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Constructeurs

“Aller vers une meilleure articulation entre Hyundai et Kia”

Publié le 19 février 2014

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Abonné aux distinctions, Peter Schreyer a une nouvelle fois été mis à l’honneur en recevant le Grand Prix du design dans le cadre du Festival Automobile International. Toujours aussi disponible et affable, il revient en notre compagnie sur ce prix, mais aussi sur le travail stylistique qu’il déploie désormais pour Kia et Hyundai.
Peter Schreyer, président de Kia Motors Corporation et responsable du design de Hyundai et Kia.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Vous êtes un designer reconnu, habitué à recevoir des récompenses. Dès lors, que vous inspire le Grand Prix du design qui vous a été attribué dans le cadre du Festival ?
PETER SCHREYER.
C’est une grande fierté, car le jury est très prestigieux, mais c’est aussi un prix que je qualifierais de sympathique, car l’événement est en prise avec la réalité du design et de l’environnement des designers. J’ai déjà reçu beaucoup de prix, c’est vrai, mais on ne s’en lasse pas car cela signifie à chaque fois que nous travaillons bien, que toutes nos équipes vont dans le bon sens. C’est aussi positif pour l’image de la marque. Or, il ne faut jamais oublier quelles étaient l’image et l’influence de Hyundai et Kia en Europe il y a encore dix ans…

JA. Puisque vous évoquez les deux marques du groupe, quels ont été les principaux changements pour vous depuis que vous avez aussi la responsabilité du design de Hyundai ?
PS.
C’est le double de travail ! Et reconnaissons que c’est parfois dur en termes de gestion d’agenda et des déplacements… Mais quel challenge ! C’est un défi vraiment très stimulant. Aujourd’hui, on peut dire que les deux marques ont beaucoup progressé, l’enjeu résidant désormais principalement dans une meilleure articulation entre elles.

JA. Cette articulation passe-t-elle par une différenciation accrue ?
PS.
La question de la différenciation est naturellement importante, mais ce n’est pas ce qui nous obsède. L’idée consiste davantage à conserver et développer deux marques fortes par elles-mêmes. C’est une façon de penser à part entière. En outre, au plan industriel, nous avons l’avantage de partager les mêmes plates-formes, ce qui fait que nous n’avons cette étape à franchir, elle est derrière nous.

JA. Par rapport au positionnement des deux marques, diriez-vous que Hyundai a une dimension plus Premium ?
PS.
Hyundai peut effectivement s’autoriser des sorties dans un environnement plus Premium, mais la différence reste subtile. En effet, nous ne sommes pas dans le cas de figure de Volkswagen et Audi et nos marques peuvent même être concurrentes.

JA. En Europe, même si Hyundai domine en volume, sauf en France, on a le sentiment que l’image de Kia est plus lisible et cohérente que celle, parfois plus troublée, de Hyundai ?
PS.
Je n’ai pas d’étude récente à mettre en avant sur ce sujet, mais on peut reconnaître que Kia est sans doute une marque plus européenne que Hyundai dans sa sensibilité. Et sur ce marché, par rapport à ce que je disais à l’instant, il est vrai que les marques sont en concurrence frontale.

JA. La Chine est désormais le 1er marché de Hyundai et le 2e pour Kia. Du point de vue du style, comment appréhendez-vous cette région névralgique ?
PS.
Sujet aussi vaste que complexe… Mais très intéressant ! Pour répondre brièvement, disons que nous devons intégrer le fait que les clients sont beaucoup plus jeunes en Chine que sur d’autres marchés. Par ailleurs, nous constatons que les véhicules issus de l’Europe de l’Ouest rencontrent un vif succès en Chine, le segment Premium en étant la meilleure illustration. Ainsi, c’est inexact de penser que les chinois aiment essentiellement un design clinquant. C’est beaucoup plus subtil que la dictature du chrome. Enfin, d’une manière générale, les choses sont plus subtiles qu’on ne peut le penser surtout qu’il n’y a pas une Chine, mais qu’il convient plus de parler “des Chines”.

JA. Partant de la Chine pour arriver aux enjeux de la congestion urbaine et du respect de l’environnement. L’acuité de ces nouvelles problématiques ne rend-elle pas le métier de designer plus compliqué, voire contraint ?
PS.
Je ne pense pas en ces termes. A mon sens, les choses ont toujours été complexes et l’industrie automobile a d’ailleurs accompli des progrès considérables au cours des dernières décennies. Et face aux nouveaux défis ou aux nouvelles réglementations, tous les constructeurs sont logés à la même enseigne. Et nous devons jongler avec des réglementations qui diffèrent selon les grandes régions du globe alors que nous sommes des constructeurs mondiaux. Alors, certes, on peut reconnaître que le choc piéton a été un casse-tête pour les designers, mais c’est aussi très stimulant. Et regardez tout ce qui est rendu possible par le biais de l’électronique et de la voiture connectée ! De nouvelles solutions sont à venir et à ce propos, nous présenterons un concept-car Hyundai important au Salon de Genève (N.D.L.R. : baptisé Intrado).

JA. Dans le panorama actuel du design automobile, hors de votre groupe, quelles réalisations ont particulièrement retenu votre attention ces temps derniers ?
PS.
Je reconnais volontiers que les derniers produits Jaguar et que l’Evoque m’ont beaucoup plu.

JA. Actuellement, quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
PS.
Nous nous nourrissons de beaucoup de choses, mais à titre personnel, j’ai toujours eu un lien particulier avec l’architecture, monumentale ou beaucoup plus modeste, ainsi qu’avec l’univers des meubles.

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