Entretien avec Claude Satinet, directeur général Automobiles Citroën.
...Après l'avoir une première fois présentée à Genève, la C6 est à nouveau à Francfort au moment de sa commercialisation. Un événement pour la marque ?
Claude satinet. Le lancement de la C6 a bien démarré puisque nous comptons d'ores et déjà un client et pas n'importe lequel en la personne du chef de l'Etat ! Plus sérieusement, les futurs clients de la C6 devraient être livrés entre les mois de novembre et décembre, au plus tard en janvier. L'objectif pour un tel véhicule est fixé, pour 2007, entre 20 000 et 25 000 unités. C'est, en effet, un événement pour Citroën que de revenir sur un segment avec un véhicule offrant de telles qualités.
JA. Avec un prix d'entrée situé à 41 800 euros, n'est-ce pas un peu élevé pour une marque comme Citroën ?
CS. Le prix de la C6 sera compris entre 41 800 euros et 55 000 euros. Au regard des qualités intrinsèques du véhicule, de ses équipements et de ses motorisations (dont le V6 essence et le V6 Hdi 2,7 litres), il ne me semble pas que les prix soient élevés face à une concurrence comme la Classe E, l'A6 ou la Série 5. L'actualité Citroën ne se résume pas seulement à la C6 mais également au début de la C1 et à la nouvelle motorisation de la C3. La C1 a bien débuté. Nous espérons compter aux alentours de 26 000 immatriculations d'ici la fin de l'année avant de se fixer un objectif à 100 000 unités en année pleine en 2006. Quant à la C3, elle sera équipée pour la première fois du moteur Hdi 110 doté d'un filtre à particules. Une motorisation, dynamique pour ce véhicule, qui devrait contribuer à faire augmenter ses ventes.
JA. Justement au niveau des ventes, Citroën avec 586 426 unités commercialisées en Europe à la fin juillet était en léger recul de 1,6 % par rapport à la même période en 2004. La seconde partie de l'année sera-t-elle meilleure ?
CS. Ce léger recul que nous accusions à la fin juillet a été comblé dès la fin du mois d'août. Globalement, nos parts de marché sont restées semblables sur un marché VP lui aussi stable. Ainsi, sur le marché d'Europe occidentale à 17 pays, notre part de marché était de 7,6 % et de 6,10 % sur un marché à 27 pays européens.
JA. Quelles sont vos réactions suite aux propositions du Premier ministre Dominique de Villepin ?
CS. Il y a beaucoup d'éléments positifs et certains méritent que l'on s'y attarde. L'incitation au développement des véhicules propres est certes une bonne chose mais il convient de ne pas faire l'amalgame entre véhicules hybrides et véhicules propres. Il n'y a pas de cause à effet. La réduction des émissions de CO2 ne doit pas forcément passer par des moyens technologiques trop coûteux à bord de nos véhicules. Enfin, quand on évoque les biocarburants, c'est de loin l'élément le plus efficace et je souhaiterais qu'il y ait dans ce sens plus d'ambition et de dynamisme.
JA. La hausse du prix du pétrole peut-elle avoir des conséquences sur la vente de véhicules ?
CS. Il est vrai que nous traversons aujourd'hui une crise importante et que la hausse du prix du baril de pétrole peut s'avérer inquiétante pour l'avenir. Il est de notre devoir de rendre les acheteurs plus sensibles à la consommation des véhicules et d'être notamment plus transparents sur l'affichage de ces consommations. Je suis d'ailleurs pour les afficher dans les showrooms. On pourrait d'ailleurs constater qu'il n'y a pas autant de différence entre une Prius et une C4 Hdi. Citroën est aujourd'hui bien dotée en terme de motorisations à faibles consommations et peu nocives pour l'environnement.
JA. A Francfort, la présence de trois constructeurs chinois semble être une des principales attractions. Le début d'une nouvelle concurrence selon vous ?
CS. Une chose est sûre, leur communication est excellente. Toutefois, dans les cinq ans à venir, je ne vois aucun constructeur chinois réussir à pénétrer de manière significative le marché européen. Ils doivent plutôt adapter leurs capacités de production à leur croissance domestique souvent à deux chiffres.
JA. Comment Citroën va-t-elle gérer la fin d'année en WRC ? Le retrait de la marque est-il inéluctable et Sébastien Loeb en sait-il plus sur son avenir ?
CS. Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons rien annoncé de plus que notre désengagement du championnat du monde des rallyes en 2006. Les coûts et les frais que cela comporte pour une écurie sont aujourd'hui trop élevés. Notre position ne changera pas et nous restons en ligne avec ce qui a été annoncé. Toutefois, le 27 octobre la commission pour le budget en WRC se réunira pour définir les futurs règlements techniques, les coûts, les budgets pour le championnat 2007. Nous étudierons de près ce qu'il y sera dit et prendrons une décision pour les années à venir mais pour l'heure, on se tient à ce qui a été annoncé. L'année prochaine, des Xsara privées (écurie Kronos) seront engagées en WRC, notre souhait serait que Sébastien roule à bord de ces Xsara mais il est seul décideur de son avenir…
Propos recueillis par Tanguy Merrien
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