Entretien avec Frédéric Saint-Geours, directeur général Peugeot
...et le départ de Jean-Martin Folz…
Journal de l'Automobile. Comment qualifierez-vous la performance de Peugeot jusqu'ici ?
Frédéric Saint-Geours. Nous sommes très contents du lancement de la 207. D'ailleurs, nous avons vendu plus de 207 que de 206 à l'époque de son lancement. De plus, aujourd'hui, le couple 206-207 est leader en Europe sur son segment. Nous sommes parfaitement en ligne avec nos objectifs, qui plus est avec un mix plus riche que prévu. Nous allons pouvoir montrer sur les derniers mois de l'année que nous sommes effectivement sur une croissance des volumes et de nos parts de marché en Europe. Pendant ce temps-là, notre croissance hors d'Europe continue d'être à deux chiffres. Nous sommes satisfaits. Alors c'est vrai que le début d'année a été plus difficile, puisque nous ne pouvions pas compter sur la 207 d'une part et que d'autre part, nous avions des stocks élevés que nous avons dû faire diminuer sur première partie de l'année.
JA. Pourquoi déjà une campagne de promotion sur la 207 ?
FS-G. Il s'agit seulement d'une offre de reprise tout à fait ponctuelle à l'occasion du Mondial. Une volonté de rappeler aux gens que la 207 est vraiment dans sa toute première jeunesse. Nous profitons simplement de l'écho du Salon. Et les résultats de septembre sont vraiment très bons.
JA. Vous venez de présenter une maquette de la 908, le projet Le Mans est-il dans les temps et quelles sont vos ambitions ?
FS-G. Nous sommes dans un calendrier extrêmement serré. Nous devrons être opérationnels en juin prochain tout en étant parti d'une feuille blanche. Cependant, nous respectons notre tableau de marche. La 908 présentée ici préfigure, à 90 %, la vraie voiture de course et le moteur va tourner au banc avant la fin du mois (NDLR : interview réalisée le 29 septembre). Quant à nos objectifs, nous sommes modestes car il y a tellement de choses à faire que l'édition 2007 sera une année d'apprentissage. Par contre en 2008, nous nous battrons vraiment pour gagner. Mais pour l'heure, le bon point est que nous respectons notre timing avec les résultats que l'on espérait en termes de puissance, d'aérodynamisme, etc. Nous sommes donc assez enthousiastes. En plus, la voiture est belle et j'ai la faiblesse de penser qu'une belle voiture doit être une voiture efficace.
JA. Le bio-éthanol E 85 est sur toutes les bouches. Etes-vous favorable à son développement ?
FS-G. Nous sommes extrêmement favorables aux biocarburants mais pas seulement pour demain. Dès aujourd'hui ! Pourquoi ? Car Peugeot a déjà des moteurs capables de fonctionner aux biocarburants. Tous nos moteurs Diesel peuvent accepter jusqu'à 30 % de bioDiesel. Tous nos moteurs essence peuvent accepter jusqu'à 10 % d'éthanol. Le gouvernement a choisi de faire cela plus tard et avec l'E85. Pourquoi pas ? Cela ne nous pose pas de réels problèmes technologiques car tous les jours, au Brésil, nous vendons 70 % de nos voitures pouvant fonctionner avec des mélanges allant de 0 à 100 %. Toutefois, les moteurs ne sont pas tout à fait les mêmes. Ils demandent certaines modifications qui coûtent de l'argent. De la même manière, les circuits de distribution devront être adaptés et cela a également un coût. Nous pourrions déjà utiliser des biocarburants sans changer les moteurs et les circuits de distribution. En 2007, nous proposerons des Peugeot fonctionnant à l'E85 mais cela coûtera simplement un petit peu plus d'argent.
JA. Toujours dans cette veine environnementale, qu'en est-il de vos Relais Vert Auto dans le réseau ?
FS-G. Ils fonctionnent très bien. Rappelons qu'avec ces Relais Vert Auto, nous étions pionniers. Très tôt, nous nous sommes préoccupés de l'aval. L'ensemble du réseau est concerné.
JA. Qu'elle est la situation financière de votre réseau aujourd'hui ? L'avez-vous aidé durant les mois difficiles ?
FS-G. Il vit avec nous. Nous avons eu une activité promotionnelle beaucoup plus importante que les années précédentes. Nous lui avons fourni les moyens de soutenir son commerce. Nous verrons en fin d'année mais Peugeot devrait avoir des résultats tout à fait convenables et le réseau également.
JA. Ne craignez-vous pas que l'annonce du non renouvellement de 10 000 emplois nuise à vos ventes ?
FS-G. Je ne crois pas. Les consommateurs ont conscience que dans l'industrie automobile, des cycles existent. Ainsi, dans une usine qui produit un modèle, le vieillissement du modèle s'accompagne d'une baisse du plan de charge. Nous devons nous adapter. Durant les années qui viennent de s'écouler, cette adaptation s'est traduite par beaucoup de créations d'emplois et aujourd'hui par une baisse. C'est la vie industrielle automobile habituelle. Je pense que les gens comprennent cela. De plus, nous avons dès aujourd'hui des produits extrêmement séduisants. Nous parlions de 207, mais nous en avons également dans les tuyaux, non seulement des renouvellements, mais aussi des créations qui vont nous permettre d'entrer sur de nouveaux territoires. Je pense que dans l'entreprise mais aussi à l'extérieur, il y aura une adhésion à cette politique dynamique en termes de produits.
JA. Nous ne pouvons conclure sans parler de Jean-Martin Folz. Pourquoi ce départ ?
FS-G. Je comprends un peu la surprise des uns et des autres. Ce n'est pas mon cas. M. Folz nous avait prévenus qu'il ne souhaitait pas aller au-delà d'une certaine durée. De plus, les gens oublient que dans beaucoup de pays, dans beaucoup d'entreprises, le départ du patron à 60 ans est monnaie courante. Connaissant sa décision, nous avons préparé, sous son autorité, les plans d'action nécessaires pour redresser le groupe, pour proposer plus de produits pour le futur, etc. Il est vrai que ce cas de figure n'est pas fréquent en France où l'on voit souvent la situation inverse. Souvent, les P-dg s'accrochent au pouvoir.
Propos recueillis
par Christophe Jaussaud
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