L'enfer d'une vie sans voiture
"Incarnant liberté et cohésion territoriale, la voiture cumule des dimensions utilitaire et symbolique qu’aucun autre moyen de locomotion n’a pu encore efficacement remplacer", déclare Yoann Demoli, sociologue de l'automobile. 90 % des Français pensent qu'une vie sans voiture serait compliquée, 72 % estiment même qu'elle serait quasi impossible, voire impossible. C'est ce que soulève l'étude d'Ipsos. La voiture est un moyen de transport bien ancré dans le quotidien des français et elle est en plus très appréciée comme le déclarent 9 Français sur 10.
Dans les ménages, 92 % possèdent au moins une voiture et 39 % d'entre eux en possèdent deux. "Si la voiture reste indispensable pour la plupart des Français, c’est qu’elle permet de résoudre une équation spatiotemporelle de plus en plus complexe. Les emplois du temps sont très contraints, désynchronisés au sein de la famille, l’habitation est éloignée du travail… Tandis que des Français qui n’étaient pas équipés ont désormais une voiture, de plus en plus ont au moins deux voitures, une tendance à la hausse ", ajoute Yoann Demoli.
La dépendance à la voiture des populations rurales
Malgré la répartition équitable du parc automobile sur le territoire, les habitants éloignés des métropoles ressentent évidemment une dépendance à la voiture. En décortiquant les chiffres sur le rapport à la vie sans voiture, 73 % des habitants en régions reconnaissent que la vie sans voiture serait impossible, contre 63 % des Franciliens. Ils sont d'ailleurs une majorité à posséder une deuxième voiture dans leur foyer (62 % contre 44 % pour les urbains). De plus, 94 % des ruraux ont le permis B contre 86 % des urbains.
88% des Français ont le permis
Concernant le permis, le taux de détenteurs du papier rose n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui. Alors qu'il était de 82,6 % en 2007, il est de 88 % en 2022, soit deux points de plus qu'en 2018. Le passage du permis reste une étape essentielle dans la vie des Français. Si c'était à refaire, les trois quarts d'entre eux le repasserait au même moment. Parmi le quart restant, 23 % l'aurait passé plus tôt. Pour ceux qui n'ont pas encore le permis, 54 % souhaiteraient le passer et 22 % regrettent même de ne pas l'avoir fait plus tôt.
En ce qui concerne les jeunes (16-24 ans), ils sont 57 % de détenteurs du permis mais selon le sondage, ils se rattrapent les années suivantes puisque 86 % des 25-34 ans l'ont en leur possession.
Les voitures d'occasion sont en vogue dans l’Hexagone. Dans 6 cas sur 10 les Français sont détenteurs de ces véhicules-là comme l'explique Yoann Demoli : "Ce n’est pas une surprise que les ménages se tournent vers l’occasion, majoritairement diesel et essence, pour l’achat d’un véhicule : ils disposent en moyenne d’un budget de 3 000 euros, bien loin des 30 000 euros nécessaires pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride neuf d’entrée de gamme ".
Les conducteurs satisfaits de leur véhicule
Globalement satisfaits du véhicule qu'ils possèdent, les trois-quarts des personnes interrogées déclarent qu'elles achèteraient le même modèle que celui qu'elles ont déjà. Parmi les 18 % d'insatisfaits, les raisons sont souvent pour des raisons de coût, 18 % trouvent le carburant trop cher et 15 % dénonce un entretien trop onéreux. Les autres raisons d'insatisfactions se trouvent être dans 26 % des cas pour des raisons de performance insuffisante et 30 % des raisons de taille du véhicule.
Dans le cas où ils auraient un budget libre, les Français choisiraient dans 24 % des cas un véhicule moins polluant et 14 % opteraient pour un véhicule moins couteux en carburant. Ces chiffres diffèrent d'ailleurs selon le sexe, 16 % des femmes contre 12 % des hommes iraient vers un véhicule plus économique et 26 % des hommes se dirigeraient vers un véhicule plus écologique contre 21 % des femmes.
Entre les centres piétonnisés, la limitation à 30 km/h, l'établissement progressif des zones à faibles émissions et l’interdiction progressive des véhicules thermiques, entre autres, les mesures limitant la liberté d'utilisation des voitures ne manquent pas aujourd'hui. Malgré ces nouvelles contraintes réglementaires et les évènements de la vie de tous les jours, peu d’événements inciteraient les Français à se passer de voiture. Pour Yoann Demoli, "le sondage met ainsi en lumière les contradictions d’une période : jamais la place de la voiture n’a été aussi remise en question tandis qu’elle n’a jamais été aussi essentielle dans la vie quotidienne des Français".
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