PSA embauche, Faurecia débauche
...dans son usine de Méru (Oise), un site jugé pas assez compétitif.
En dépit de la morosité actuelle du marché automobile, PSA demeure confiant. Son président, Jean-Martin Folz, table sur une stabilité de la marge opérationnelle du groupe en 2004 par rapport à l'année précédente, à 4 %. Cet optimisme se concrétise également par la volonté du constructeur français de recruter, en contrat à durée indéterminée, pas moins de 7 000 personnes en France, et ce dans sa branche automobile. Rappelons que PSA a procédé, l'an dernier, à 4 400 recrutements. Depuis cinq ans, le total des embauches s'élève à 75 000, dont 43 000 en France. Ce nouveau plan de recrutement portera sur 2 000 cadres et techniciens et sur 5 000 ouvriers. La firme explique que cette vague d'embauches, qui concerne la plupart des établissements français du groupe, répond à deux besoins : "D'une part, disposer des compétences supplémentaires nécessaires pour atteindre l'objectif de 4 millions de voitures vendues en 2006, dans le cadre d'un plan produit prévoyant le lancement de 26 nouveaux modèles entre 2003 et 2006, et d'autre part pourvoir aux remplacements des salariés qui bénéficient des dispositifs de préretraite ou retraite carrière longue." Concernant les postes d'ouvriers, une grande partie des recrutements sera ouverte à des personnes avec peu, voire pas de qualification professionnelle ; donc, a priori jeunes.
ZOOMPSA et l'emploi |
Anticiper les nombreux départs à la retraite dans le cadre du plan CASA
Jean-Luc Vergne, directeur des ressources humaines de PSA, précisait récemment que les recrutements intervenus lors des quatre dernières années ont concerné dans 85 % des cas des recrues de moins de 30 ans, toutes catégories de personnel confondues. L'un des objectifs de ce plan est également d'anticiper les nombreux départs à la retraite à venir. Ces derniers concernent notamment les salariés qui bénéficient, ou qui vont bénéficier, des dispositions du plan CASA (Cessation d'activité des salariés âgés). Ce plan permet à certains salariés, en fonction de leur poste et pas seulement de leur âge, de partir en préretraite. Le plan CASA, qui court sur la période 1999 à 2005, prévoit au total 12 000 départs. Dans ce cadre, encore 2 500 salariés doivent quitter l'entreprise d'ici février 2005. Sur les cinq dernières années, le groupe aura procédé à 10 000 créations nettes d'emplois. PSA précise que "ces recrutements permettront aussi de pérenniser certaines fonctions ou postes actuellement temporaires ou sous-traités à des prestataires extérieurs". En 2003, en France, le constructeur comptait environ 12 000 intérimaires pour 120 000 salariés. Parmi les postes aujourd'hui sous-traités qui vont se voir internalisés, une majorité concerne les bureaux d'études de PSA et donc des fonctions d'ingénieurs et de techniciens. Nombre de ces postes sont actuellement sous-traités à différentes sociétés d'ingénierie.
800 embauches sur le site de Sochaux dont 600 ouvriers
A titre d'exemple, le site de Sochaux recrutera cette année 800 salariés en contrat à durée indéterminée dans le cadre de ce plan. Ce sont 600 ouvriers et 200 ingénieurs qui intégreront le groupe. La direction du site sochalien explique qu'elle entend ainsi faire face à la montée en cadence de la production de la 307. Aujourd'hui, 55 % de la production de ce modèle est assurée à Sochaux ; cette part va passer à 80 % d'ici la fin du mois de juin. Ce site emploie depuis janvier 2004 un peu moins de 15 000 salariés. Si PSA recrute, Faurecia, sa filiale à 71 %, débauche. L'équipementier vient de présenter un projet de réorganisation de son usine de Méru, dans l'Oise, qui entraînerait la suppression de 273 postes sur un total de 807, soit un peu plus du tiers des effectifs. Faurecia précise que ce site, qui produit des planches de bord, des panneaux de porte et des pare-chocs, enregistre depuis trois ans une baisse continue de son chiffre d'affaires. Sur cette période, ses pertes opérationnelles se sont élevées à 43 millions d'euros. "L'usine de Méru est aujourd'hui jugée non performante par ses clients, rendant indispensable sa mise à niveau pour en assurer la pérennité", se justifie l'équipementier français. Il attribue ces mauvaises performances à une charge de production insuffisante ainsi qu'à une trop grande dispersion de ses lignes de produits
Création d'un centre de compétence pour les salariés
Le projet de modernisation permet, selon Faurecia, "un ajustement des effectifs aux besoins de la production". Le groupe précise que des mesures d'accompagnement seront proposées "afin de favoriser les reclassements internes et la mobilité". Par ailleurs, le projet prévoit la création d'un "centre de compétences" pour permettre aux opérateurs, aux techniciens et à l'encadrement de cette usine "d'acquérir les connaissances et méthodes de travail indispensables pour atteindre le niveau de performance exigé par les constructeurs automobiles". Un plan d'investissements industriels de plusieurs millions d'euros - aucun chiffre plus précis n'a été communiqué - devrait permettre de réorganiser les flux de production et les postes de travail, et de renforcer la sécurité.
Cyril André
ZOOMRenault n'est pas en reste "Renault aussi recrute. Nous recrutons régulièrement et, au terme de l'année 2004, nous aurons sur cinq ans embauché plus de 21 000 employés, salariés, ouvriers, cadres au sein du groupe Renault en France", a assuré le P-dg du constructeur de Boulogne-Billancourt, Louis Schweitzer. Ce dernier impute directement ces recrutements à la compétitivité de l'industrie automobile française. La firme a notamment annoncé l'embauche de 330 personnes en 2004 sur son site de Douai, en raison du "succès commercial de la Mégane II". |
ZOOMDégraissage en Grande-Bretagne Trois jours avant son annonce de recrutement massif en France, PSA a fait part de son intention de supprimer 700 postes dans son usine britannique de Ryton qui assemble les Peugeot 206 RC et SW. Le site de production, situé dans le centre de l'Angleterre, compte aujourd'hui 3 300 salariés. La mesure, qui sera effective le 23 juin, concerne les effectifs d'une équipe de travail. PSA explique son choix par le fait qu'il est "inhabituel qu'une usine compte quatre équipes, en passant désormais de quatre à trois équipes à Ryton, on revient donc à un mode de fonctionnement normal". Le constructeur assure mener des négociations avec les partenaires sociaux afin de 'tenter de trouver des solutions de reclassement en interne ou avec les autorités locales". |
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