Bonne résistance de PSA

...d'euros).

"Le groupe PSA Peugeot-Citroën a démontré sa bonne résistance dans une conjoncture difficile." C'est ainsi que Jean-Martin Folz a résumé la situation lors de la présentation de ses résultats à la presse. Il est vrai que dans cet exercice le président de PSA a connu mieux. Les années précédentes, le groupe progressait et atteignait ses objectifs. Cette année, c'est l'inverse. Et apparemment, cela aurait pu être pire. Ainsi, selon Jean-Martin Folz, ces résultats se lisent de deux façons : satisfaisants en valeur absolue, décevants en termes d'évolution.

Marché français déprimé, euro dopé

Ainsi, la baisse du marché européen et principalement français (qui a coûté 50 000 voitures en 2003) où le groupe fait encore 25 % de ses ventes a nettement pesé sur les résultats commerciaux. Les ventes mondiales du groupe ne progressent que de 20 000 unités pour atteindre 3 286 100 voitures vendues. Loin des 3,35 millions espérés en début d'année. Mais JMF relève "le maintien de la position commerciale" de son groupe, le recul en Europe (de 15,5 % à 15,4 % du marché) ayant été compensé par une croissance de 15 % hors d'Europe (817 300 voitures en 2003). Cette performance a permis en 2003 d'atteindre avec un an d'avance un des objectifs du groupe de dépasser 800 000 voitures hors d'Europe.
A cette croissance ralentie s'ajoute l'appréciation de l'euro qui est venue dégrader le chiffre d'affaires global (son impact est de - 1,9 %), la marge opérationnelle et le résultat net.
Enfin, troisième élément négatif : pour la première fois depuis plusieurs années, le calendrier de lancement du groupe était moins fourni que celui de la concurrence. Le deuxième trimestre a même été sévère pour la première marque du groupe avec l'arrêt de production des 106 et 406.
Au final, la marge opérationnelle automobile baisse de 41 % par rapport à 2002 : elle se situe à 2,93 % contre 5 % l'année précédente.
En revanche, Banque PSA Finance, Gefco et Faurecia ont vu leur chiffre d'affaires et surtout leur marge opérationnelle s'accroître. Ainsi, cette année, grâce à ses filiales, PSA maintient une marge opérationnelle consolidée à un niveau correct de 4 % du chiffre d'affaires,
contre 5,4 % en 2002. En 2003, 40 % de la marge du groupe provient de ses filiales.

Les premiers fruits de la baisse des coûts

Sans les efforts de baisse des coûts engagés les années précédentes et dont les premiers fruits apparaissent, cela aurait été pire. La politique de plate-forme qui a permis le lancement à moindre coût des C3 et C2 et dont bénéficiera la 407, dont la production vient de démarrer à Rennes, apportera 700 millions d'euros par an de réductions de coût de production supplémentaires jusqu'en 2006.
Autre axe majeur de la stratégie de JMF : les coopérations. En 2004, 63,5 % des moteurs Diesel équipant les véhicules du groupe PSA proviendront de la coopération avec Ford (contre 33,1 % en 2003). Quant aux moteurs essence développés en collaboration avec BMW, les premiers seront lancés en 2006.
Autre élément positif dans la constitution de la marge opérationnelle de PSA, la hausse des prix. Une politique qualifiée de "saine" par JMF et qui se prolongera en 2004. Pour cela, le groupe poursuivra une politique privilégiant les ventes aux particuliers. De même, le groupe sera en retrait sur certains pays plus exposés tels que l'Angleterre, où sa part de marché a baissé, ou le Brésil.

4 millions de voitures en 2006

Après avoir trébuché en 2003, le groupe PSA Peugeot Citroën peut-il maintenir son objectif de 4 millions de voitures en 2006 ? "Grâce à la mobilisation de nos points forts, je suis convaincu que le groupe va trouver un nouvel élan pour passer le cap des 4 millions de voitures", a affirmé Jean-Martin Folz. Rappelant l'objectif de 26 nouveaux modèles entre 2003 et 2006, il a annoncé une accélération du plan produits avec six nouvelles silhouettes et deux nouveaux moteurs en 2004. La 407, prochaine sortie du groupe, a d'entrée des objectifs ambitieux avec 300 000 voitures par an, chiffre que n'a jamais atteint la 406 (258 000 la meilleure année). Un objectif en phase avec les qualités annoncées du véhicule et l'élargissement de la position de Peugeot.
Géographiquement, le groupe affiche trois priorités : l'Europe centrale et orientale, le Mercosur et la Chine. Sur ce dernier pays, JMF estime avoir pris "une bonne longueur d'avance" avec des ventes multipliées par deux en deux ans (à 104 000 unités). Ainsi, la capacité de production de l'usine chinoise du groupe a été revue à la hausse et sera portée à 300 000 voitures au 2e semestre 2006.
En 2005, le groupe devrait lancer la petite voiture produite en collaboration avec Toyota à Kolin, en République tchèque.
La croissance est donc attendue pour après 2004, qui sera, selon JMF, une année de transition. "En 2005, la croissance sera plus franche car elle bénéficiera largement de l'offensive produit", a-t-il expliqué.
Côté résultat, JMF s'est attaché à mettre en avant la marge opérationnelle consolidée qui a mieux résisté que la marge automobile. Quel sera l'objectif de 2004 ? "Notre objectif est d'obtenir une marge opérationnelle automobile entre 3 % et 6 % du chiffre d'affaires. Malgré une année très difficile nous avons tenu cet étiage. Nous voulons nous rapprocher de l'objectif de 6 %. Je ne sais pas quand", a-t-il expliqué.

Florence Lagarde