Entretien avec Jean-Claude Debard, président de Hyundai France.
...Explications.
Journal de l'Automobile. Comment se porte Hyundai ?
Jean-Claude Debard. La marque va bien. En France, nous allons atteindre l'objectif des 30 000 véhicules vendus en 2006 (40 % avec les SUV Tucson et Santa Fe, le reste se départageant entre la Getz et la série des monospaces). Hyundai manquait peut-être de style mais il l'a trouvé avec la nouvelle version du Santa Fe. Ce dernier est d'ailleurs la résultante d'une enquête européenne qui révèle qu'aujourd'hui, les clients veulent avant tout des véhicules mieux équipés, plus pratiques et conviviaux. Le coréen a prouvé qu'il était à son meilleur niveau en termes de qualité. Sur ce point, une récente enquête de JD Power aux Etats-Unis a même indiqué que les clients plaçaient Hyundai juste derrière Toyota et Porsche. Nous n'avons plus de problème de crédibilité non plus, car nous sommes un des rares à être à l'écoute du client final. Hyundai n'est plus une alternative au VO mais un véritable constructeur généraliste.
JA. Alors comment expliquez-vous votre baisse de 4 % sur les 8 derniers mois en France ?
J-CD. Il s'agit tout simplement d'une baisse conjoncturelle due à l'arrêt de la commercialisation de plusieurs modèles : l'Accent, l'Elentra, l'Atos, le coupé actuel qui est en fin de vie, sans oublier le monospace Trajet. En revanche, nos autres modèles sont en pleine évolution, comme le Tucson et le nouveau Santa Fe. La Getz fonctionne également bien même si elle mérite mieux. Il faut dire que les promotions de nos concurrents français sur le segment B sont agressives. Renault propose une remise de 1 800 euros pour sa Modus, par exemple ! Jusqu'où iront-ils ?
JA. Quelles sont vos nouveautés sur le Salon cette année ?
J-CD. Nous présentons l'Azera, une berline qui sort du registre habituel de la marque coréenne. Son style est très européen et dans l'air du temps. Son prix est de 39 000 euros toute équipée. Je la compare avec la Série 5 ou bien la 607. Nous présentons également en avant-première l'Arnejs, un concept entièrement designé par le centre européen et qui préfigure ce que sera la marque demain.
JA. Croyez-vous au développement des véhicules fonctionnant au bio-éthanol ?
J-CD. Je ne pense pas qu'à l'utilisation, le coût soit moindre qu'avec un carburant normal. Je crois beaucoup plus à des motorisations hybrides Diesel, électriques ou hydrogènes. Des procédés beaucoup plus modernes que le recyclage de la betterave, que nos amis agriculteurs m'excusent par avance. Je pense qu'il serait plus utile d'étendre le bio-éthanol pour des véhicules de transport urbains et collectifs. Je trouve scandaleux, par exemple, que les autobus roulent encore au pétrole. Ce sont eux qui polluent les villes…
JA. Comment expliquez-vous le flop du GPL en France ?
J-CD. Le lobbying pétrolier est extrêmement fort en France et la presse a su monter en épingle les quelques accidents qui sont survenus. La peur a paralysé les gens et aujourd'hui le marché de l'occasion pour ces véhicules est dramatiquement inexistant. Enfin, le système n'a pas fonctionné en dépit des incitations gouvernementales. En Corée, il y a une vraie volonté de développer des véhicules au gaz. A Séoul par exemple, 100 % des taxis roulent ainsi sinon le chauffeur n'obtient pas sa licence de conduite professionnelle.
JA. Vous avez choisi un style de communication plutôt original. Pourquoi ?
J-CD. Lorsqu'une marque réalise 1,5 point du marché, elle n'arrive pas en terrain conquis. En tant que challenger, je peux me permettre d'être impertinent et provocateur dans ma communication. De plus, chacun dans ce domaine tente de trouver son territoire. Pas question de sortir mes griffes sinon je pénètre chez Peugeot. Je ne peux pas non plus vendre des "voitures à vivre", c'est déjà pris. En revanche, mes produits sont différents, étonnants et provocants. Il faut donc jouer cette carte de la provocation, c'est le seul moyen de se faire entendre. Mon objectif est de convaincre le client d'acheter un SUV ou un 4x4 Hyundai pour le prix d'une berline chez les autres.
JA. Pour conclure, pouvez-vous nous parler de votre partenariat sportif avec la Fifa ?
J-CD. Il s'agit d'un partenariat planétaire. Nous avons à nouveau signé pour la Coupe d'Europe 2008 et la Coupe du Monde 2010, au nez et à la barbe des constructeurs mondiaux également en lice. Ils en rêvaient, nous l'avons fait ! Vous savez, le ticket d'entrée des partenaires dans cet événement est évalué à 45 millions d'euros. Cela peu paraître énorme, en réalité c'est peu, compte tenu des retombées médiatiques et de la notoriété acquise en peu de temps. Vous gagnez 4 points de notoriété en quelques semaines, lorsqu'il vous faut des mois voire des années pour arriver à un tel résultat en temps normal.
Propos recueillis par
Muriel Blancheton
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