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Les salariés de Volkswagen dans le doute

Publié le 23 septembre 2005

Par Alexandre Guillet
3 min de lecture
Les rumeurs concernant l'avenir des salariés de Volkswagen mènent un train d'enchères : 10 000 licenciements à ma droite, 6 000 au centre, 30 000 à ma gauche… Si la direction dément sans conviction les hypothèses les plus alarmistes, elle reconnaît devoir faire des économies drastiques. Volkswagen...
Les rumeurs concernant l'avenir des salariés de Volkswagen mènent un train d'enchères : 10 000 licenciements à ma droite, 6 000 au centre, 30 000 à ma gauche… Si la direction dément sans conviction les hypothèses les plus alarmistes, elle reconnaît devoir faire des économies drastiques. Volkswagen...

...titube… Et laisse libre champ au petit jeu des rumeurs et des supputations. Ainsi, le magazine allemand Automobilwoche a récemment lancé une bombe en annonçant que Volkswagen pourrait licencier jusqu'à 30 000 salariés. Une bombe car on ne parlait jusqu'alors outre-Rhin "que" de 10 à 14 000 suppressions de postes. Le porte-parole du groupe a réagi en indiquant que la direction considérait "ce chiffre comme de la pure invention". Rassurant ? Pas vraiment, les choses restant trop évasives et Bernd Pischetsrieder, président du directoire du groupe Volkswagen, affirmant peu après que plusieurs milliers d'emplois pourraient effectivement être menacés. Cet approximatif "plusieurs milliers" fait couler beaucoup d'encre. Théoriquement, l'accord conclu avec les syndicats, IG-Metall en tête, l'an passé interdit les licenciements secs jusqu'en 2012 en Allemagne… Mais Bernd Pischetsrieder a aussi rappelé que cet accord de garantie pouvait être remis en cause en dernier recours sur la base d'une clause stipulant que "la direction pouvait à nouveau renégocier si l'environnement économique l'exigeait". Or en dépit de quelques annonces rassurantes émanant de Hans Dieter Pötsch, directeur financier du groupe, sur le résultat d'exploitation ou de Bernd Pischetsrieder concernant l'objectif de cinq millions de ventes pour l'année en cours, chacun sait que le groupe traverse une période très difficile. Les performances en berne du groupe sur les marchés chinois et américain en sont une parfaite illustration.

Vers un cocktail "plan de rigueur-plan social"

Pour sortir de la crise, le groupe envisage d'officialiser un programme de réduction des coûts portant sur 10 milliards d'euros d'ici 2008. D'importantes économies seraient réalisées au niveau du département "achats" et de la production. Malgré ce plan de rigueur, il apparaît aussi fort probable que le groupe soit contraint de réduire ses effectifs dans un avenir proche. Moins équivoque que Bernd Pischetsrieder, Reinhard Jung, responsable de la production et la logistique, s'est ainsi fendu la semaine passée d'un lapidaire et sans appel : "Il y aura des suppressions d'emplois importantes". Dès lors, plusieurs scénarios sont envisageables. Dans un premier temps, il semble acquis que les dirigeants de Volkswagen vont jouer sur le levier des départs volontaires et des pré-retraites. Dans ce cadre, même le personnel allemand pourrait être réduit, notamment sur le site historique de Wolfsburg. Par ailleurs, selon une hypothèse plus sombre, une usine comme celle de Bruxelles, rassemblant 5 700 salariés, pourrait se sentir menacée. Enfin, puisque Bernd Pischetsrieder n'a pas écarté cette éventualité, on ne peut pas exclure le scénario radical du "dernier recours" et de la rupture de l'accord conclu avec les syndicats allemands. L'affaire prendrait alors une forte tournure politique, mais il serait illusoire de miser sur un deux ex-machina émanant de l'état allemand. Si le chancelier Schröder, sur fond de campagne électorale acharnée face à Merkel, a consensuellement incité les constructeurs nationaux à la négociation avec les syndicats pour limiter les suppressions d'emplois, Christian Wulff, premier ministre de l'Etat de Basse-Saxe, a souligné qu'il "serait fondamentalement mauvais d'attendre de Volkswagen quelque chose qui serait économiquement déraisonnable". Des licenciements significatifs semblent donc inévitables. Reste à savoir quand, combien et où…


Alexandre Guillet

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