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Constructeurs

Ampera : l’an 2 de l’ère hybride

Publié le 28 octobre 2011

Par Gredy Raffin
9 min de lecture
2012 marquera la fin d’un monde. Celui de l’hybridation régie par un moteur thermique qui a l’ascendant sur l’électrique. Plus de dix ans que Toyota et Honda régnaient en maîtres sur ce segment, mais les cartes sont en passe d’être redistribuées. GM est, en effet, fin prêt à contre-attaquer et Opel frappera le premier, en Europe, avec l’Ampera, en attendant le renfort de la Chevrolet Volt.
La France sera parmi les premiers pays servis car GM compte beaucoup sur ce marché : 1 500 exemplaires seront livrables en 2012.

L’Ampera aura été exposée sur tous les salons du monde. On aura suivi son évolution presque pièce par pièce, on aura effectué des alléchants tours de roues sur circuit. Désormais, la voilà disponible en version définitive. Cette Opel n’est pas la première production hybride ou électrique de Detroit, mais elle aura le double mérite d’introduire une technologie inédite et ce, à l’échelle mondiale.

L’hybridation est à un tournant. Sous le capot, l’électrique prend le pouvoir, reléguant le thermique au rôle d’assistant. “Ce n’est pas une technologie de transition”, s’emploie-t-on à convaincre chez Opel. Au département e-Mobility, représenté par son directeur Enno Fuchs, on défend l’idée qu’il s’agit d’une solution appelée à perdurer dans le temps. “L’Ampera ne véhicule pas de message écologique moralisateur, elle n’a pas pour vocation d’être ennuyeuse”, assène-il, sous forme de reproche, à la concurrence.

Il est vrai que, sur la route, l’auto montre de bonnes qualités dynamiques. En fait, en dépit de son surpoids, 1 732 kg sur la balance, soit bien au-dessus des 1 370 kg de la Prius, l’Ampera parvient à minimiser la prise de roulis. Elle le doit à ses lignes que d’aucuns jugeraient sportives et empreintes d’un certain aspect futuriste, les designers ayant dû composer avec de nombreuses exigences. Les feux en forme de boomerang, à l’avant, ne sont en effet que le reflet du mouvement inspiré par l’ensemble de la caisse. Sa grande sœur l’Insigna avait réussi un tour de force en atteignant un Cx de 0,28, pourtant l’Ampera fait encore mieux, à 0,275, bien aidée par l’arête du pare-chocs arrière qui coupe le flux d’air et par les jantes pleines inspirées du monde de la F1. Cela dit, elle est encore derrière sa rivale, la Prius, au Cx de 0,25.

Le placement des batteries a joué un rôle prépondérant. Disposées en forme de T sous le plancher, partant du coffre et traversant l’habitacle, elles n’obligent pas à surélever la banquette et préservent donc la ligne de toit basse. Autre avantage, les 200 kg de ces accumulateurs Li-ion influent beaucoup moins sur le centre de gravité. Mais, bien que la voiture ait du coffre, il faudra néanmoins se contenter d’une stricte quatre places à l’intérieur.

Peu d’émission, peu de stress

Par rapport au prototype de salon, l’Ampera n’a pas changé d’un iota : elle roule en tout électrique. Par prudence vis-à-vis de ses clients, le constructeur annonce 60 km d’autonomie et c’est approximativement ce qu’il est possible de parcourir en pleine charge (4 heures sont nécessaires pour cela) sans consommer la moindre goutte de carburant fossile. Mais les meilleurs conducteurs, dans de bonnes conditions et en récupérant l’énergie du freinage, se surprendront à faire mieux.

