Entretien avec Jean-Marc Nicolle, directeur stratégie et produit du groupe PSA : "Son parcours professionnel est un exemple".

...extérieur idéal pour parler de l'homme. "Georges Douin, grand dirigeant de Renault, est en contact avec PSA depuis de nombreuses années, bien avant que je ne le rencontre moi-même. C'était en 1995, se souvient-il, lorsque j'ai pris en charge la direction des plans et des produits de PSA." Depuis, les deux hommes se voient une fois par mois lors de rencontres où les échanges portent sur les coopérations de leurs deux groupes respectifs (vie courante, orientations de dossiers, difficultés…). Des échanges que Jean-Marc Nicolle qualifie de toujours "très constructifs". Qui plus est, Georges Douin est un homme discret, qui ne se met jamais en avant dans un projet, quel qu'il soit. "Il ne se présentera jamais comme le créateur du projet, indique le directeur de la stratégie et produit groupe PSA. En revanche, il est à l'initiative de nombre d'entre eux. Je crois ce qui se dit sur le fait qu'il est à l'origine des grands axes stratégiques de Renault. Je l'imagine acteur, mais surtout initiateur dans les approches du groupe. Bien sûr, je suis persuadé que le président de Renault reste l'initiateur originel, mais Georges Douin a toujours été très proche des dossiers. Il a une excellente vision du futur et de l'environnement dans lequel se placera notre métier. Et je crois, du moins je le ressens ainsi, qu'il a une excellente vision de ce que Renault doit faire pour son avenir. Je sais qu'il a été un farouche défenseur de sa marque, en tant que constructeur automobile français, aux côtés de PSA Peugeot-Citroën. Nous apprécions énormément l'état d'esprit qui règne et qui fait que deux concurrents acharnés peuvent se rencontrer ainsi tous les mois. Le fait d'être concurrents ne doit pas nous empêcher d'avoir des coopérations, et Georges Douin s'est toujours montré ouvert sur ce point." Ces dernières peuvent ainsi porter sur des sujets techniques, comme les boîtes de vitesses ou les moteurs… ou bien sur des coopérations industrielles, avec des investissements et des développements conjoints. Il y a également des thèmes de réflexions communs avec d'autres organismes, comme le LAB ou le groupement scientifique sur les calculs de combustion… "Depuis dix ans, nous essayons, pour éviter les blocages, de trouver un terrain d'entente sur ces thèmes. Nous mettons en commun tous nos moyens pour faire avancer des points de recherche fondamentale comme la sécurité. Voilà, entre autres, ce que nous partageons tous les mois."

Deux stratégies différentes, une vision commune de l'automobile

La stratégie de Renault est basée sur la croissance externe, marquée par des opérations dans lesquelles Georges Douin a eu un rôle précis. Jean-Marc Nicolle évoque l'affaire Volvo et se réfère ensuite à l'Alliance avec Nissan. La stratégie de PSA est tout autre : "En effet, nous avions une fusion à réussir, celle de Peugeot, Citroën et de Chrysler Europe, donc nous n'avions pas la même vision. En revanche, nous partageons la même vision quant à l'évolution du monde de l'automobile et le rôle du constructeur par rapport aux problèmes actuels tels que la réduction de la consommation de carburant, l'effet de serre, la sécurité routière… Nous convergeons tout à fait vers ces nécessaires évolutions." Sa nomination en tant qu'Homme de l'Année par le Journal de l'Automobile est à son goût tardive. "Naturelle, mais tardive", précise-t-il. "Cette annonce ne m'a pas surpris, compte tenu de la réussite de la stratégie du groupe et notamment de l'Alliance dans laquelle Georges Douin est impliqué depuis le début… Il était temps", lance Jean-Marc Nicolle en souriant. Et d'ajouter que son parcours professionnel est un exemple : "Il a toujours été dans l'univers automobile, son expérience est remarquable sur bien des points, et cela a très certainement servi Renault dans ses choix stratégiques." Jean-Marc Nicolle estime en effet qu'il faut des hommes avec un tel parcours car le métier de l'automobile requiert des savoir-faire qui ne s'apprennent pas dans les écoles. "Il vient d'une école prestigieuse, certes, mais je pense qu'il a bien plus appris avec les missions accomplies au sein de Renault. Sa place n'est pas due au hasard."