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Constructeurs

Comment Mark Fields pilote l’accélération du plan One Ford

Publié le 9 avril 2015

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Depuis qu’il a succédé à Alan Mulally à la tête de Ford, Mark Fields a procédé à plusieurs modifications au sein du top management du groupe, en confirmant des seniors, mais en faisant aussi entrer du sang neuf. Décodage.
Esprit d’équipe : tous les jeudis matins, Mark Fields tient une réunion stratégique avec les autres leaders du groupe au siège, une initiative instaurée par Alan Mulally pour prémunir le groupe du syndrome de la tour d’ivoire.

Dans une récente étude d’EY basée sur les témoignages de top-managers automobiles, on apprend notamment que 63 % des dirigeants estiment que les ressources disponibles peuvent devenir un avantage compétitif considérable. Parmi ces ressources stratégiques, les compétences des collaborateurs, et notamment les nouvelles compétences liées au numérique ou à la data, sont jugées comme les plus importantes. Mais 83 % des dirigeants ne se sentent pas bien préparés dans ce domaine ! Dans cette perspective, les ajustements opérés par Mark Fields au plus haut niveau de la direction de Ford prennent une signification particulière. En effet, au cours des derniers mois, il a initié une révolution de velours au sein de son état-major, à savoir l’équipe des 17 dirigeants lui rapportant actuellement directement, en allant notamment chercher des profils confirmés mais extérieurs au groupe.

Des nouveaux venus au sein du cercle des “hommes du président”

Mi-février, il s’est ainsi attaché les services de John Casesa, un expert du secteur automobile, qui fit les riches heures de Merryl Lynch & CO. et qui fut distingué à plusieurs reprises par le magazine institutionnel Investor, qui dirigeait auparavant Guggenheim Partners. Il lui a confié un rôle aussi holistique que névralgique avec la direction de la stratégie globale de Ford, ainsi que le titre de premier plan de vice-président. Les prérogatives de John Casesa comprennent la supervision des investissements sur les futurs produits et les nouvelles technologies, ainsi qu’une dimension prospective sur les nouveaux business-modèles et les nouvelles mobilités susceptibles d’émerger à moyen terme. En clair, un spectre très large et un rôle de conseil très puissant. Auparavant, Mark Fields avait aussi convaincu Ken Washington de quitter le groupe aéronautique Lockheed Martin pour rejoindre Ford. A la clé : un nouveau poste focalisé sur la recherche et l’ingénierie avancée. Il a aussi débauché Paul Ballew pour lui offrir une haute fonction nouvellement créée : responsable de la data et des analyses. Cependant, on aurait tort de penser que Mark Fields chercher à faire table rase du passé, d’autant qu’il sait aussi s’appuyer sur des dirigeants seniors qui incarnent le passé de Ford. Des caciques comme Mark Laneve, Joseph Hinrichs, Stephen Odell ou Jim Farley, par exemple, conservent encore une influence considérable dans l’organigramme du groupe.

En fait, selon plusieurs observateurs, si Mark Fields tient à consolider les valeurs historiques du groupe, il veut aussi explorer de nouvelles voies, d’autant qu’il a le blanc-seing de William Clay “Bill” Ford.

Furieuse course-poursuite à l’innovation

L’objectif est d’accélérer le déploiement du plan One Ford auquel il a beaucoup contribué dans l’ombre d’Alan Mulally. Or, pour tous les choix relatifs à l’avenir et dieu sait s’ils sont nombreux et parfois cornéliens actuellement dans l’industrie automobile (nouvelles technologies, énergies alternatives, disruption causée par l’avènement du numérique, rapport changeant au principe de propriété, évolutions du comportement des clients, nouvelle distribution, etc.), il peut être précieux de s’appuyer sur des regards aguerris mais neufs, en plus de ceux des valeurs sûres qui ont bâti les succès passés du groupe. On sait notamment que Mark Fields est très attaché à la course à l’innovation, surtout que de nouveaux challengers viennent volontiers “voler la vedette” aux constructeurs traditionnels sur des sujets comme la connectivité ou le véhicule autonome. A ses yeux, il est hors de question de laisser la main sur l’innovation, ou même sur la communication sur l’innovation, à des nouveaux entrants comme Tesla, Google ou Apple, pour ne citer qu’eux. Un sentiment partagé par de nombreux autres patrons automobiles, mais qui pousse bel et bien Mark Fields à secouer le cocotier de la vénérable “Glass House” de Dearborn. Enfin, il renforce ainsi son autorité, fait montre d’ouverture d’esprit (suite à des départs à la retraite de dirigeants, il a aussi promu deux femmes au sein du groupe) et jalonne son chemin vers le Ford du futur.

 

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