Aston Martin change de mains pour la 10e fois

...de propriétaire.

Depuis août 2006, nous savions qu'Aston Martin allait quitter le giron Ford. Après de nombreuses rumeurs et hypothèses, ayant même fait de LVMH, le groupe de Bernard Arnault, un acheteur potentiel, Aston Martin a été vendu le 12 mars dernier. Le consortium, emmené par David Richards, le patron de Prodrive, a déboursé 479 millions de livres (plus de 700 millions d'euros) pour prendre le contrôle de ce joyau britannique. Cependant, Ford garde un pied dans la société puisqu'il conserve une participation de 40 millions de livres (58,5 millions d'euros) soit environ 8 % du capital. Pour Alan Mulally, le président de Ford, "la vente d'Aston Martin s'inscrit dans les objectifs prioritaires de Ford".

Aston Martin a renoué avec les bénéfices en 2005 pour la première fois depuis 40 ans !

Concernant l'avenir d'Aston Martin, Allan Mulally commente : "Cette vente va permettre à Aston Martin d'accéder à des capitaux supplémentaires afin de poursuivre sa croissance, comme cela a été le cas durant la période où elle fut contrôlée par Ford." Et force est de reconnaître que sous l'ère Ford, Aston Martin a retrouvé son lustre d'antan tout en conciliant des volumes certains. En 92 ans d'existence, Aston Martin a produit environ 30 000 voitures, mais les choses se sont réellement accélérées à partir de 1993 et l'arrivée de la DB7. En effet, durant l'ère pré-DB7, Aston Martin totalisait 17 000 unités produites sur 80 années. La production de l'année 1992 en témoigne : 46 voitures ! Moins de 10 ans plus tard, en décembre 2001, la 5000e DB7 sortait de l'usine de Gaydon et depuis le succès et la production ne faiblissent plus. La DB9, lancée en 2003, s'est déjà écoulée à plus de 7 000 unités. Avec l'arrivée de la "petite" Aston, la V8 Vantage, le constructeur a atteint ce volume sur l'année 2006. Incontestablement, Ford a relancé la marque. Toutefois, si ce travail n'a pas été totalement satisfaisant pour le constructeur américain en terme de retour sur investissement, rappelons que Aston Martin a renoué avec les bénéfices en 2005 et 2006, pour la première fois depuis 40 ans.
David Richards et son consortium sont donc les 12e propriétaires d'Aston Martin depuis 1914 (voir encadré). "C'est une opportunité incroyable, Aston Martin est l'une des marques les plus mythiques du monde", s'est félicité David Richards, le nouveau président non-exécutif de la marque. Pour Ulrich Bez, qui demeure dans l'organigramme en qualité de directeur général, "c'est un nouveau départ qui va donner à l'entreprise l'occasion d'atteindre un niveau d'excellence encore plus élevé." L'Aston Martin Rapide sera, côté produits, le prochain défi. Quant à la compétition, totalement inscrite dans les gènes de la marque, le programme Endurance, avec notamment les 24 Heures du Mans et Prodrive justement, va sûrement demeurer. Mais on peut rêver d'une autre destinée pour la marque. En effet, Prodrive n'est autre que la 12e écurie de Formule 1 qui débarquera dans le paddock en 2008 ! Mais David Richards a déjà démenti cette éventualité répétant que son écurie de F1 s'appuierait sur une équipe existante. Mais sait-on jamais.
La célèbre marque britannique a connu une histoire mouvementée, mais son image n'a jamais réellement été altérée. Souhaitons simplement que l'histoire ne se répète pas, car après la période glorieuse sous l'autorité de David Brawn, la marque avait connu le pire, passant de main en main jusqu'à l'arrivée de Ford en 1987.

Légende photo ci-dessus : Le 12 mars Aston Martin a changé de mains. De gauche à droite, debout : John Sinders, Ulrich Bez et David Richards. Assis : Adnan Al-Musallam, président de Dar Investment et Mustafa Al-Saleh, président de Adeem Investment, entourent Lewis Booth, exécutive vice-président de Ford Europe et PAG Group.