Gilles Michel, Directeur Général de Citroën : Nous devrons nous adapter aux attentes des différentes clientèles

...doit également le faire.

Journal de l'Automobile. Un commentaire sur les résultats de Citroën depuis le début de l'année. Etes-vous en phase avec vos objectifs ?
Gilles Michel. Les premiers huit mois de l'année sont positifs. Citroën progresse en Europe de 0,2 % en part de marché. Et chaque dixième se gagne difficilement. Nous restons leader en Espagne, pour la deuxième année, puis en France nous sommes la marque qui progresse le plus sur un marché stable. Il faut voir là le résultat de notre offre produits avec notamment le lancement du nouveau C4 Picasso qui est une réussite. Les résultats sont également très bons en Amérique du Sud où la dynamique du groupe était déjà porteuse sur des marchés en croissance comme au Brésil avec + 25 % et + 28 % en Argentine. Nous profitons pleinement de cette croissance avec notamment le très bon lancement de la C4 tricorps, baptisée C4 Palace sur ces marchés. En revanche la dynamique est moins bonne en Chine.

JA. Pour quelles raisons ?
gm. Principalement pour deux raisons. D'abord, notre offre produits n'est qu'en partie renouvelée et le marché chinois demande un rythme plus élevé. Nous devons remplacer la gamme traditionnelle ZX qui a vieilli et se vend moins bien. Ensuite, le réseau, qui compte 230 points de vente, n'était pas très efficace, comme l'équipe commerciale qui l'animait. Nous avons donc réorganisé assez fortement cette partie commerciale. Cet investissement réalisé en début d'année ne porte pas encore ses fruits mais nous n'avons aucune inquiétude sur la stratégie ou la présence de Citroën en Chine.

JA. En quoi va consister le travail sur le réseau qu'a évoqué Christian Streiff ?
gm. Dans notre perspective de croissance basée sur une dynamique produits puissante et diversifiée, nous allons nous adresser à des clientèles différentes. Tout cela demande une adaptation de la stratégie marketing et commerciale mais implique également une évolution de la distribution. Par exemple, les clients de véhicules plus distinctifs, imaginons une C5 Airscape, en supposant qu'elle vienne étoffer notre gamme, n'ont pas forcément les mêmes attentes. Nous devrons nous adapter ainsi que le réseau aux attentes des différentes clientèles. Nous pouvons imaginer des points de vente dédiés, des sites de vente plus spécialisés, une offre entreprise et pourquoi pas une offre VUL. Nous allons faire évoluer notre réseau de distribution dans ce sens-là. Et nous devrons montrer l'exemple avec notre propre réseau.

JA. Vous venez d'évoquer la C5 Airscape. Faut-il y voir la future C5 ?
gm. Le concept C5 Airscape est d'abord l'interprétation par Citroën d'un bel objet automobile. J'ai avalisé ce projet pour montrer à tous que nous avons la capacité et la légitimité pour l'exécuter. Un cabriolet qui possède à la fois l'élégance et le raffinement tout en offrant une performance environnementale de premier ordre avec un moteur hybride sous le capot. Nous l'avons effectivement réalisé sur une base qui donne les codes et des indications sur la future C5.

JA. Quelle est votre démarche avec le concept C-Cactus ?
gm. Avec le C-Cactus, la question est tout à fait autre et très passionnante. Notre but a été d'offrir une nouvelle vision de l'automobile, recentrée sur l'essentiel. Voici l'équation : faire une berline très performante sur le plan environnemental, attractive et même ludique, séduisante, le tout au coût d'une berline d'entrée de gamme. En raisonnant avec la méthode habituelle résoudre une telle équation est impossible. Nous avons décidé de ne conserver que les éléments essentiels au confort, à la sécurité et à la prestation client. Ainsi la planche de bord a disparu du concept. Mais à l'inverse, la climatisation est apparue comme indispensable. Du fait de sa présence, des vitres classiques n'étaient plus nécessaires, nous permettant de supprimer également leur mécanisme ainsi que les moteurs électriques. Une nouvelle définition qui nous a permis de repenser la portière toute entière maintenant composée d'un sandwich de trois feuilles collées. Les économies sont ainsi nombreuses. Voilà le C-Cactus.

JA. Pensez-vous que cette vision puisse avoir une application à moyen terme ?
gm. Je crois profondément qu'en la montrant de cette manière, nous mettons en évidence des pistes très porteuses. Il y a le potentiel, pour qui, demain, serait capable de proposer une voiture dans cet esprit. Le Salon est l'occasion idéale pour tester ce projet et valider certaines de nos idées.