Carlos Ghosn interrogé sur les émissions des moteurs Renault
Le 26 mai 2021, Carlos Ghosn était entendu par la justice française. En effet, des juges d'instruction avaient fait le voyage au Liban pour entendre l'ancien homme fort de Renault, sous le statut de témoin, dans le cadre des procédures lancées en France. Son audition a fuité dans la presse et Le Monde en a publié une partie début juillet 2021. L'AFP a également eu accès aux documents regroupant 6 heures d'audition.
Parmi les sujets abordés : le dieselgate. Carlos Ghosn s'est principalement défaussé sur ses collaborateurs, assurant avoir délégué la gestion des problèmes moteurs en raison de son incompétence en la matière et de ses autres responsabilités. "J'ose espérer qu'on ne va pas rentrer dans des choses extrêmement spécifiques, d'autant que sur la période 2016-2018, moi j'étais patron de Renault et de Nissan", a annoncé d'emblée Carlos Ghosn. "A partir de 2016, je m'occupais également de Mitsubishi, donc de trois entreprises sur deux continents, donc vous pouvez imaginer que le détail des moteurs, je ne les connaissais pas", se justifie l'ancien patron du groupe.
Concernant Renault, la responsabilité de Carlos Ghosn avait été pointée dès novembre 2016, dans le rapport initial de la Répression des Fraudes (DGCCRF). La DGCCRF estimait que "l'ensemble de la chaîne de direction" du groupe, jusqu'à son PDG de l'époque, était impliquée, puisque, aux yeux du gendarme de Bercy, "aucune délégation de pouvoir n'[avait] été établie par M. Ghosn", ce qui emportait sa propre responsabilité.
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Les enquêteurs dénonçaient aussi une "stratégie d'entreprise", "pérenne" et basée sur "des considérations économiques". Sont concernés les moteurs des générations Euro 5 (2009-2011) et Euro 6b (2013-2017), mais potentiellement aussi ceux plus anciens, "dès les années 1990 et la mise en place des normes européennes" antipollution. "En aucun cas nous n'avons lésiné sur le respect des normes", rétorque Carlos Ghosn, défendant la réputation de l'entreprise sous sa direction (2005-2019). "Il y avait parfois des problèmes dus à des manques de compétences ou de performances, mais rien qui pourrait se rapprocher de ce qui est reproché à d'autres constructeurs, de la volonté de cacher sciemment des résultats", affirme l'ancien patron.
Sur les choix techniques, il a renvoyé les magistrats vers ses "directeurs des opérations", Patrick Pelata, Carlos Tavares, Thierry Bolloré et vers son bras droit Mouna Sepehri. Régulation des moteurs, logiciels de fonctionnement ou émissions de gaz d'échappement "étaient décidés chez Renault au sein de la Direction mécanique qui dépendait de la Direction industrielle", "tenue par des personnes en qui j'avais confiance", poursuit-il. "Je ne suis pas motoriste. Il y a des patrons qui sont motoristes à l'origine, ce n'était pas mon cas, moi je suis manufacturier à l'origine", se justifie-t-il interrogé par son avocat Jean-Yves Le Borgne. Patron d'un groupe mondial, "je suivais les marchés et les synergies entre les entreprises", argumente-t-il.
Comme président de l'association des constructeurs européens (l'Acea), Carlos Ghosn était toutefois un interlocuteur privilégié de la commission européenne pour les réglementations environnementales. Mais il assure qu'il se contentait de transmettre les avis rédigés par ses services. "Je n'étais pas particulièrement intéressé ni même curieux", à ce sujet, se défend-il. Concernant les écarts des émissions polluantes constatés entre les tests et les conditions réelles, "je n'étais pas informé", affirme Carlos Ghosn, tout en assurant que pour lui, "le respect des normes était très important parce que c'était à la base de la confiance des consommateurs". C'est la raison pour laquelle, chez Renault, "nous avions été les premiers à lancer les produits électriques (...) car c'est zéro émission", se félicite-t-il. (avec AFP)
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