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Industrie

Altaroad, la start-up dans la cour des poids lourds

Publié le 14 avril 2020

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Connue dans les milieux de la recherche et de l'ingénierie civile, Altaroad a conquis le cœur du jury du Grand Prix ACF AutoTech. Sa technologie changera la manière de peser les camions et connectera les routes. Ce qui ne manque pas d'attirer l'attention.
Le simple détecteur au sol est un concentré de technologie qui calcule avec précision le poids des camions et édite des rapports.

 

Parfois, le monde des start-up réserve des surprises. De celles qui balaient d'un revers de main les idées reçues. Qui aurait crû, en effet, qu'un trio de femmes entrepreneuses changerait la donne dans le monde du transport routier en un peu plus de deux ans ? Il a fallu une savante conjugaison de talents, d'audace et une solution répondant à une problématique majeure du secteur : le contrôle du poids de chargement des camions. C’est sur cette base qu'est née l'aventure Altaroad, la star-up qui a remporté l'adhésion du jury du Grand Prix ACF AutoTech.

 

Au départ, il y avait Cécile Villette et Bérengère Lebental. Issue de Telecom Paris, la première fait valoir une maitrise des objets connectés et des modèles économiques de service associés. La seconde, passée par l'Iffstar (désormais Université Gustave Eiffel), détient un brevet pour un capteur destiné à faire "parler" les routes. Très vite s'est alors associée Rihab Jerbi, une ancienne de la maison PWC qui, en tant que spécialiste des déploiements industriels, avait participé au projet Linky, le compteur électrique communicant. Des profils qui leur octroie respectivement les rôles de directrice générale, directrice de la recherche et directrice des opérations. Voilà pour la structure.

 

Percée sur les chantiers

 

"Nous avions en tête de connecter les routes pour aider les services d'entretien à faire de la maintenance prédictive, explique Cécile Villette, mais nous avons compris au contact du secteur que la pesée des véhicules les plus lourds ouvrait des perspectives de marché à plus courtes échéances". Mais les cofondatrices d'Altaroad ont dû lister les cas d'usage pour cibler la niche au potentiel plus prometteur que les autres. Très rapidement, les sociétés du BTP y ont vu leur intérêt dans le dispositif proposé par le trio. "Il est compliqué de certifier le poids d'un véhicule à la sortie d'un chantier et pourtant cela engage légalement la responsabilité des chefs", reprend la directrice générale.  

 

Des sociétés telles que Léon Grosse, Eiffage ou Coteg du groupe Fayat ont signé. Altaroad leur a déployé le pack qui comprend la bande de détection au sol et les caméras d'identification, pour ce qui est du matériel, et la plateforme de traitement intelligent des données par laquelle remonte tous les rapports d'activité. Le responsable de chantier connait l'immatriculation des véhicules, le temps passé sur site et leur poids à l'entrée et à la sortie, entre autres informations. "Nous sommes les Amazon Go des chantiers, il suffit de passer au niveau du capteur", s'amuse à comparer Cécille Villette. Altaroad facture un abonnement à la plateforme et un montant variable en fonction du trafic.

 

Les parcs logistiques en 2021

 

La victoire au Grand Prix ACF Autotech n'était pas la première de l'histoire pour cette start-up née en 2017. Les cofondatrices remportant le trophée au Salon des Maires d'Ile-de-France 2019, mais surtout aux concours i-LAB et de l'Ademe. Des dotations qui, cumulées à la facturation des clients et aux soutiens d'investisseurs privés, ont permis à Altaroad de financer ses recherches en intelligence artificielle sans renoncer à son indépendance. Une situation plus confortable pour préparer l'avenir. "Nous voulons lancer une production en petite série pour répondre à la demande", confie la dirigeante. Hormis quelques composants électroniques en provenance de Chine, l'intégralité du projet industriel se veut "made in France".

 

Les gestionnaires de flottes de poids lourds n'ont pas manqué de repérer la start-up. Ils troqueraient volontiers leurs balances traditionnelles contre cette technologie plus légère, flexible et comprenant des automatisations à valeur ajoutée. Selon Cécile Villette, des contacts ont été pris. Certaines réflexions sont d'ailleurs assez avancées pour faire l'objet d'une clause de confidentialité. "Il s'agit d'acteurs du PL qui ont pour mission d'équiper les sites logistiques", se cantonne-t-elle à rapporter. Prudentes dans leur progression, elles franchiront le cap en 2021, laissant la priorité à leur cible initiale. Et cela résume assez bien leur force de caractère, la capacité à ne pas se laisser emporter par la vague d'engouement que suscite leur technologie de pointe.

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