Giulietta ou le nouveau génome Alfa
En juin 2008, lors du lancement de la MiTo, Luca de Meo, alors patron d'Alfa, évoquait ce fameux 24 juin 2010 : "A cette date, Alfa Romeo aura retrouvé ses lettres de noblesse". Il avait en effet choisi ce symbole, ce 100e anniversaire, comme échéance de son plan de relance. Alfa a-t-elle effectivement retrouvé ses lettres de noblesse ? Déjà, concernant les ventes, la marque milanaise va mieux, grâce principalement à la MiTo, et le travail sur son image de marque, avec notamment la 8C, a payé. Cependant, la crise et l'arrivée de Chrysler dans le giron du groupe Fiat ont perturbé le bon déroulement des choses. En fait, la suite du plan de relance Alfa va s'échelonner jusqu'en 2014 avec 9 nouveautés, dont un nouveau Spider mais aussi et surtout, malheureusement peut-être trop tard, deux SUV (un compact et un large) que le concept Kamal avait annoncé en 2003. 8 ans déjà ! Toutefois, ce "retard" peut être vu comme un mal pour un bien puisque, en plus de réellement assurer le retour d'Alfa en Amérique du Nord, industriellement, la toute nouvelle plate-forme de la Giulietta (le seul élément commun avec la 147 étant une tôle de plancher) sera prochainement reprise par les compactes du groupe avec son nouveau périmètre. A terme, la production annuelle sur cette base atteindra 1 million d'unités. Mais revenons sur la Giulietta qui, pour l'heure, a la mission de conquérir l'Europe en s'appuyant sur l'excellent travail initié par la 147.
De l'émotionnel…
Pour cette 3e génération de Giulietta (voir encadré), Alfa n'a pas fait les choses à moitié et affiche clairement sa volonté de perturber la marche assez tranquille des compactes installées comme la Golf. Et pour ce faire, l'italienne ne manque pas d'atouts. Pour Patrick Deschamps, directeur Alfa Romeo France, la Giulietta est "un véhicule que nous positionnons, de notre point de vue, comme une véritable alternative, crédible, sérieuse, à ce qui se fait de mieux sur le marché des compactes. Elle va apporter sur le plan émotionnel tout ce qu'une Alfa bien née se doit d'apporter, tout en répondant très sérieusement au cahier des charges plutôt rationnel de cet univers en termes d'habitabilité, de fonctionnalité, de praticité et de confort." En chiffres, cela se traduit, à terme, par un objectif de plus de 10 000 unités par an. En effet, Alfa France veut battre le record établi par la 147 en 2002. Et cette dernière va jouer un grand rôle, dans la fidélisation, puisque la marque peut s'appuyer sur un parc roulant de plus de 60 000 unités ainsi que sur un parc d'Alfa de plus de 5 ans du même ordre. Et ces Alfistes ne devraient pas être déçus puisque cette Giulietta ne déroge pas à l'ADN maison. Le design est à la hauteur de l'attente suscitée pour cette nouvelle berline. Bien qu'élément subjectif par excellence, le coup de crayon est ici réussi, remplissant parfaitement le rôle émotionnel qui lui est dévolu. Sous des traits modernes, de nombreux rappels du passé sont visibles, comme un clin d'œil à la Giulia pour la planche de bord ou, plus proche de nous, les commandes de la climatisation inspirées de la 8C. Mais pour être honnête, il s'agit là d'une demi-surprise car le design n'a jamais été le problème majeur des Alfa. Ni les mécaniques d'ailleurs et cela va continuer ici avec une gamme de moteurs faisant appel à tous les derniers raffinements techniques du groupe avec, en tête, une généralisation du Stop & Start, le MultiAir pour les blocs essence et le Multijet II pour les Diesel, qui permettent d'atteindre de bons niveaux de consommations et de rejets de CO2. Ainsi le 1.6 JTDm 105, le cœur des ventes en France, est annoncé pour 3,7 l aux 100 km et 114 g de CO2/km. Le 2.0 JTDm et ses 170 ch se limitent à 4,1 l pour 124 g/km. Le meilleur pour la fin avec les blocs essence qui offrent un bien meilleur agrément. Le petit 1.4 TB MultiAir, offrant lui aussi 170 ch, affiche un cycle mixte de 4,6 l pour 134 g de CO2/km. Comme la MiTo MultiAir 135 ch aujourd'hui, les Giulietta 170 ch, en Diesel comme essence, vont également bénéficier de la nouvelle boîte double embrayage. Baptisée TCT (Twin Clutch Technology), cette boîte "à sec", comme la DSG7 du groupe Volkswagen, cache en fait 6 rapports et permet d'améliorer le rendement. Ainsi la MiTo MultiAir 135 ch voit sa consommation baisser de 0,1 l et ses émissions de CO2 reculer de 129 à 126 g/km. Enfin comment évoquer Alfa sans les appellations Quadrifoglio Verde et GTA. Si pour cette dernière rien d'officiel, pour la Quadrifoglio Verde, Alfa a d'ores et déjà annoncé qu'elle serait équipée du 1 750 TBi développant 235 ch.
