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Quel impact de l'électrification sur l'après-vente des concessions ?

Publié le 7 octobre 2020

Par Alice Thuot
6 min de lecture
L'Anfa s’est penchée sur les effets de l’évolution des motorisations sur l’activité des services de l’automobile, à l’horizon 2036. Si cet impact n’est certes pas brutal, les ateliers de concessions et d'agents sont ceux qui ont le plus à perdre.
Le chiffre d'affaires des ateliers des concessions pourrait lourdement chuter dans les années à venir.
 
L’avis est partagé par de nombreux distributeurs : l’après-vente, pourtant pilier de leur rentabilité serait menacée par la montée en puissance dans le parc automobile français des modèles électrifiés. Autour de cette conviction, beaucoup de questions auxquelles tente aujourd’hui de répondre l’Anfa, à travers son étude sur l’impact des changements de motorisation sur l’activité des services de l’automobile.
 
 
Pour tenter d’évaluer le plus justement possible ce choc, trois scénarios d’évolution du parc ont été modélisés, à l’horizon 2036. Un scénario bas, dans lequel l’électrifié représenterait 25 % du parc VP et VUL, le diesel 38 %, l’essence 37 %. Un scénario médian projetant une croissance des électrifiés très rapide en 2020 et 2021, aboutissant à une pénétration de 30 % dans le parc d’ici 2036. Enfin, un troisième scénario haut laisse entrevoir un monde où les électrifiés deviennent le premier véhicule du foyer, représentant ainsi 40 % du parc, toujours d’ici 2036.
 
 
Autre modélisation réalisée, importante pour la projection de l’impact de l’évolution du parc auto : son âge moyen. Ainsi, ce dernier pourrait passer à 12 ans en 2036, contre 10,9 en 2020. Avec des disparités selon les motorisations : pour les diesel, l’âge moyen, de 10 ans actuellement, passerait à 14 ans dans le scénario bas et à 19 ans pour les scénarios médian et haut. Pour l’essence, l'âge moyen de 10 ans actuellement, serait de 13 ans dans les scenarios bas et haut, et de 11 ans dans le cas du médian. Et enfin, les 100 % électriques, à ce jour âgés de 2 ans en moyenne auront 6 ans dans les scénarios bas et médian, 5 ans de le scénario haut.
 
 
Baisse légère du nombre d’opérations
 
 
C’est sur cette base que l’Anfa a réalisé ses projections pour l’activité après-vente, et, tout d’abord, sur l’évolution du nombre d’opérations. En 2019, ce volume est évalué à 64 millions. À l’horizon 2036, l’estimation de la variation de ce nombre dépend, certes, de l’évolution du parc, mais aussi des évolutions structurelles de l’après-vente (baisse du kilométrage moyen, fiabilisation des véhicules, baisse de la fréquentation des après-ventes). Conséquence, même dans un scénario de faible développement de l’électrifié, les activités après-vente tendent à baisser.
 
 
Selon les scénarios, le nombre total d’opérations après-vente passerait ainsi de 64 millions à 62 millions dans le scénario bas, et à 61 millions d’opérations dans le cas haut, d’ici 2036. L’impact est donc assez modéré en matière de fréquentation atelier. On note toutefois une part de plus en plus importante des opérations liées aux pneus, alors que les électriques tendent à user plus rapidement ces éléments. Les réparations, à l’inverse, s’inscriraient sur une tendance négative. 
 
 
 
 
 
Jusqu’à 10 % de chute du chiffre d’affaires d’ici 2036
 
 
Autre évolution scrutée, celle du nombre d’heures de main d’oeuvre après-vente. Ce volume baisse finalement de façon plus sensible, quel que soit le scénario, pour passer de 160,6 millions d’heures en 2019 à 151 millions dans le scénario bas en 2036, 145 millions dans le scénario médian et 140 millions dans le scénario haut. 
 
 
 
 
L’Anfa s’est ensuite intéressée à l’impact sur le chiffre d’affaires en après-vente. Et ce, sachant que les dépenses en entretien d’un modèle 100 % électrique sont évaluées à la moitié de la valeur d’un thermique. Celles en réparation, rares sur un VE, sont en revanche un peu plus chères (+10 %) car liées à des éléments électroniques. Quant aux dépenses en pneumatiques, elles seraient constantes. Conséquence, dans le scénario bas, les thermiques représentent encore 80 % de l’ensemble du chiffre d’affaires qui avoisinerait les 46 milliards d’euros d’ici 2036, soit seulement un milliard de moins qu’en 2019. 
 
 
Dans le scénario médian, le chiffre d’affaires après-vente approcherait 44 milliards d’euros, alors que les 100 % électriques ne pèsent que 13 % de l’activité après-vente et le parc thermique vieillissant encore 76 %. Enfin, dans le scénario haut, le chiffre d’affaires après-vente chute de 10 %, à 42 milliards d’euros. Les essence et diesel représentent encore 69 % de ce chiffre d’affaires, l’électrique 21 %. Dans ce scénario, la contraction du chiffre d’affaires est d’abord lente (- 0,7 milliard les cinq premières années), puis s’accélère les cinq années suivantes (- 1,8 milliard), et plus encore sur la période 2030-2036 (- 2,5 milliards).
 
 
 
 
 
Les après-vente des concessions perdent du terrain
 
Tous les acteurs ne seraient pas impactés par cette évolution de la même façon. Selon l’étude, les concessionnaires et agents sont ceux qui ont le plus à perdre. Et pour cause, leur coeur d’activité, les véhicules thermiques de moins de 5 ans, aurait tendance à s’amenuiser,dans tous les cas de figure. Le parc de diesel restant, âgé, irait logiquement aux MRA, avec une facture annuelle d’environ 1 000 euros. Idem pour les essence, dont l’âge moyen tournerait autour des 11-13 ans, âge auxquels les propriétaires ne se tournent plus vers les ateliers des concessions. Les réseaux récupéreraient donc logiquement dans leurs ateliers les véhicules électrifiés, avec des opérations faiblement valorisées comparées aux thermiques. Les MRA seraient donc les principaux bénéficiaires de cette évolution, les ateliers des concessions et agents les grands perdants.
 
 
 
 
Ces derniers verraient selon les trois scenarios, leur part de marché passer de 30 % en 2019 à 28 % dans le scénario bas, 27 % pour les cas médian et haut. Le chiffre d’affaires serait aussi largement impacté, bien plus que pour les autres types d’acteurs. Dans le scénario bas, le recul a été estimé à 6 %, 9 % pour le médian, et près de 20 % pour le scénario haut. Avec bien sûr, des conséquences sur les emplois. Tous types d’acteurs confondus, ce sont entre 11 500 et 31 000 postes qui pourraient être supprimés d’ici 2036, d'après l’Anfa. Dans le pire des cas, 21 500 emplois seraient supprimés directement du fait de l’évolution des motorisations dans le parc et de son vieillissement, le reste du fait de la baisse du kilométrage, de la fiabilité des modèles et de la diminution des prestations d’entretien.
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