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Rétro auto 2018 : une année de nouvelles mobilités

Publié le 18 décembre 2018

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
L'année 2018 était pleine de promesses et elle les a tenues apportant plus de visibilité sur l'avenir du secteur. La France s'est positionnée en chef de fil en se rédigeant une feuille de route technologique et énergétique ambitieuse. Retour sur douze mois d'innovations et de partenariats.
l'EZ-Pro de Renault figure le futur des véhicules utilitaires légers. Il a été présenté à l'IAA de Hanovre en septembre 2018.

 

Un haut cadre de la recherche scientifique automobile français nous a glissé un jour sur le ton de la plaisanterie que "pour le moment, le véhicule autonome ne fait les affaires que des consultants". Derrière ces mots prononcés avec le sourire, il y a une vérité, celle d'une nécessité de faire le tri entre les avancées concrètes et les effets d'annonce.

 

La courbe d'accélération des projets ne s'est pas aplanie avec l'année 2018. La France n'est pas étrangère à ce phénomène. Emmené par un gouvernement au volontarisme affiché, le pays a dévoilé des projets technologiques et énergétiques ambitieux. Tout a commencé le 29 mars 2018 quand, par la voie d'Emmanuel Macron, le président de la République, le rapport Villani sur l'intelligence artificielle a débouché sur la promesse d'établir un cadre législatif favorable à l'automatisation de la conduite de niveau 4, à partir de 2019. Ça, c'est pour l'aspect technologique. Sur le plan énergétique, on retiendra l'appel de Nicolas Hulot, passé au début du mois de juin. Alors encore ministre de la Transition écologique et solidaire, il témoigne de son engagement envers la filière de l'hydrogène, à qui il promet une enveloppe de 100 millions d'euros, dès 2019, afin d'accélérer le déploiement des infrastructures et l'exploitation, notamment sur les véhicules de transport les plus volumineux.   

 

Tout cela ne serait pas concrétisable sans un encadrement. Le 26 novembre, tandis que la crise des Gilets jaunes commence à prendre de l'ampleur, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, apporte plus de précisions sur la Loi d'orientation des mobilités (LOM). Très attendue depuis les assises de la mobilité, fin 2017, la législation va établir les nouvelles règles, dès lors qu'elle sera adoptée. Les premiers éléments laissent comprendre que le covoiturage, la bicyclette et la multimodalité seront les leviers principaux d'un mécanisme plus inclusif. Le train, et plus particulièrement la stratégie du tout TGV – grand sujet de débat –, laissera place à des solutions de transport du quotidien. Un budget d'un milliard d’euros a été également prévu pour le "désenclavement routier des villes moyennes et des territoires ruraux".

 

En juin 2018, Rennes est devenue la capitale européenne du véhicule autonome. Pour la première fois, une ville du Vieux-Continent a vu un service de robot-taxi se déployer sur une partie de son territoire. Fruit d'une collaboration entre les pouvoirs publics, Renault et Transdev, entre autres partenaires de ce vaste projet, l'AutonomousLab Normandy laissera progressivement entrer des voyageurs à bord des Renault Zoé autonomes et élargira le service à d'autres boucles de parcours, dans les mois à venir. Hasard de calendrier, c'est à la même époque, qu'après plusieurs mois de négociation stérile, l'emblématique Autolib' a annoncé la fin de ses opérations. Une position monopolistique qui laissera place à un nouveau marché parisien ouvert à la libre concurrence, que le duo Renault-ADA (Moov'in Paris) et PSA (Free2Move Paris) ont pris rapidement d'assaut.

 

Le dernier grand fait marquant de l'année française est à mettre au crédit de BlaBlaCar. Douze ans après son lancement, le succès de l'une des rares licornes françaises (start-up valorisée à plus d'un milliard d'euros, NDLR) finit par payer. Frédéric Mazzella, le président-fondateur de la plateforme de covoiturage, a révélé le 25 septembre 2018, à l'occasion de l'événement France Digital Day, que pour la première fois de son histoire son entreprise rendra un bilan dans le vert. Une rentabilité qui résulte d'une politique d'investissement que le groupe poursuit en novembre avec la reprise de Ouibus, la filiale de transport en bus de la SNCF. BlaBlaCar avait découvert un modèle d'affaires, au printemps 2018, lorsque la grève des trains a reporté une partie des voyageurs sur d'autres solutions de mobilité, dont celle-ci : la plateforme de covoiturage appliquée au bus.

 

Accident mortel et nouveaux modèles économiques

 

A l'échelle internationale, l'exercice 2018 avait commencé très fort. Profitant du CES de Las Vegas, l'Alliance Renault Nissan annonce la création d'Alliance Ventures, un fonds d'investissement doté d'une réserve d'un milliard de dollars, soit un montant record pour un constructeur automobile. Les prises de participations se sont succédées à l'automne, à la fois dans des plateformes de gestion de flotte et dans des technologies d'automatisation de la conduite ou encore dans la multimodalité urbaine.

 

La communauté scientifique a toutefois connu un drame majeur. Nous sommes le 18 mars, à Tempe, dans l'Arizona (Etats-Unis). Il est environ 22h30 quand une femme traverse la route en poussant son vélo à la main. Le robot-taxi expérimental de Uber et Volvo ne la détectera pas et l'opératrice à bord, concentrée sur une vidéo, n'aura pas le temps d'intervenir. Un accident qui coûtera la vie à la piétonne et provoquera une vague de suspensions de test à travers le monde. Tel un symbole que la recherche doit avancer, Toyota injectera, à la fin du mois d'août qui suivra, une somme de 500 millions de dollars dans la division dédiée au véhicule autonome d'Uber.

 

La mobilité est affaire de modèle économique. Le véritable challenge de l'industrie à ce jour, car nul n'atteint encore la taille critique. Raison qui a poussé BMW et Daimler à fusionner leurs activités liées aux nouvelles solutions de déplacement. Chacun garde ses marques dans son giron, certes, mais les infrastructures sont mutualisées en coulisse. En Chine, Didi Chuxing dessine les contours de ce qui pourrait devenir un standard à l'avenir. L'alter ego d'Uber a imaginé une plateforme de mobilité qui regroupe plusieurs dizaines d'industriels, dont des constructeurs automobiles. Renault-Nissan-Mitsubishi, Toyota et Volkswagen ont signé pour faire partie de cette nouvelle vision. En jeu, il y a un contrat de fourniture de 10 millions de véhicules électriques. La règle sera simple, il faudra respecter le cahier des charges établi par Didi Chuxing, en fonction des besoins identifiés de ses clients.

 

Cette possibilité d'un futur dicté par les entreprises clientes s'est invitée dans les concept-cars. De l'e-Palette de Toyota (CES Las Vegas) à l'EZ-Pro de Renault (IAA Hanovre) en passant par le Vision Urbanetic de Mercedes, les constructeurs acceptent l'idée que, demain, ils produiront des châssis standard électriques, associés à des carrosseries très fonctionnelles. Celles-ci répondront aux exigences des sociétés de logistiques. Amazon, Pizza Hut et consorts regardent de près la conception de ces plateformes.

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