...sans oublier le rationnel
Aussi importants soient-ils, le design et les mécaniques ne suffisent pas pour séduire et gagner des parts de marché. Même si la sécurité, tant active que passive, semble aujourd'hui un élément acquis, notons que la Giulietta a fait une entrée remarquée sur les tablettes de l'Euro NCAP avec 5 étoiles mais surtout avec la meilleure note, depuis la mise en place de nouvelles règles, avec 87 sur 100. Puis il ne faut pas oublier des éléments plus rationnels comme l'habitabilité, la fonctionnalité, la praticité et le confort, chers à Alfa pour cette nouvelle Giulietta. Si certains manquaient à la 147, ce n'est pas le cas ici. Le constructeur a, après un benchmark très germanique, tenté de répondre point par point au cahier des charges du segment C. Les clients jugeront sur pièces mais il faut reconnaître que les progrès sont réels.
La Giulietta va ainsi évoluer sur le segment C, certes chahuté aujourd'hui avec les primes et aides poussant vers de petites voitures, qui représente encore 18 % du marché français. En effet, en 2009, plus de 350 000 véhicules de cette catégorie ont été immatriculés. Les particuliers sont évidemment une cible de choix mais les entreprises prennent de plus en plus d'importance. Et Alfa affirme qu'elles auront un rôle déterminant dans le succès ou non du modèle. TCO, valeurs résiduelles, etc. Alfa Romeo a tout optimisé pour séduire cette clientèle.
La Giulietta en bref • Date de lancement : 4 juin * Estimation JA |
FOCUSLa Giulietta Celle que l'on a longtemps appelée Milano est finalement apparue en Giulietta. Une appellation mythique chez Alfa Romeo, puisque la première génération baptisée ainsi a été la première véritable Alfa Romeo fabriquée en grande série. En effet, de 1954 à 1962, plus de 180 000 exemplaires de la Giulietta et de ses dérivés seront produits. La 2e génération, moins attrayante, atteindra tout de même 380 000 unités entre 1977 et 1985. Aujourd'hui la donne a changé et les ambitions aussi puisqu'Alfa Romeo souhaite écouler 100 000 unités par an de sa nouvelle berline compacte. |
ZOOMAlfa a 100 ans ! C'est le 24 juin 1910 que la filiale du constructeur français Darracq, installée à Milan depuis 1907, devient la société Alfa. Puis Alfa deviendra Alfa Romeo en 1915 lorsque Nicola Roméo entre dans l'entreprise. Un nouveau centenaire à fêter en 2015 ! Dans un premier temps, Alfa Romeo s'était surtout tournée vers la compétition et les véhicules de luxe, expliquant ainsi la faible production entre 1910 et 1939. En effet, seulement 10 000 Alfa furent construites. A fin 2009, la marque en totalisait 7,7 millions. Avec la décennie 50, et notamment la Giulietta, Alfa commence à produire en grande série. La première vraie grande série sera l'Alfa 1900 dès 1950. Durant les années 60 et jusqu'en 1978, la Giulia et ses déclinaisons vont connaître un grand succès totalisant 572 000 ventes. En 1970, la Montréal marquera les esprits tout comme l'AlfaSud qui, à partir de 1971, sera produite à plus de 900 000 exemplaires. Dans la foulée, en 1983, l'Alfa 33 prend le relais et dépasse le million. En 1986, le groupe Fiat reprend la totalité d'Alfa Romeo et jusqu'à la fin de la décennie 90, les 145, 146 ou le GTV ne vont pas permettre à Alfa de briller. Il faut attendre 1998 et la 156 pour parler d'un vrai nouveau départ. La 147 débarquera en 2001, avec pour elle aussi, le titre de voiture de l'année. |
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