Corinne Spilios (PSA) élue Femme de l’année 2018 par l’association Wave

Comment êtes-vous devenue directrice de l'usine de Mulhouse ?

J’ai l’habitude de dire que je suis un bébé PSA puisque j’y ai réalisé toute ma carrière, embauchée directement à la sortie de mon école d’ingénieur à Lille. J’ai débuté dans la direction des achats avant d’être affectée au service qualité. J’ai ensuite occupé des métiers liés aux lancements industriels dans différents sites de production, mais aussi à Poissy, avant d’être nommée directrice qualité de l’usine de Rennes en 2010. Jusqu’en 2014 où j’ai été appelée à prendre la direction de l’usine de Mulhouse.

C’est justement votre travail au sein de l’usine de Mulhouse qui a été salué par Wave. De quoi s’agit-il et comment avez-vous mené cette tâche à bien ?

Nous avons lancé à l’usine de Mulhouse un programme de transformation du site pour lui permettre de devenir plus efficient. Cette transformation s’est accompagnée d’un projet managerial, avec comme pilier la curiosité, l’audace et la rigueur. L’objectif était de puiser les meilleures pratiques au sein des usines PSA mais aussi sur les sites de nos concurrents. Curiosité pour benchmarker, audace pour appliquer et rigueur pour obtenir les résultats attendus, alors qu’on nous donnait les moyens et la confiance pour réaliser cette transformation, en toute bienveillance. Car on peut certes êtres exigeant, formuler des objectifs, mais d’une façon qui donne du sens.

Avez-vous vous même encouragé la parité dans l’usine de Mulhouse ?

Il y a 20 % de femmes au sein des opérateurs, mais nous comptons quatre femmes dans la co-direction de l’usine. Il est en réalité davantage question de mixité que de genre. Mixité dans les genres, mais mixité aussi dans les âges, les expériences, les provenances, qui m’apportent des regards et des avis différents. J’ai besoin de savoir si les collaborateurs de mon équipe sont d’accord ou non pour avancer.

Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?

La fabrication du DS7 Crossback au sein de l’usine de Mulhouse. C’est un modèle magnifique, que je conduis d’ailleurs au quotidien, ce qui me permet d’en apprécier la qualité.

Qu’est-ce qu’une femme peut apporter en plus, selon vous, dans son style de management ?

Je pense qu’une femme peut peut-être apporter une posture différente avec une certaine qualité d’écoute et une dose d’humilité dans son management.

Quelle place pour les femmes dans l’automobile ?

Il y en a de plus en plus, mais toujours trop peu, la parité est encore loin ! Le groupe PSA mène en revanche une politique appuyée en faveur des femmes depuis quelques années. En 2010, sous l’impulsion de Philippe Varin et Carlos Tavares, a été créé un réseau de femmes. Pilier de ce réseau : quatre femmes de la direction, chargées de choisir quarante collaboratrices pour étoffer leur équipe. Dans mon équipe, nous avons été chargées de faire mûrir des sujets business. Une cellule a été par exemple créée sur les véhicules et leur conception, avec un point de vue féminin. Difficile par exemple de dire pour un homme si l’ergonomie a été correctement pensée pour une femme qui conduit avec des talons ! Cette initiative a aussi l’avantage de donner la possibilité aux femmes de se constituer un réseau et de se réassurer, elles qui sont parfois dans l’autocensure. A titre personnel, je n’aurai jamais espéré me retrouver à la direction de Mulhouse, c’est le groupe qui me l’a proposé ! Aujourd’hui, ce réseau intègre environ 200 femmes et même quelques hommes qui veulent promouvoir le travail des femmes dans l’industrie.

Quel est votre ressenti sur ce prix que vous venez de recevoir de Wave ?

J’en suis très fière et souhaite d’ailleurs remercier PSA qui m’a permis d’arriver à la tête de l’usine de Mulhouse, et donc d’être récompensée par ce prix. Mais je suis aussi étonnée : il y a tant de femmes qui réalisent de grands projets dans l’automobile ! C’est donc un grand honneur d’avoir été distinguée.