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Constructeurs

Avtovaz n'échappe pas à la tourmente

Publié le 30 mars 2015

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Le premier constructeur russe subit naturellement les effets de la crise dans son pays. Les comptes restent dans le rouge, mais il espère un bénéfice opérationnel en 2015. Une prévision que ne semble pas vouloir réaliser le marché russe déjà en repli de 32%.

La campagne de Russie de Carlos Ghosn est loin d'être un long fleuve tranquille ! En effet, depuis 2007, entre restructurations et effondrements du marché, Avtovaz, dont Renault a maintenant pris le contrôle, n'en finit plus d'être dans le rouge. Et c'est encore le cas en 2014.

Le constructeur russe a indiqué qu'il avait de nouveau subi de lourdes pertes lors du dernier exercice, mais qu'il envisageait un bénéfice opérationnel dès l'année prochaine. En attendant, pour l'exercice 2014, la perte nette est de 395 millions d'euros et la perte opérationnelle a quasiment été doublée, à 230 millions d'euros. Le chiffre d'affaires atteint 3 milliards d'euros, en hausse de 7,7%.

Cela étant, Bo Andersson, le patron d'Avtovaz, a souligné que les pertes reflétaient "les conditions économiques difficiles" en Russie, mais que la société avait enregistré "une amélioration de ses indicateurs opérationnels". Dans son communiqué, l'entreprise met en avant la réduction de sa perte opérationnelle de 21% hors élément exceptionnels, à 125 millions d'euros. "Le programme d'assainissement porte ses fruits. Nous ne pouvons pas prédire comment va évoluer le marché mais (...) Avtovaz compte sur un retour au bénéfice opérationnel en 2015", a poursuivi Bo Andersson.

Le défi reste de taille car l'année 2015 débute mal en Russie. Après un marché en repli de 10,3% en 2014, à 2,49 millions d'unités, les deux premiers mois de l'exercice 2015 ne sont pas rassurants. A fin février, la chute est déjà de 32,1% (-24,4% en janvier et -37,9% en février). Il s'est ainsi immatriculé 243688 véhicules contre 359188 un an plus tôt. "Les prochains mois vont être extrêmement difficiles et nous n'avons pas encore touché le fond", avait alors expliqué Joerg Schreiber, responsable du comité automobile de l'AEB, la fédération professionnelle locale.

Dans ce contexte, même si Lada résiste mieux que certains de ses concurrents, la baisse des volumes atteint tout de même 25%. Et les alliées de Lada ne vont pas mieux. En effet, sur le seul mois de février, Renault a reculé de 46% et Nissan de 45%.

La situation est donc très tendue et a poussé le gouvernement à intervenir. "Si aucune mesure de soutien n'est prise, le marché chutera de 50%" cette année, a prévenu le ministre de l'Industrie Denis Mantourov, cité par les agences russes. "Si on prend en compte les mesures prises depuis le début de l'année plus celles annoncées aujourd'hui, le marché reculera environ de 24%", avait-t-il ajouté lors de l'annonce d'une aide d'environ 400 millions d'euros à l'automobile le 23 mars dernier.

Malgré cela, les constructeurs ne semblent pas si optimistes et réduisent la voilure, voire quittent carrément le marché russe. Ainsi, Seat, SsangYong, mais aussi Opel et Chevrolet ont-ils décidé de quitter ce marché. GM ayant aussi annoncé la fermeture de son usine de Saint-Pétersbourg. Quant aux autres constructeurs implantés industriellement, comme PSA, Mitsubishi, Renault-Nissan ou encore Volkswagen, l'heure est aux arrêts temporaires de production et dans certains cas à des coupes dans les effectifs.

Le potentiel plus gros marché d'Europe va donc demeurer encore pendant quelques années un simple potentiel. Les constructeurs encore en Russie vont devoir faire le dos rond en attendant la reprise. Un redressement dont GM ne devrait pas profiter. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a en effet affirmé que GM se trouverait "parmi les perdants". Même dans l'automobile, la guerre froide n'est pas tout à fait finie.

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