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Formation : Le point de vue de l’expert

Publié le 15 juin 2007

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Nous avons sollicité Christophe Muyllaert, responsable du pôle automobile France du cabinet Mercuri Urval, pour identifier les atouts que doit faire valoir un jeune ingénieur à l'embauche. Pourfendant quelques idées reçues, il nous livre des éclairages pertinents, notamment sur l'importance...
Nous avons sollicité Christophe Muyllaert, responsable du pôle automobile France du cabinet Mercuri Urval, pour identifier les atouts que doit faire valoir un jeune ingénieur à l'embauche. Pourfendant quelques idées reçues, il nous livre des éclairages pertinents, notamment sur l'importance...

...du savoir-être.

Le statut de l'ingénieur

"Au-delà des naturelles évolutions de compétences liées aux technologies et aux avancées scientifiques, le statut de l'ingénieur a considérablement évolué. L'ingénieur n'est plus aussi central qu'auparavant, c'est-à-dire que ce n'est plus lui qui dispatche les missions, mais qu'il s'intègre dans une chaîne plus globale. Son rôle reste déterminant, bien entendu, mais cela signifie qu'il doit désormais savoir travailler dans le cadre d'un mode projet".

Les atouts à faire valoir par un jeune ingénieur sur le marché de l'emploi

"Il convient de préciser que cette réflexion s'applique aux jeunes ingénieurs, d'environ 25-30 ans. Elle ne serait naturellement pas similaire dans le cas d'un ingénieur de 50 ans doté d'une solide expérience professionnelle. En schématisant un brin, on peut dire l'identification du profil idoine s'opère au gré d'un triangle "Savoir/Savoir-être/Savoir-faire". "La plupart des jeunes candidats cherchent à mettre en avant leur savoir, mais ce n'est pas la meilleure carte à jouer. Le savoir, nous savons qu'ils le possèdent, leurs diplômes en attestent. Le savoir-faire, ils vont l'acquérir au fil de leur carrière. Donc, l'enjeu clef pour un jeune ingénieur, c'est le savoir-être. A savoir le comportement et la personnalité. Il est attendu, et bien souvent sélectionné par rapport à ce périmètre".

Savoir-être : les critères décisifs à l'embauche

"Sans rentrer dans l'exhaustivité des grilles d'évaluation du savoir-être que nous utilisons, plusieurs critères peuvent être mis en exergue. Tout d'abord, la capacité d'analyse du candidat est importante. Au même titre que sa curiosité, vis-à-vis des choses comme des personnes. Nous sommes aussi attentifs au niveau de confiance en soi, car cela conditionne notamment la capacité à trancher et prendre les décisions. Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de privilégier ceux qui passent en force, mais plutôt ceux qui s'appuient sur leur capacité à influencer pour convaincre en suggérant, en dialoguant ou en expliquant. Par ailleurs, nous accordons de l'importance aux dimensions relationnelles qui permettent de voir, par exemple, si le candidat est fait pour le travail en équipe et comment il travaille au sein de l'équipe. Dans cette même optique, la




CURRICULUM VITAE

  • Nom : Muyllaert
  • Prénom : Christophe
  • marié, 1 enfant

    Diplômé de l'Ecole Supérieure de Gestion de Paris, Christophe Muyllaert débute sa carrière dans l'industrie pétrolière comme animateur et responsable du développement d'un réseau de stations-service, puis comme key account manager France en lubrifiants pour l'industrie, et enfin, comme market development manager à l'international. Il rejoint ensuite un constructeur automobile français comme responsable régional réseau, avant de prendre la direction d'une succursale parisienne. En 2003, il prend une orientation clairement RH en intégrant Mercuri Urval et en développant les activités automobiles du cabinet.

  • volonté de partage est de plus en plus importante. De surcroît, nous nous attardons sur la structuration de l'individu : ses méthodes et ses qualités d'organisation, autant d'éléments déterminants pour pouvoir travailler en mode projet.
    En somme, l'enjeu consiste à trouver le "mode d'emploi" de chaque ingénieur. Il faut savoir comment il fonctionnera dans l'entreprise. Il s'agit d'une condition sine qua non pour s'assurer qu'il va être actif et moteur en mode projet. Et dans une perspective plus vaste, cela permet de constituer des équipes variées, mais complémentaires".

    Le rôle de l'entreprise dans le recrutement

    "Le sujet est très vaste, mais j'insiste sur un point : l'entreprise doit se poser les bonnes questions et définir précisément son projet pour trouver ensuite les bonnes et justes compétences. Cela semble aller de soi, mais très régulièrement, les fiches de postes des entreprises fonctionnent dans l'absolu sans être spécifiquement calibrées pour le projet visé. En outre, il est nécessaire de savoir faire des choix et de sélectionner les compétences dont on a besoin pour en faire des critères de sélection discriminants. Or au-delà de cinq, un maximum, même en voulant bien faire, on prend le risque de se retrouver avec des moutons à quinze pattes".

    Le savoir-être et l'entretien de sélection

    "Durant les entretiens, le candidat est maître à bord, c'est lui qui fera ou non la différence. Il faut donc se préparer en se posant les bonnes questions pour mettre en valeur ses forces. Et j'insiste encore sur le fait que la différence se fait sur le savoir-être et non sur le savoir. C'est dans cet espace que se trouve la performance. Par exemple, au moment de parler de ses stages, le candidat ne doit pas s'éterniser sur le sujet du stage, mais plutôt expliquer comment il a vécu son stage et ce qu'il en a retiré".

    L'intégration du savoir-être dans la formation des écoles d'ingénieurs

    "D'une manière générale, les écoles d'ingénieurs tournent aujourd'hui autour de cette notion, mais ne l'ont pas encore pleinement intégrée. Les écoles de commerce ont un peu d'avance dans ce domaine. Pourtant, c'est aussi fort bénéfique pour une école, notamment à l'admission, car cela lui permet d'avoir des promotions homogènes, critère décisif pour l'entreprise et les cabinets comme les nôtres. Donc de pouvoir faire valoir une marque de fabrique, ce qui n'a bien entendu rien à voir avec la formation de clones".

    Quid des ingénieurs issus de l'université

    "Je ne peux pas m'exprimer sur ce point car nous n'en voyons pas suffisamment pour pouvoir émettre un jugement vraiment objectif. Cependant, une chose apparaît clairement : les ingénieurs issus de l'université ne sont pas toujours très bien préparés pour aborder l'entretien professionnel".

    La place des ingénieurs français dans le monde

    "Les ingénieurs français ont aujourd'hui une très bonne culture de l'international. Les choses se sont nettement améliorées en l'espace de dix ans. Ils sont aussi plus ouverts. Et ils ont pris conscience qu'il est indispensable d'avoir un bon niveau en langues étrangères. Ils maîtrisent souvent très bien deux langues étrangères. Et comme leurs compétences sont bonnes, l'idée reçue qui veut que les ingénieurs français n'appartiennent plus à l'élite mondiale n'apparaît donc nullement fondée".


    Propos recueillis par
    Alexandre Guillet

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