Un marché européen durablement déprimé
L'Europe est en panne dans un marché automobile mondial qui retrouve son rythme de croisière. Voilà le bilan qu'il convient de tirer de la dernière étude sectorielle de l'assureur-crédit Euler Hermes. En effet, alors que les immatriculations de VP sont attendues en fortes hausses cette année dans les pays émergents, mais aussi aux Etats-Unis et en Russie (+ 6 % en Chine, + 7 % au Brésil, + 5 % en Inde, + 11 % en Russie et + 12 % aux Etats-Unis), elles devraient se contracter de 6 % en Europe. Le continent européen devrait par ailleurs enregistrer une nouvelle baisse sur 2013, en l'occurrence de 2 % à 3 % (contre + 6 % en Chine, + 5 % en Inde, + 4 % au Brésil, + 5 % en Russie, + 5 % aux Etats-Unis)*.
Pas de retour à l'avant-crise
"Les volumes en jeu y seront encore inférieurs de près de 3,5 millions d’unités par rapport à ceux qui avaient cours avant la crise", souligne Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes. Les ventes de véhicules y avoisinaient, voire dépassaient régulièrement, les 15 millions d’unités avant 2007/2008.
Conséquence logique : des constructeurs vont devoir adapter leur outil industriel, même si la production automobile européenne a déjà beaucoup reculé depuis 2007 (- 38,5 % en Italie, - 23,9 % en France, - 18,5 % en Espagne, - 16,4 % au Royaume-Uni et + 1,6 % en Allemagne). "Nous n'avons recensé que deux fermetures de sites sur les exercices 2010 et 2011", relève Yann Lacroix. Lesdites fermetures se sont produites à Anvers, en Belgique, avec Opel, et à Termini, en Sicile, avec Fiat (Fiat et GM devraient enregistrer chacun une perte d'un milliard de dollars cette année sur le seul Vieux Continent, selon Euler Hermes).
Des marges opérationnelles trop faibles
L'assureur-crédit estime également que des marges opérationnelles trop faibles nécessitent forcément de procéder à des adaptations à un moment ou à un autre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les constructeurs français ne sont pas les mieux positionnés : l'assureur-crédit prévoit que leur marge opérationnelle sera cette année de seulement 1 %, soit un point de moins par rapport à 2011 et près de deux points de moins par rapport à 2010 (2,9 %).
Les constructeurs allemands devraient afficher quant à eux une marge opérationnelle de 7,5 % sur 2012 et atteindre 8,5 % sur 2013 (2 % pronostiqués à cette date chez les constructeurs français)**. Bref, nos voisins allemands disposeront d'une marge de manœuvre conséquente en matière d'investissements et de défense de leurs intérêts sur tous les marchés, aussi bien ceux des pays matures que ceux des pays émergents. Et les constructeurs américains refont partie de cette catégorie.
Des constructeurs américains repositionnés
Au cours de ces quatre dernières années, ils ont fermé 18 usines, licencié des dizaines de milliers de personnes sur leur seul territoire et ils sont redevenus plus dynamiques (ils devraient afficher une rentabilité de 4,7 % cette année et de 5,5 % en 2013, selon Euler Hermes). Mieux. Ils se remettent à embaucher ! "Ils ont recruté 100 000 personnes ces deux dernières années", indique Yann Lacroix. Autant dire, donc, qu'ils devraient s'accaparer une part de la croissance de la production mondiale d'automobiles sur 2012. Euler Hermes estime qu'elle progressera de 4 %, à 83,3 millions d'unités (VP + véhicules commerciaux ou VC). "La hausse devrait être du même ordre en 2013", souligne Yann Lacroix.
A cette date, l'assureur-crédit évalue que la production mondiale d'automobiles s'élèvera à 86,9 millions d'unités. Et les pays qui en bénéficieront devraient comprendre pas mal d'émergents. Entre 2007 et 2011, la production automobile a en effet bondi de 107,4 % en Chine, 74,7 % en Inde, 27,9 % au Mexique, 14,4 % au Brésil et 14 % en Corée du Sud.
*Au Japon, les immatriculations devraient enregistrer un rebond de 30 % en 2012 – effet post-tsunami – et se contracter de 5 % en 2013 avec environ 5,3 millions d'immatriculations.
**La marge opérationnelle des équipementiers européens devrait s'élever quant à elle à 6,8 % en 2012 et 7,1 % en 2013.
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