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Constructeurs

Harley-Davidson répond le premier aux taxes européennes

Publié le 26 juin 2018

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
La célèbre marque américaine vient d'annoncer que ses motos vendues en Europe ne seraient plus produites aux Etats-Unis afin d'éviter 31 % de droits de douane. Voilà l'une des premières conséquences de la guerre commerciale initiée par Donald Trump.
Les droits de douane européens pour les Harley-Davidson produites aux Etats-Unis sont passés de 6 à 31 %.

 

En février 2017, Harley-Davidson, véritable symbole de "l'american way of life", avait été invité à la Maison Blanche par son nouveau locataire pour illustrer la stratégie industrielle de "l'America First" de Donald Trump. Ce dernier avait alors salué "ce fleuron américain" et exprimé sa confiance dans le fait que la compagnie allait augmenter sa capacité industrielle sur le territoire américain.

 

Seize mois et une guerre commerciale plus tard, Harley-Davidson vient d'annoncer qu'il allait alimenter le marché européen avec des motos non produites aux Etats-Unis afin d'éviter les nouveaux droits de douane mis en place. Il faut dire qu'en réponse à ceux mis en place par le Président américain, l'UE a fait passer, entre autres, de 6 à 31 % les taxes sur les motos américaines. Le prix d'une Harley grimpe ainsi au moins de 2 200 euros.

 

Harley-Davidson, qui ne veut pas répercuter l'augmentation des droits de douane sur ses clients au risque de faire plonger ses ventes européennes et de "menacer la viabilité des concessionnaires", a donc annoncé qu'il allait déplacer une partie de sa production. Le célèbre fabricant de motos dispose d'autres usines au Brésil, en Inde, en Australie et une en cours de construction en Thaïlande pour alimenter l'Europe. Il n'a toutefois pas spécifié dans laquelle de ses autres usines il allait transférer sa production ni si cela allait entraîner des réductions d'emplois sur le sol américain. Ce transfert à l'étranger devrait toutefois demander neuf à dix-huit mois.

 

Une décision dictée par l'importance du marché européen pour Harley. Notre continent représente environ 40 000 ventes, en faisant le deuxième marché de la marque après les Etats-Unis. Il ne peut donc pas s'en passer d'autant qu'elle a besoin des exportations car ses ventes aux US ont baissé de 8,5 % l'an dernier. Dans le monde, Harley a écoulé 242 788 motos en 2017, contre 260 289 l'année précédente (-6,7 %), et ne prévoit d'en vendre que 231 000 à 236 000 cette année, soit un nouveau recul compris entre 3 et 5 %, selon les derniers chiffres donnés par l'entreprise en mars, avant l'instauration des droits de douanes. Et la tendance n'est pas meilleure en 2018. Durant le premier trimestre, les ventes sont en chute de 12 % aux Etats-Unis alors qu'elles ont progressé de 7 % sur les marchés européens, du Moyen-Orient et d'Afrique.

 

Tout ceci aura naturellement une influence sur les comptes. La compagnie prévoit que le coût immédiat des tarifs ainsi que les investissements liés au transfert de production affectent les comptes de l'entreprise à hauteur de 30 à 45 millions de dollars pour la fin de l'année 2018. Sur un exercice entier, le coût se montera à entre 90 et 100 millions de dollars.

 

"Voilà une nouvelle preuve des dommages entraînés par l'application unilatérale de taxes. La meilleure façon d'aider les travailleurs et producteurs américains est de leur ouvrir de nouveaux marchés et pas d'imposer de nouvelles barrières sur leurs propres marchés", a dit Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, mais aussi élu et natif du Wisconsin où est situé le siège de Harley-Davidson.

 

Donald Trump a logiquement réagi à cette annonce. Il s'est dit "surpris" que, "de toutes les entreprises américaines", Harley-Davidson soit "la première à agiter le drapeau blanc". "J'ai bataillé dur pour eux et au bout du compte ils ne paieront pas de droits de douane vers l'Europe (...) Les taxes douanières ne sont qu'un prétexte. Soyez patients", a ajouté le <président américain sur Twitter. Cette relative déconvenue pour l'homme fort des Etats-Unis va-t-elle le pousser à revoir ses positions ou à enfoncer le clou en mettant sa menace de taxation de 20 % des véhicules importés à exécution ? Dans les deux cas, sa décision ne devrait pas tarder. (Avec AFP)

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