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Constructeurs

Daimler va redevenir Mercedes-Benz

Publié le 4 février 2021

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Dans la logique de sa réorganisation entamée en mai 2019, la division poids lourds de Daimler va s'émanciper en entrant en Bourse. Mais surtout, le groupe, alors centré sur les automobiles, va reprendre le nom de Mercedes-Benz.
Le groupe Daimler, en faisant entrer sa filiale poids-lourds en Bourse, va se recentrer sur l'automobile et changer de nom.

 

Nouvelle ère en vue chez Daimler : le constructeur a annoncé, mercredi 3 février 2021, le projet de se concentrer sur sa branche automobile, prochainement renommée Mercedes-Benz, tandis que la majorité de celle des poids lourds sera introduite en Bourse. La direction de Daimler a "décidé aujourd'hui d'évaluer un spin-off", soit la scission de l'activité "Truck and Bus" et de "commencer les préparatifs pour une cotation" de cette entité, le plus grand constructeur de camions et bus au monde, selon un communiqué.

 

"C'est un moment historique pour Daimler et le début d'une réorganisation profonde de l'entreprise", a déclaré Ola Källenius, le patron suédois du groupe, en poste depuis mai 2019. Décision très symbolique, le groupe de Stuttgart a aussi annoncé vouloir se renommer "Mercedes-Benz", du nom de sa marque phare. Techniquement, "une part majoritaire de Daimler Trucks doit être transférée aux actionnaires existants du groupe". L'objectif : donner à la branche "une autonomie totale" et une structure de direction séparée au terme de cette réorganisation, la plus importante depuis la vente de Chrysler en 2007.

 

Actuellement, l'entrepreneur chinois Li Shufu, propriétaire du groupe automobile Geely, est avec près de 10 % le plus grand actionnaire unique du groupe, devant le fonds souverain du Koweït (7 %) et BAIC, un autre constructeur chinois (5 %).

 

"Une opportunité unique"

 

La première cotation à la Bourse de Francfort de "Truck and Bus" est visée "d'ici la fin de 2021". Elle pourrait valoir autour de 30 milliards d'euros selon des analystes citées par Bloomberg. Cela ferait de la division un candidat pour entrer à l'indice Dax des plus grosses valeurs allemands, aux côtés de Daimler et d'autres géants de l'automobile comme VW et BMW.

 

Trucks a réalisé, en 2019, 40,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 2,5 milliards d'euros de bénéfice opérationnel contre respectivement 93,9 et 3,4 milliards pour les voitures. Si Daimler ne s'exprime pas sur la valorisation, le constructeur pointe une sous-évaluation de l'activité poids lourds au sein du groupe et un "potentiel significatif" pour les deux entités.

 

La Bourse a très bien accueilli les annonces mardi, le titre gagnant 8,91 % à 64,56 euros lors de la séance, dans un Dax avançant de 0,71 %. "Que Trucks façonne son propre avenir est une opportunité unique", a déclaré Martin Daum, le patron de la branche. Daimler sera représenté au conseil de surveillance de l'entité poids lourds. La décision doit être approuvée formellement par une assemblée générale extraordinaire prévue au troisième trimestre. De grands actionnaires existants, joints par Ola Källenius après l'annonce, "étaient extrêmement enthousiastes", a affirmé le patron lors d'une conférence téléphonique.

 

Une suite logique

 

Les deux entreprises agiront "sans les limites d'une structure d'un conglomérat" pour s'adapter à un secteur "en pleine évolution technologique et structurelle" alors qu'ils ont des "clients distincts", selon Ola Källenius. L'abandon du nom Daimler au profit de Mercedes-Benz pour l'entité historique s'effectuera "après" l'arrivée de Daimler Trucks en Bourse.

 

L'opération "a été préparée ces dernières années" et "était attendue", a expliqué à l'AFP Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre de recherche Center Automotive Research, qui juge la décision "bonne". En mai 2019, Daimler avait effectivement réorganisé ses opérations en trois entités : voitures, poids-lourds et les services de mobilité, qui seront, elles, répartis dans les deux entités futures. "Des voitures et des camions n'ont rien à voir" donc "ça a un sens de séparer" les deux activités, juge l'expert.

 

Les scissions ont pris de l'importance ces dernières années en Allemagne et plusieurs groupes ont pris cette voie en quête de simplification et pour faire remonter leurs valorisations boursières. Le géant Siemens a même mis en Bourse une majorité de "Siemens Energy", son activité historique autour des turbines après avoir déjà placé Healthineers (santé). Dans l'automobile, Volkswagen a vendu fin juin 2019 une partie minoritaire du capital de sa division poids lourds Traton, pour faciliter son expansion mondiale et lui donner plus d'autonomie. (avec AFP)

 

 

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