Bob Lutz en tonton flingueur

"Car guys versus bean counters", que l'on pourrait traduire approximativement par "les vrais mecs de la voiture face aux petits épiciers", est disponible, en anglais uniquement, aux éditions Penguin pour moins de 27 dollars. C'est le dernier livre écrit par Bob Lutz, l'une des figures emblématiques de Detroit. Il revient sur le récent sauvetage de GM qu'il s'attribue très volontiers. A son arrivée, il découvre un groupe miné par les comptes d'apothicaires et les prévisionnistes rivés à leur ordinateur... Un groupe totalement déconnecté du produit, bref de la bonne vieille bagnole. Il réagit très vite en annulant de nombreux projets et en remettant le produit, le design et l'émotion au centre de la société. Il revendique qu'il faut faire des "voitures d'hommes" et fustige les "voitures pour petits comptables". Au passage, avec sa plume directe, il envoie quelques scuds à quelques anciens collègues. Ron Zarrella est ainsi moqué comme "un gourou du management qui mentait pour faire croire qu'il avait un MBA". Vince Barabba est jugé "utile pour intellectualiser stérilement un business auto somme toute très simple". Bob Lutz se montre en revanche plus clément avec Rick Wagoner, même s'il lui en veut de s'être excusé d'avoir privilégié les SUV et les 4x4 aux petites voitures, c'est-à-dire de n'avoir fait que son devoir en suivant les demandes et le goût des clients. Il ne faut pourtant pas voir en Bob Lutz un fier à bras réactionnaire. En effet, le passage sur le projet Volt démontre qu'il a aussi un aspect visionnaire et qu'il ne néglige pas la nouvelle donne environnementale. Il a poussé le projet, répétant à l'envi que "Volt, c'est l'avenir !", pour faire taire les très nombreux sceptiques. En revanche, sa position sur le réchauffement climatique et la pollution automobile est parfois plus difficile à tenir. Et sa manière de fustiger Al Gore et les médias qui lui ont emboîté le pas laisse parfois bien songeur... Dans le style inimitable et bien éloigné de celui des petits épiciers-MBA-costume sombre qu'on lui connait. A lire sans modération !