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Tribune de Didier Robert : "Uber n'est pas un cas unique"

Publié le 20 février 2015

Par Gredy Raffin
3 min de lecture
Alors que le service de VTC Uber vient de déposer une nouvelle plainte contre la loi française auprès de la Commission européenne à Bruxelles, Didier Robert, le directeur général adjoint de GeoConcept, a tenu à réagir sur l'évolution de services géolocalisés.
Didier Robert, le directeur général adjoint de GeoConcept.

Uber, ou l'explosion des geo-business models

Uber viendrait de déposer plainte auprès de l'Europe contre une loi française visant à renforcer la réglementation du secteur des taxis et, indirectement, à limiter, voire interdire, l'activité de la start-up américaine. Uber attaque notamment une mesure très précise: l'interdiction de la géolocalisation des véhicules via une application mobile, sauf s'il s'agit de taxis officiels.

Pas d'Uber sans géolocalisation

Cette mesure est effectivement de nature à invalider totalement le business model de Uber qui propose de mettre en relation efficacement des clients voyageurs et des taxis, amateurs notamment. Or, la clé de cette efficacité, inscrite au cœur de la plate-forme technique de Uber, est de pouvoir proposer aux taxis les demandes les plus proches, mais aussi de garantir aux clients des offres transparentes et sécurisées via l'estimation puis le suivi de l'itinéraire. Interdire la géolocalisation, c'est provoquer l'effondrement de la proposition de valeur. A Shanghai, les taxis ont réagi différemment face aux "Uber" locaux en plein développement. Ils disposent désormais tous d'une application équivalente offrant aux clients les bénéfices de l'accès à un réseau d'offres bien plus dense, actif et... proche. Il est en effet toujours plus rapide, et donc moins coûteux, de trouver via son mobile un taxi officiel.

Au cœur des nouveaux modèles

Uber n'est pas un cas unique. De nombreux sites de rencontres ou "e-bay" de seconde génération se développent partout en ajoutant la géolocalisation ou tout au moins le filtre géographique au cœur de leur service. A contrario, l'absence de ce filtre explique les difficultés de nombreux modèles. Le site d'offres promotionnelles groupées et localisées Groupon a par exemple été critiqué par ses clients parce qu'il proposait des zones de communication trop larges, insuffisamment ciblées. Ainsi, si l'impact était certain sur la marge des points de vente, il n'allait pas de pair avec le renforcement d'une clientèle fidèle de proximité. La collecte et la valorisation d'informations géolocalisées sont discrètement en train de devenir un des graals de nombreux business models et écosystèmes. Une fois encore, Google, qui a dès le début défini la géographie comme un des attributs essentiels de toute information, maîtrise parfaitement ce modèle avec le trio Traffic Web/google Maps/Androïd. Ses avancées dans les objets connectés (Google Wear, Car, Nest...) vont renforcer cela, mais aussi fortement bénéficier de cette maîtrise. Toutefois, les opérateurs mobiles – premiers collecteurs de données de géolocalisation – pourraient aussi être parmi les acteurs influents de demain, en développant leur capacité d'analyses et de valorisation de ces données. Et, plus globalement, c'est tout le secteur des technologies de l'information qui se met progressivement à l'heure de la "géo".

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