Lors de notre essai, sur les routes sans relief des Pays-Bas, nous sommes, en effet, parvenus à approcher les 80 km, avant que le bloc 1,4 l EcoTec entre en action. Un organe emprunté à la Corsa et optimisé pour les circonstances, avec lequel on couvre une distance proche de 500 km. De concert, ces deux groupes développent une puissance de 150 chevaux, qui propulsent l’Ampera à 100 km/h en 9 s et à 161 km/h en vitesse de pointe. La voiture propose quatre modes d’utilisation, Normal, Sport, Montagne, qui implique davantage le moteur essence dans les phases difficiles, et Economie qui permet de rouler en 100 % thermique afin de préserver la batterie. “Dans certaines zones, l’automobiliste paye en fonction de ses rejets et préférera donc être en mesure de profiter pleinement de l’électrique pour circuler gratuitement”, explique Enno Fluchs. Une dualité entre électrique et essence qui “élimine toutes les sources de stress et d’anxiété”, analyse quant à lui Yves Pasquier-Desvisgnes, président de GM France, qui pense notamment aux loueurs de courte durée, dont la préoccupation première est de ne pas avoir de véhicules en panne sur le bord de la route.

Si l’on s’en réfère aux normes européennes, l’Opel répond naturellement aux critères de l’Euro 5, ne rejetant en moyenne que 40 g de CO2/km. Les vedettes hybrides essence-électrique, Toyota Prius et Honda Insight, sont reléguées à des années-lumière, avec respectivement 89 et 101 grammes émis par kilomètre. Sur le plan des consommations de carburant, le rapport de force est similaire. Alors que la Honda avale 4,4 l/100 km et sa compatriote 3,9 litres, l’Opel se contente de 1,6 litre.

Un bilan qui pourrait séduire les entreprises, première cible de l’Ampera. Car si l’hybride d’Opel a pour vocation d’éliminer le stress à l’usage, elle n’est pas parvenue à éviter celui qui surgit à la signature du chèque en concession. A 39 500 euros, pack de batteries inclus, on sent, en effet, que la solution électrique grève le prix de production et refrénera les particuliers, la première année tout du moins. L’Ampera sera en fin de compte une alternative aux berlines Premium et les 5 000 euros de prime gouvernementale n’y changeront pas grand-chose. Fort heureusement, “le TCO est contenu, du fait qu’il y a moins de pièces mécaniques et que les frais de fonctionnement sont moindres”, assure la direction d’Opel. Une étude interne tente de démontrer que les 15 000 km annuels coûteraient 480 euros en tout électrique, contre 1 087 euros en achat de Diesel. Une version allégée en équipements devrait par la suite abaisser le prix d’appel, évoque-t-on en coulisse.

Pour les technophiles

En novembre prochain, un premier contingent de 89 unités débarquera en France. A ce jour, plus de 50 exemplaires ont été pré-réservés par des clients friands de nouveauté. Ceux-ci ont, en témoignage de leur engagement, déboursé 150 euros d’acompte. En 2012, 1 500 Ampera seront immatriculées. Un défi proposé par GM Europe qui considère notre pays comme l’un des précurseurs et un canal principal. Une distribution qui se fera au travers d’un réseau spécialisé. Douze concessionnaires ont été retenus, totalisant plus d’une quarantaine de points de vente et de réparation sur le territoire (voir encadré). Outre l’investissement sur l’après-vente, il sera important de réussir la mise en main du véhicule, tant il regorge de fonctionnalité.

L’Ampera, c’est en effet la voiture de la rupture technologique. On appuie sur le bouton d’allumage et là, elle émet un petit son qui donne le sentiment d’avoir allumé un ordinateur et d’entrer dans une autre dimension. Comme la Nissan Leaf, l’Opel offre des écrans de bonnes factures, dont le principal, d’une taille de 7”, est entièrement tactile. Ils délivrent toutes les informations nécessaires, qu’il s’agisse du GPS ou du rapport de conduite. Une interface via laquelle on pourrait prochainement avoir accès à des applications, sinon à des services en ligne, disponibles en cloud computing.

Derrière la console centrale, Opel a trouvé la place de loger un disque dur de 90 giga-octets, soit de quoi embarquer des milliers de chansons et de photos, et des centaines de films pour le divertissement des passagers. Superflu, auraient dit certains il y a peu, mais désormais, ces équipements, de série ou en option, deviennent des incontournables pour une population familière des smartphones et autres appareils mobiles. “Une plate-forme multimédia qui consomme cependant deux fois moins d’énergie qu’à l’accoutumée”, se félicite Enno Fuchs.

