Après Toyota, Honda prévoit à son tour un effondrement de son bénéfice

Honda a annoncé prévoir un effondrement de 70 % de son bénéfice net sur l'exercice 2025-2026, en raison notamment de l'impact des surtaxes douanières américaines et en dépit de sa forte production aux États-Unis.
Sur l'exercice entamé début avril 2025, Honda, deuxième constructeur nippon, anticipe un bénéfice net de 250 milliards de yens (1,53 milliard d'euros). L'impact net des droits de douane prohibitifs de l'administration Trump devrait réduire son bénéfice d'exploitation annuel de 450 milliards de yens (soit 2,74 milliards d'euros), anticipe le groupe.
"L'impact des politiques douanières dans divers pays a été très important, et elles sont régulièrement révisées, ce qui rend difficile l'élaboration de prévisions", a cependant averti devant la presse le PDG Toshihiro Mibe.
Douze usines aux États-Unis
Les prévisions de Honda étaient scrutées après que son rival Toyota, numéro un mondial du secteur, a annoncé anticiper un plongeon de 35 % du bénéfice net en 2025-2026, notamment à cause de l'offensive douanière de Washington. L'administration du président américain Donald Trump impose depuis début avril des surtaxes de 25 % sur les voitures importées aux États-Unis, mais aussi les importations de pièces détachées.
Honda est certes plus épargné que ses concurrents, en raison de sa forte production sur place : il a fabriqué en 2024 un peu plus d'un million de voitures dans ses douze usines américaines. Soit plus de 60 % des véhicules qu'il vend aux États-Unis, le pourcentage le plus élevé des constructeurs japonais, indique à l'AFP Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence.
Par ailleurs, Washington a récemment assoupli les surtaxes pour l'importation de pièces détachées destinées à des véhicules assemblés sur le sol américain. L'impact des taxes sera "relativement moindre pour Honda", estime Tatsuo Yoshida. En revanche, Honda sera touché sur les véhicules importés aux États-Unis, notamment son modèle phare, le SUV CR-V, fabriqué au Canada.
Dans l'immédiat, Honda a cependant connu en mars une envolée de 13,2 % sur un an de ses ventes aux États-Unis, à près de 147 800 véhicules, grâce aux consommateurs concrétisant leur achat avant le couperet des surtaxes douanières annoncées.
Baisse des ventes en Chine
Pour l'exercice écoulé 2024-25, achevé fin mars, Honda a déjà enregistré une chute de 24,5 % du bénéfice net, à 835 milliards de yens, pour un chiffre d'affaires en progression de 6,2 %, à 21 689 milliards de yens (132 milliards d'euros). "Notre activité automobile a subi une baisse des volumes de ventes, principalement en Chine et dans la région d'Asie du Sud-Est", a déclaré Toshihiro Mibe.
Comme ses compatriotes nippons et les constructeurs occidentaux, Honda pâtit en Chine – un marché crucial où il réalise environ 30 % de ses ventes en volume – de la concurrence féroce des marques chinoises, en pointe notamment sur l'électrique.
Honda a également été négativement "impacté par l'augmentation des incitations à la vente de véhicules électriques en Amérique du Nord", un créneau où le groupe nippon reste très en retard, ce que n'a pas compensé "l'augmentation des ventes de véhicules hybrides", a souligné Toshihiro Mibe.
Le groupe s'est fixé depuis 2021 l'objectif ambitieux de devenir 100 % électrique dans son segment automobile à l'horizon 2040. Pour y parvenir, Honda avait annoncé au printemps 2024 vouloir passer à la vitesse supérieure dans l'électrique avec un investissement de près de 60 milliards d'euros d'ici 2030, soit le double de ce qu'il comptait dépenser jusque-là.
Report des projets électriques
Or, Honda a annoncé le 13 mai 2025 avoir reporté de deux ans son projet d'établir une chaîne d'approvisionnement pour la production de véhicules électriques en Ontario, au Canada, en raison d'une baisse de la demande, moins vigoureuse qu'attendu.
Le plan annoncé précédemment comprenait une usine de batteries et une usine de véhicules électriques d'une capacité de production annuelle de 240 000 véhicules. "La croissance du marché des voitures électriques a ralenti plus que prévu initialement, ce qui rend difficile d'anticiper de nouveaux progrès", a fait valoir Toshihiro Mibe.
Honda avait par ailleurs ouvert fin 2024 avec son compatriote en difficulté Nissan, massivement endetté, des négociations en vue d'un mariage pouvant donner naissance au troisième constructeur mondial et permettant d'affronter ensemble le crucial virage des voitures électriques.
Mais Honda et Nissan ont mis fin aux discussions mi-février : Honda, en situation de force, souhaitait transformer Nissan en simple filiale, ce que ce dernier a farouchement refusé. (avec AFP)
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