Entretien avec Nicolas Wertans, président de BMW Group France
...Journal de l'Automobile. La marque BMW affiche une croissance de près de 22 % en 2007. Comment l'expliquez-vous ?
Nicolas Wertans. En préambule, l'année 2007 a été une excellente année pour le groupe BMW. En plus de la croissance de 22 % de BMW, il faut également souligner la croissance assez exceptionnelle de Mini. Qui plus est dans un respect de qualité. J'entends par là qu'il n'y a pas eu d'agressivité excessive, ni de notre part ni de celle de nos concurrents. Il y a eu une joute commerciale, naturelle dans le contexte de concurrence, mais nous n'avons pas usé d'arguments excessifs notamment par rapport aux années précédentes. Notre croissance a été qualitative au même titre que celle du réseau. Toutefois, nous regardons ces résultats sans autosatisfaction ni arrogance aucune car nous savons trop bien que d'une année à l'autre les choses peuvent changer. Toutefois, il s'agit là d'un bon bilan qui doit nous donner de l'élan et de la confiance pour les années à venir et en particulier pour l'année 2008. D'autant que le segment Premium est porteur.
JA. Qu'en est-il de la réorganisation de votre réseau ?
nw. La réorganisation est un processus continu. D'ailleurs, votre rubrique "Mouvements des réseaux" en témoigne. Nous avons une stratégie très claire en la matière dans laquelle nous souhaitons emmener ceux qui y adhèrent et y associent les moyens humains et financiers.
Nous souhaitons renforcer l'environnement des marques de façon spécifique pour BMW et Mini de telle sorte que chaque client, qui est dans la plupart des cas assez différent, retrouve les valeurs, la culture et l'environnement qu'il attend.
JA. Dans cette logique le réseau Mini va-t-il devenir plus exclusif ?
nw. Il est évident que la marque Mini va aller, assez rapidement, vers plus d'exclusivité. Avec plus de 16 000 unités en 2007, Mini prend un véritable envol commercial. La marque représente plus d'immatriculations que Honda, Mazda, Volvo, Smart ou Alfa Romeo.
Pour autant, le réseau Mini ne va pas devenir exclusif. Les showrooms pourront se jouxter, mais il faudra que le client perçoive immédiatement l'identité de la marque. Nous ne souhaitons pas qu'un client entre d'abord chez BMW pour accéder à Mini car il y aurait une confusion qui serait probablement néfaste à la perception de chacune des marques. Le client trouvera un personnel et un environnement dédiés à sa marque.
JA. En 2007, vous souhaitiez "rattraper" la croissance mondiale de BMW. Qu'en sera-t-il en 2008 ?
nw. 2007 a été une année exceptionnelle de croissance. Il est possible, malheureusement, qu'elle ne se répète pas chaque année. Cependant, continuer de croître sur le marché français est toujours à l'ordre du jour car le Premium restera orienté à la hausse puis nous allons tenter de gagner des parts de marché sur la concurrence. Voilà un objectif clair pour les marques du groupe BMW en France. Il est également valable pour Motorrad.
JA. Quelles pourraient être les conséquences du Grenelle sur votre activité et le marché d'une manière générale ?
nw. Il y a de multiples conséquences. La première sera une re-segmentation du marché. Des clients se tourneront sûrement vers le modèle inférieur dans la gamme au moment du renouvellement. Par exemple passer d'une Peugeot 607 à une 407. Ensuite, au sein d'un même segment, le client peut descendre en motorisation. Par exemple choisir une 525d au lieu d'une 530d car les taxes imputables au CO2 seront moins élevées. L'effet sur le marché global est en revanche plus difficile à anticiper, aussi bien dans un sens que dans l'autre. Mais l'effet le plus important et le plus intéressant est le positionnement relatif des différents concurrents. En considérant BMW face à ses concurrents principaux, nous pensons raisonnablement et modestement que nous sommes plutôt bien armés avec notamment la technologie EfficientDynamics aujourd'hui déclinée sur pratiquement toute la gamme. Une position qui nous permettra probablement de gagner un certain nombre de parts de marché sur des cibles de clients qui sont particulièrement sensibles au Bonus-Malus mais aussi à la TVTS. Il ne faut pas oublier que beaucoup de nos véhicules sont également impactés par un Bonus : 700 e pour une 118d ou 200 e pour une 318d. Pour les clients particuliers, il faut attendre quelques semaines pour connaître leurs réactions.
JA. L'automobile a donc un bel avenir ?
nw. Elle doit continuer à faire rêver, par le produit, et BMW sur ce point ne sera pas en reste avec de nombreux lancements déjà annoncés pour l'année 2008, tels le X6 ou la Série 1 cabriolet. L'automobile doit rester synonyme de liberté, de plaisir et non une contrainte fiscale pour les foyers français. Là, ce serait une catastrophe.
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