Par son intermédiaire, il est possible de réaliser des opérations distantes telles que la programmation d’une charge électrique. Une fonction qui s’adapte à la problématique de la tarification variable selon la tranche horaire. Opel n’a pourtant pas retenu l’intéressante option qui permet de piloter la climatisation à distance, comme sur la Nissan Leaf.

Définitivement, l’Ampera marquera le paysage automobile de son empreinte. Cela dit, elle arrive dans un monde où elle sera comparée avec la plus grande application. En sa qualité de berline, elle avance des arguments de taille sur le segment isolé de l’électrique, face aux Peugeot iOn et Citroën C-Zero, modestes citadines à 30 000 euros. Elle souffrira néanmoins de son tarif qui la positionne en haut de l’échelle, en comparaison à la Nissan Leaf (30 990 euros) et certainement à la Renault Fluence Z.E. En sa qualité d’électrique à autonomie étendue, l’Ampera jette un pavé dans la mare des Prius, Insight et autres Hyundai Sonata Hybrid, valeur montante aux Etats-Unis. Elle ouvre en tous les cas la porte à une petite électrique (2013) et une hybride électrique-hydrogène, actuellement en phase de test.

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ZOOM

Europcar proposera l’Opel Ampera électrique en location

Opel et Europcar ont signé un accord portant sur la mise à disposition de l’Opel Ampera électrique à la location en Europe. L’objectif annoncé est de déployer, dès novembre 2011, les premiers véhicules, via les agences du réseau Europcar, en Allemagne, puis en Belgique et aux Pays-Bas. L’Opel Ampera sera ensuite proposée à la location en France, en Italie, au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni à compter de début 2012. “Nous constatons que nos clients sont de plus en plus demandeurs de solutions peu consommatrices en CO2 et protégeant l’environnement, tout particulièrement dans les zones urbaines. Nous sommes convaincus que les véhicules électriques contribueront à faciliter l’accès à des solutions de mobilité plus vertes’’, commente Rafael Girona, directeur des opérations d’Europcar Groupe. Au moment de la location, les clients seront accompagnés durant dix à quinze minutes par un employé Europcar, formé à cet effet, pour une prise en main optimale du véhicule. Ils recevront également des conseils sur l’éco-conduite en mode électrique et la récupération d’énergie en phase de freinage.

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L'AMPERA SUR SES BASES

Grenoble, Lens, Lille, Lyon, Melun, Mulhouse, Montpellier, Orléans, Paris, Rennes, Saint-Germain-en-Laye et Toulouse sont les douze grandes villes où s’implantera l’Ampera. Il manque encore Bordeaux car le groupe Pigeon est en pleine réflexion sur la réfection de son site. Ces distributeurs assureront en exclusivité la commercialisation et l’entretien du véhicule. Ils ont été retenus pour leur qualité de service et pour leur potentiel de vente. Après leur nomination, s’en suit une formation commerciale et après-vente, l’acquisition de matériel spécifique pour l’atelier et la matérialisation d’une aire dans le showroom, pour un montant non communiqué. L’adhésion à ce “club” n’est pas limitée aux seuls grands groupes. La direction nationale assure étudier chaque dossier avec attention.

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L'AMPERA EN BREF

Date de lancement : novembre 2011
Segment de marché : berline hybride
Objectif : 1 500
Les principales concurrentes de l’Ampera Cosmo Pack 46 400 t :
Toyota Prius : 26 500 € ; Honda Insight 1.3 i-Vtec exclusive Navi : 24 450 € ; Nissan Leaf :
35 990 € ; Lexus CT 200h Passion : 42 000 € ; Chevrolet Volt (Prix non communiqué)

Prix :
Hybride  électrique-essence :
De 44 500 à 46 400 €
 

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