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Retour d'expérience d'une collectivité : la Communauté d'agglomération du Grand Angoulême

Publié le 23 janvier 2012

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Questions à Xavier Hurteau, délégué général Grand Ouest
Questions à Xavier Hurteau, délégué général Grand Ouest

A partir de quand avez-vous intégré le poste "véhicules" en général, et la mobilité électrique ou les énergies alternatives en particulier, dans votre stratégie environnementale ?
A la fin de l'année 2009, après le changement de majorité de 2008, les élus ont mis en avant l'axe de travail sur ce que nous appelons les nouvelles mobilités. Cela concerne la mobilité globale au sein de la communauté urbaine. Parallèlement, l'émergence du VE a été notable dans la région Poitou-Charentes avec l'épisode Heuliez notamment. On peut presque dire que les choses ont été "faciles" pour nous, car nous avons des acteurs économiques importants de la filière électrique dans notre région.

Dans ce domaine, quelles ont été les principales mesures que vous avez prises ces dernières années ?
Pour optimiser les achats de VE, nous avons notamment créé un groupement de commandes intégrant la communauté, la ville, mais aussi cinq autres communes. Nous l'avons fait dès 2010, bien avant celui de La Poste, qui a ensuite été très médiatisé, ce qui témoigne de notre démarche volontaire. Nous avons aussi travaillé sur une offre de services de mobilité pour les personnes en parcours d'insertion, en mettant à leur disposition des VE, moyennant une somme symbolique. Nous avons débuté avec des anciennes Saxo électriques et nous avons récemment acheté quatre Mia.

Quels sont les retours d'expérience des utilisateurs ?
Au premier chef, il convient de préciser que nous avons été très pragmatiques car nous étions conscients qu'il y avait de nombreux freins psychologiques face au VE. Nous avons donc mené de nombreuses opérations de sensibilisation, avec l'intervention de spécialistes de grandes entreprises, auprès des responsables des parcs d'entreprises de la région et des personnels des différents services de la Communauté. Ensuite, quand les gens essaient le VE, ils l'adoptent, souvent séduits par son confort de conduite. Aujourd'hui, les VE sont les véhicules les plus demandés dans nos services et cette tendance se vérifie aussi avec les personnes en voie d'insertion, ces derniers étant aussi très sensibles au faible coût de l'énergie. Il nous reste cependant deux axes de travail clés : la réassurance des utilisateurs avec des points de charge publics, nous avons débuté, et la bonne définition de l'usage du VE. En effet, le VE va se substituer aux véhicules thermiques pour certains usages uniquement et nous devons trouver le juste équilibre.

Même si le sujet est vaste, comment définiriez-vous brièvement l'enjeu des interactions entre mobilité électrique et urbanisme ?
C'est une opportunité intéressante pour notre Communauté car nous sommes aussi engagés dans un processus de transports publics propres. Cela va de la gare aux deux-roues et sollicite les notions de trans et inter modalité. Nous allons aussi lancer un système d'autopartage et les stations seront installées en fonction du centre urbain et de ses spécificités, naturellement. En outre, par le biais du VE, on travaille aussi sur l'habitat et l'urbanisme : implantation des bornes, stations d'autopartage, points multimodaux en ville et dans les communes périphériques, etc…

On entend souvent que le coût des VE est trop élevé, comment démêler mythe et réalité à votre échelle ?
Comme je l'évoquais en préambule, nous sommes un peu une exception car la filière électrique est ancrée dans notre réalité économique locale, avec des grandes entreprises, Saft, Mia Electric, Schneider Electric ou Leroy-Somer par exemple, mais aussi des nouvelles entreprises qui sont déjà plus que des start-ups, comme Ez-Wheel par exemple. Dès lors, il est aussi de notre rôle de collectivité d'accompagner ces entreprises et nos investissements doivent aussi faire levier pour intensifier leur activité. En outre, nous devons mettre en place une chaîne de mobilité cohérente pour diminuer la pollution, les nuisances sonores et mieux organiser notre ville. Une ville qui devient donc plus attractive. Bref, nous n'investissons pas dans le VE par idéologie, mais sur des bases de la réalité économique. Par ailleurs, si le prix à l'achat d'un VE peut sembler élevé, il faut aussi intégrer la variable positive du coût de l'énergie et de l'entretien dans la réflexion.  

Par rapport au déploiement d'une filière VE en France, partagez-vous l'idée que les collectivités, au même titre que les entreprises, ont un rôle de pionnier et de leader d'opinion à assumer ?
Oui, tout à fait, mais pas n'importe quel prix. En restant terre à terre et en prise avec le contexte économique global. Mais j'ai la conviction que le VE est un précieux levier contre la pollution, mais aussi pour le développement de l'économie et des compétences en France. L'intérêt est double : écologique et économique.
 

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