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Cherchez la femme…

Publié le 3 septembre 2004

Par Tanguy Merrien
8 min de lecture
D'aucuns, mal intentionnés et un brin phallocrates, pensent encore que l'automobile est une histoire d'hommes. Ceux-là ne regardent pas la télé, ne lisent pas les journaux et n'ont pas vu les dernières-nées des constructeurs… Sinon, peut-être auraient-ils constaté que la voiture et la femme font désormais...
D'aucuns, mal intentionnés et un brin phallocrates, pensent encore que l'automobile est une histoire d'hommes. Ceux-là ne regardent pas la télé, ne lisent pas les journaux et n'ont pas vu les dernières-nées des constructeurs… Sinon, peut-être auraient-ils constaté que la voiture et la femme font désormais...

...cause commune.

Il  fut un temps où, pour vanter les mérites d'un véhicule, une jolie pin-up, de préférence blonde, prenait une pose lascive et inspirée auprès dudit véhicule… Les clichés avaient alors la part belle. Aujourd'hui, lorsque Claudia Schiffer vend son image à Citroën, elle ne se contente plus d'onduler autour de la voiture. Elle donne carrément de sa personne en simulant un crash test sur le toit d'un building. Aux yeux de tout un chacun, la femme obtient avec brio son permis de conduire ! A l'instar de la publicité, de plus en plus de magazines féminins consacrent des rubriques, voire des numéros spéciaux, à l'automobile. Quelques sites Internet se positionnant à la fois sur l'automobile et la femme font leur apparition sur la Toile. Les grands noms de la couture et du luxe vont même jusqu'à habiller des top models à quatre roues. Quant aux constructeurs, ils avouent, sans hésiter, être influencés par les désirs des femmes pour concevoir un nouveau modèle. Est-ce à dire que l'automobile n'est plus uniquement d'obédience masculine ? Ne nous emballons pas. Si la femme a désormais voix au chapitre, la "passion automobile" reste encore très masculine et les amateurs de F1 et autres lecteurs de journaux spécialisés sont bel et bien des hommes.

Design et maniabilité : des priorités féminines

Lorsque Monsieur et Madame se rendent chez leur concessionnaire dans le but d'acquérir une nouvelle auto, le choix de Madame pèse pour 60 % dans la décision du couple… Du coup, les constructeurs rivalisent désormais d'ingéniosité pour sortir, qui la voiture la plus maniable, qui la plus colorée ou encore, qui la plus pratique. Conscient du phénomène, la société de LLD LeasePlan a réalisé avec Ipsos une étude sur les relations des femmes avec leur véhicule professionnel. Si l'étude est essentiellement centrée sur les rapports de la gent féminine avec les voitures de fonction, elle peut également être étendue aux véhicules dits "personnels". L'étude révèle, par exemple, que 52 % des femmes actives interrogées roulent en "citadines" comme la Golf, la 106 ou encore la Clio. Certes, dans le cadre professionnel, la liberté de choix des véhicules est quelque peu restreinte. Néanmoins, même dans l'intimité, le cœur des femmes balance bien souvent, comme le précise Ségolène Arnal chez Renault, "entre le design en premier lieu et ensuite le prix et la maniabilité". Puis elle ajoute : "Les femmes ont toujours une utilisation très citadine de leur véhicule. Forcément, elles préfèrent une petite voiture maniable, compacte, avec la direction assistée et qu'elles peuvent garer facilement." Au point qu'aujourd'hui, dans le segment des petites voitures, un acheteur sur deux est… une acheteuse ! Un succès qui ne laisse évidemment pas de marbre les constructeurs. S'ils se refusent à construire un véhicule spécifique au sexe féminin, par peur, sans doute, d'être taxés de discrimination, les constructeurs s'attardent néanmoins maintenant sur l'esthétique et les matières de leurs véhicules. En 1992, la Twingo - qui, est-il besoin de le préciser, avait pour chef de projet une femme : Elisabeth Bougis ! - pousse vers les oubliettes des couleurs de carrosserie d'une affligeante banalité pour imposer des rose bonbon, vert pomme ou jaune poussin. Il fallait oser imposer le vif dans un parc automobile fait de noir, de blanc, de rouge et de gris ! Et, pourtant, le succès de la Twingo n'est plus à démontrer et a fait, depuis, des émules, tels Nissan ou Citroën (pour ne citer qu'eux) qui arborent sans aucun complexe des carrosseries orange ou bleu nacré.





Implication féminine
60 %, c'est le taux d'influence des femmes dans le choix du véhicule au sein du couple
52 % des femmes roulent en "citadines"
70 % des femmes déclarent respecter les limitations de vitesse contre, 62 % des hommes Source : LeasePlan-Ipsos

Quand la voiture de l'homme devient celle de la femme

Les monospaces et autres 4x4 ont, eux aussi, la préférence des femmes. Les premiers parce que les femmes sont également mères de famille. Quant au second : "Aujourd'hui, 96 % des conductrices, déclare Ségolène Arnal, se disent très favorables à tout ce qui concerne la sécurité au volant. C'est pour cette raison que beaucoup d'acheteurs sur ce type de véhicules sont des femmes. C'est subjectif, évidemment, mais c'est comme cela !" Et, sans aucune surprise, les femmes déclarent respecter davantage les limitations de vitesse que les hommes (70 % contre 62 %) et considérer, à 83 %, le port de la ceinture de sécurité comme un automatisme. Enfin, alors que les constructeurs brandissent l'environnement comme un outil de marketing, les femmes - comme les hommes d'ailleurs - s'en préoccupent finalement assez peu. Seuls 9 % d'entre elles considèrent que le respect de l'environnement est une motivation d'achat d'un véhicule. A se demander si les opérations de marketing environnemental des constructeurs sont tout à fait justifiées !
Si la sécurité joue pour beaucoup dans leur choix, l'évolution des mœurs, elle aussi, a une influence non négligeable sur l'attitude des femmes par rapport à l'automobile. En effet, quand, dans les années 70, la femme a commencé à abandonner couches-culottes et serpillière pour trouver son émancipation dans la vie active, la voiture est tout naturellement devenue, pour elle aussi, un instrument de mobilité, d'autonomie, voire d'indépendance. Du coup, alors qu'il y a encore de cela une poignée d'années, il était parfaitement inconcevable d'imaginer une femme s'intéresser de près ou de loin à la mécanique, aujourd'hui, un constat s'impose. En effet, de plus en plus de femmes s'attardent sur le comportement dynamique d'un véhicule, sur son moteur, sur le type de boîte de vitesses ; en d'autres termes, sur les performances intrinsèques de l'automobile. "En fait, poursuit Ségolène Arnal, il semblerait que les femmes vont de plus en plus vers des terrains d'hommes et que les hommes, eux, vont de plus en plus vers des terrains de femmes." Est-ce à dire qu'en matière d'automobile, c'est désormais la femme qui porte la culotte au sein du couple ? N'anticipons pas, l'ère des Amazones n'est pas pour demain. Pour autant, les hommes portent une attention croissante à tout ce qui touche à la commodité intérieure du véhicule (rangements, boîte à gant…), aspect qui, il y a peu, était encore une préoccupation essentiellement féminine. Pendant ce temps-là, Madame dit aimer les voitures au look sportif et racé et un tiers des conductrices avouent sans complexe aimer conduire vite ! Résultat, d'après Renault, environ 40 % de la clientèle de cabriolets est féminine. La faute à l'image statutaire que ce genre de véhicule procure. Les femmes s'assument socialement et professionnellement… et ne s'en cachent pas.

En voiture comme à la maison…

Reste que si, en matière de véhicules, les femmes s'accaparent certaines préoccupations toutes masculines, une femme reste une femme… C'est ce que tend à montrer une étude TNS Sofres réalisée pour l'équipementier Siemens VDO Automotive. Les clichés ont la vie dure et, malgré leur émancipation, les femmes estiment toujours, à 35,3 %, que le sens de l'orientation leur fait défaut. Et les choses se gâtent encore lorsqu'elles doivent lire une carte routière : "En tant que copilote, ce plaisir revient aux femmes… Plaisir qui se transforme le plus souvent en cauchemar et débouche régulièrement sur une dispute avec le conducteur (13,9 %), tout en étant une source d'énervement (26 %), voire de danger (15,3 %)." Vive le GPS, en somme !
Quant aux résultats de l'étude Ipsos/LeasePlan concernant les activités des femmes au volant, ils ne surprendront évidemment pas les machos. Insolites jusqu'au bout des ongles, les femmes ne se contentent pas simplement, dans leur véhicule, d'écouter la radio ou de chanter à tue-tête. Pour elles, la voiture est bien plus qu'un simple moyen de transport, c'est presque une résidence secondaire, ce qui explique que dans leur véhicule : elles se coiffent à 18 %, lisent le journal à 17 %, dorment à 16 %, changent de tenue à 14 %, se maquillent à 11 %… mais aussi : draguent à 13 % et flirtent ou font l'amour à 12 % ! A noter que deux fois plus d'hommes que de femmes déclarent faire l'amour en voiture… Alors, excès de vantardise masculine ou discrétion féminine ?


Ambre Delage





Le bon sens féminin
Dès la fin du XIXe siècle, certaines femmes ont su rendre l'automobile plus pratique. C'est ainsi qu'en 1897, mademoiselle Davy de Cussé fixe un miroir à l'avant de sa voiture "pour voir ce qui se passe derrière". Elle dépose alors un brevet pour cet objet, ancêtre de nos rétroviseurs. Une chronique de journal de l'époque le décrit comme "un instrument baroque et sans suite". Pourtant, en France, la duchesse d'Uzès, première femme de l'histoire à avoir obtenu son permis de conduire, en fait doter ses voitures dès 1910. Au cours des années 20, le rétroviseur s'affirme comme équipement de série. Source : histomobile.com

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