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Sombox veut implanter la fast-sieste sur les routes françaises

Publié le 9 février 2017

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Cette start-up repérée par le Pôle Moveo, entre autres, a réinventé la cabine de sieste. Elle installera ses équipements sur les bords des autoroutes, en 2018. Rencontre.

 

En attendant que le véhicule autonome rapproche les statistiques du zéro parfait, la route fait encore des milliers de victimes chaque année en France et des millions à travers le monde. Selon les chiffres officiels, chez nous, près d'un tiers des accidents mortels ont pour cause la somnolence au volant. Yann Buet a manqué de peu d'en faire tragiquement les frais en 2012. L'expérience lui a ouvert les yeux sur le phénomène. Depuis, il a travaillé avec son ami et associé Harold Petiard, designer de son état, à la conception d'une solution dédiée aux conducteurs.

 

Ainsi naquit Sombox. L'idée se veut d'une efficace simplicité. Il s'agit d'une cabine de sieste, inspirée de certains équipements installés dans les zones de transit des aéroports internationaux, que la start-up ira implanter le long des autoroutes dans des lieux stratégiques. "Nous sommes les premiers au monde à appliquer le modèle dans ce contexte", croit savoir Yann Buet, qui imagine évoluer dans l'industrie de l'hôtellerie rapide.

 

Son concept a pris de l'ampleur quand il a excité la créativité des membres du Peugeot Design Lab. Sollicités par les fondateurs de la Sombox, ces derniers ont repris tous les plans initiaux et ont guidé les deux "start-upeurs" vers un projet viable. Que ce soit pour les composants, les matériaux ou les matières, les experts en conception du constructeur les ont accompagnés dans chacun des arbitrages, pour trouver un équilibre entre qualité et coûts.

 

Total premier sur les rangs

 

Le constructeur participera-t-il à la phase d'industrialisation ? Rien n'est encore écrit de chapitre. Yann Buet se dit ouvert à toutes les formes de partenariats. Cette précieuse aide, il pourrait la trouver auprès de ses futurs actionnaires. Au 31 mars prochain, les associés boucleront leur deuxième levée de fonds, après celle de 500000 euros en 2015. En majorité composé d'entreprises normandes – leur région –, ce tour de table va rapporter un surplus d'un million d'euros de budget qui va servir à accélérer la manœuvre.

 

 

Une étape qui va être en partie forcée par les accords conclus avec Total. Séduit par la Sombox, le réseau ne veut pas manquer l'opportunité d'apporter toujours plus de services à ses stations. Il s'est engagé à prendre livraison d'une des premières cabines, à installer sur une aire encore tenue secrète, au début de l'année 2018.

 

Le secret entoure aussi le modèle économique, "par souci de protection vis-à-vis de la concurrence", explique Yann Buet. En fait, rien ne semble vraiment arrêté pour l'heure. Il ne cache pas ses ambitions, en revanche. Après mise en commercialisation officielle, il aspire à tisser un maillage de 200 exemplaires dans l'Hexagone, dans un délai relativement court. "Nous sommes ouverts aux partenariats qui aideront à remplir cet objectif", lâche-t-il, nourrissant à demi-mot l'espoir de se voir proposer un contrat majeur par Total.

 

Les assureurs suivront-ils ?

 

L'accès à la Sombox devrait être facturé 5 à 7€ par tranche de trente minutes, selon les recommandations des deux créateurs. Pour convaincre les usagers, tout reste possible également. Outre la notion de service, il pourrait être imaginé un accord avec des assureurs. Si on s'appuie sur les statistiques d'accidentologie énoncées en ouverture, ne peut-on pas croire que les compagnies encourageront leurs assurés à marquer des pauses. Au moyen d'une carte d'abonné, les données de consommation et celles des boîtiers d'analyse de la conduite, une fois recoupées, présenteraient un intérêt certain dans le calcul de la prime. D'autant plus dans le cas d'un professionnel de la route. "Une piste à étudier", admet Yann Buet.

 

Que deviendront les cabines, une fois les véhicules autonomes démocratisés ? Car par définition, il n'y aura plus vraiment de conducteurs et les habitacles joueront ainsi la carte du confort, comme ont pu le démontrer les constructeurs lors des derniers salons. Déjà, les cabines ont une fenêtre de tir d'environ vingt ans. Ensuite, se défend Yann Buet, "elles ont été étudiées avec des laboratoires médicaux spécialisés dans la gestion du sommeil. Les véhicules auront de grandes difficultés à atteindre notre niveau". A moins que son expertise en aménagement d'espace de repose serve, à ce moment de l'histoire automobile, les intérêts des OEM. Peut-être un rêve un peu fou.

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