyenne a représenté 2,3 millions de ventes aux Etats-Unis et selon les analystes d’IHS Automotive, il devrait se maintenir à un volume de 2,4 millions d’unités d’ici 2021. A court terme, malgré le lancement de plusieurs nouveautés, IHS ne prévoit aucun changement majeur dans la répartition des parts de marché entre les principaux constructeurs. A.G.
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