S'abonner
Social

Entretien : Marc Fritisse, directeur du CFA Aforpa

Publié le 6 juin 2008

Par Armindo Dias
5 min de lecture
"Nous développons le Bac Pro"Pour le responsable de l'un des organismes de formation les plus réputés dans l'Hexagone, les futurs professionnels du monde de l'auto se devront d'être à la pointe de la technologie....
"Nous développons le Bac Pro"Pour le responsable de l'un des organismes de formation les plus réputés dans l'Hexagone, les futurs professionnels du monde de l'auto se devront d'être à la pointe de la technologie....

...Journal de l'Automobile. Les apprentis que vous formez chaque année sont-ils véritablement passionnés par le secteur de l'automobile ?
MARC FRITISSE. Ils le sont de plus en plus. Les métiers du monde de l'auto sont devenus plus techniques et ils s'appuient chaque jour un peu plus sur des solutions électroniques et informatiques, y compris dans les métiers de la carrosserie et de la peinture. Le niveau global de nos apprentis tend donc à s'élever, et ce d'autant plus rapidement que le système d'orientation a désormais pris en compte tous ces paramètres. Rien d'étonnant donc si nous développons le Bac Pro, ce diplôme étant amené à devenir la référence en matière de formation dans le secteur de l'automobile. Nous accueillons toujours plus d'élèves dans nos différentes sections de Bac Pro (Ndlr : mécanique et carrosserie). Conséquence logique, le monde de l'automobile risque aussi de se montrer de plus en plus sélectif.

JA. Dans quels types de réseaux sont surtout formés puis travaillent vos différents apprentis ?
MF. Ils travaillent pour l'essentiel chez des agents, des concessionnaires et des carrossiers indépendants, qui représentent respectivement 70 %, 20 % et 10 % de nos "placements". Nous disposons à ce jour d'un fichier comprenant pas moins de 4 000 entreprises, chacune de ces entités étant mise en relation avec nos apprentis via notre cellule de communication développement. Certains de nos apprentis officient également chez des constructeurs mais c'est plutôt rare. En effet, les constructeurs ne dépendent pas de la même convention collective que les garagistes. Ils évoluent au sein de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) alors que les garagistes appartiennent la branche du Commerce et de la Réparation Automobile.

JA. Comment expliquez-vous que de très nombreux apprentis souhaitent travailler pour des marques Premium ?
MF. Ils rêvent quelque peu mais c'est normal. Ces marques véhiculent des images très fortes. Bien évidemment, les jeunes qui se lancent aujourd'hui dans le monde de l'auto ont plus de chances de travailler pour une marque disposant de très nombreux points de vente. Pour preuve : nos élèves travaillent pour Renault, Peugeot ou Citroën à 70 %, les autres officiant essentiellement pour Toyota, Opel, Volkswagen et Ford. Tous nos apprentis peuvent néanmoins postuler auprès de marques Premium, d'autant que nous enregistrons des résultats au-dessus de la moyenne dans l'Hexagone. Notre taux de rupture de contrat en cours d'apprentissage est inférieur à 6 %, notre organisme enregistrant un taux de réussite aux examens de 86 %. L'Aforpa affiche par ailleurs un taux d'emploi à l'issue des formations supérieur à 80 %.

JA. Comprenez-vous que des professionnels de l'automobile reprochent aux organismes de formation d'apprendre parfois aux apprentis des techniques devenues quelque peu obsolètes ?
MF. Oui et non. Oui, car effectivement certaines techniques sont en voie de disparition. Et non, car le parc de véhicule comporte encore des techniques anciennes comme la carburation. Nous devons donc les enseigner aux apprentis car ils sont susceptibles d'y être confrontés au cours de leur carrière. Des apprentis sont appelés à intervenir sur de vieux véhicules ou des voitures de collection. Il convient par ailleurs de tenir compte du fait que la connaissance de tout ou partie de ces techniques accroît sensiblement la maîtrise technique de ceux qui y ont été formés. Personne ne sait comment évoluera la carrière des apprentis. Aussi, il est important de les former aussi largement que possible. Bref, c'est un plus qui est loin d'être négligeable pour l'ensemble de nos apprentis.

JA. Selon vous, pourquoi les apprentis sont si peu intéressés par les enseignes ?
MF. Les apprentis sont peu attirés par les enseignes car ils les voient comme des entreprises n'exécutant que des interventions de base : vidanges, changement de pièces d'usure comme freins et pneus… Or, ils souhaitent intervenir sur des systèmes plus complexes car jugés plus intéressants. Bref, les enseignes ne permettent pas vraiment aux jeunes de mettre en pratique et de tester leurs nouvelles compétences en matière technologique, en particulier au niveau du bac professionnel. Par ailleurs, ces enseignes misent parfois moins sur les aspects techniques ou mécaniques que sur les ventes additionnelles. Des situations auxquelles ne souhaitent pas être confrontés la majorité de nos apprentis. A ce jour, ils sont dans 80 % des cas embauchés dans des entreprises de moins de 10 salariés.

JA. Comptez-vous accroître le nombre de centres dépendant actuellement de l'Aforpa ?
MF. Ce n'est pas à l'ordre du jour, d'autant que le marché de l'automobile est actuellement en phase de mutation donc il est difficile d'écrire l'avenir. A ce jour, l'Aforpa est constituée de sept sites répartis en Ile-de-France et nous nous attachons à faire évoluer le nombre d'inscriptions pour remplir au mieux les quelque 70 sections de formation ouvertes qui peuvent accueillir 1 850 jeunes comparativement au 1 650 qui sont actuellement présents.

JA. Comment adaptez-vous vos personnels aux nouvelles techniques ?
MF. Pour cela, nous envoyons régulièrement nos formateurs en stages chez des constructeurs mais aussi se perfectionner au sein du Groupement National pour la Formation Automobile (GNFA). Cela explique pour partie que nous soyons l'un des organismes de formation les plus réputés dans l'Hexagone.

Photo : Marc fritisse, "Nous accueillons toujours plus d'élèves dans nos différentes sections de Bac Pro." 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle