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Automobile : dans l'attente du décret sur le chômage partiel

Publié le 24 mars 2020

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Les réparateurs qui ne peuvent ouvrir faute de clients ou de protections suffisantes pourront-ils prétendre au chômage partiel ? L'inquiétude grandit dans les réseaux en attendant le décret d'application.
Mises à part quelques urgences, les ateliers de réparation ne peuvent fonctionner normalement, faute de clients mais aussi de pièces.

 

L’inquiétude monte dans les réseaux de réparation et la distribution automobile : pourquoi le gouvernement ne cesse de rappeler que les ateliers de l’après-vente sont autorisés à ouvrir ? Pour ce patron d’un groupe automobile, la crainte est réelle. "Tout est dans la nuance et elle est de taille : nous sommes autorisés à ouvrir comme le martèle le gouvernement, nous gérons les astreintes comme le font tous les professionnels mais nous n’avons aucune protection, pas de gel hydroalcoolique, pas de masques, que nous avons donnés au personnel soignant de l’hôpital le plus proche, et surtout nous n’avons plus de client donc il ne nous est pas possible d’assurer une ouverture classique. Ce décalage dans le discours nous fait craindre le pire et notamment que le gouvernement refuse de nous payer le chômage partiel."

 

Le décret, qui doit préciser les conditions d’accès au chômage partiel ne devrait pas être signé avant demain et l’attente se fait longue. "C’est la plus grosse appréhension dans le secteur", confirme ce dirigeant qui préfère également rester anonyme. "Nous avons déjà réalisé les dossiers de chômage partiel pour nos services commerciaux, comptables, marketing et ils sont tous été validés. Mais nous attendons encore pour nos salariés dans les ateliers car nous ne connaissons pas encore les modalités et il faut savoir que tout dossier refusé ne peut être soumis à nouveau aux autorités compétentes."

 

"Chacun doit prendre ses responsabilités"

 

A ce jour, le ministère du Travail n’a pas encore rendu de position officielle mais Muriel Pénicaud, invitée sur la chaîne BFM Business, ce 24 mars 2020 indiquait que "très peu de secteur en France pouvait se passer totalement d’activité. Beaucoup de métiers sont concernés mais il faut accepter d’avoir moins de productivité et moins de rentabilité.

 

A ce jour, le ministère annonçait près de 37 000 entreprises ayant déposé un dossier de chômage partiel concernant 700 000 salariés. "Mais j’ai transmis une note aux Direcctes (NDLR Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ajoutait la ministre du Travail "pour qu’il n’y ait pas de différence d’interprétation. Tous les secteurs d’activité, toutes les tailles d’entreprises pourront bénéficier du dispositif et pas uniquement celles qui ne peuvent recevoir du public, qui n’est pas le sujet. Car si un fournisseur ne peut plus livrer de pièces ou s’il n’y a pas de client, les entreprises ne peuvent pas fonctionner. En revanche, je demande à chacun de prendre ses responsabilités. 8 millions sur les 20 millions de salariés que compte le secteur privé peuvent travailler. 24 textes seront présentés en conseil des ministres dès demain."

 

Dans les groupes de distribution, l’attente est forte. Si les ateliers ont la possibilité de rester ouverts, beaucoup de salariés veulent exercer leur droit de retrait. "Comment faire fonctionner un après-vente avec un rendez-vous par semaine ? interroge un dirigeant de groupe. Il nous est impossible de couvrir nos charges avec ce niveau d’activité même si nous avons un numéro d’urgence pour toutes les professions prioritaires. Les clients n’ont pas l’autorisation de se déplacer pour ce type d’intervention."

 

Pour cet autre directeur général, il s’agit de prouver son niveau d’activité : "Nous travaillons déjà depuis plusieurs mois avec BusinessLead qui nous permet de traquer nos appels entrants et nos leads. Je pourrai montrer le cas échéant que nos demandes ont chuté de 90 % depuis le confinement."

 

"Nous avons privilégié les congés dans un premier temps et actionné les reports de charges", répond ce patron de groupe "mais si le chômage partiel nous est refusé, je ne vois pas comment nous pourrons payer une telle masse salariale sans chômage partiel. "Heureusement nous avons un bon soutien du CNPA qui se bat énormément. Nous verrons pour le reste si les paroles seront confirmées par les actes."

 

Chez PSA Aftermarket, une des solutions trouvées a été de n’ouvrir que 14 centres d’après-vente en France. Une manière de concentrer les efforts sur un nombre restreint d’ateliers, avec un protocole sanitaire élaboré avec la cellule médicale du groupe PSA, pour limiter les pertes.

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