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Peinture : Impressions croisées

Publié le 22 avril 2013

Par Jean-Marc Felten
6 min de lecture
La révolution de la technologie à l’eau a déjà près de 20 ans et elle est désormais maîtrisée, même dans ses aspects les moins favorables, son application et son séchage. Les fabricants continuent leurs développements, poussés par l’apparition de nouvelles teintes, par la rapidité d’intervention et par la protection de l’environnement. Tendances.
Peinture d’exception pour voiture d’exception, la finition mate gagne la grande série.

Une question est au cœur de la réparation peinture : comment intégrer les nouvelles formules et améliorer la rentabilité du poste peinture pour circonscrire les baisses d’activités de la réparation collision. Les fabricants de peinture proposent des produits qui sèchent entre autres aux UV. Mais d’autres pièges se profilent à l’horizon des peintres : finitions mates, peintures tri-couches à effets.

Mats : attention à l’addition

“La finition mate est un phénomène de mode, signale Jean Papachryssanthou, responsable technique Emea d’Akzo Nobel. L’essentiel est de réussir à contretyper les aspects finis.” Les fabricants utilisaient jusque-là des bases à mater qui étaient mélangées à un vernis brillant, avec la difficulté de composer la bonne proportion et de réaliser un mélange homogène. “Nous utilisons des vernis spécifiques, précise Jean Papachryssanthou. Notre gamme se compose de deux vernis, un satiné et un mat. Le résultat est obtenu en utilisant les deux produits dans des proportions pré-adaptées aux teintes utilisées par les constructeurs.”

Chez DuPont Refinish, Jean-Marc Sauvaget, le directeur technique, propose : “Pour réaliser le bon mélange, le réparateur se connecte à la base informatisée ColorNet-Pro. Comme pour les teintes, la base de données fournit au peintre les proportions à respecter pour obtenir le rendu d’origine.” DuPont utilise un glossmètre pour déterminer les proportions de produits nécessaires à l’obtention du bon niveau de brillance… ou de mat. Cet appareil mesure la réflexion de la lumière sous un angle de 60°. L’appareil est néanmoins coûteux pour un atelier de réparation. Il est préférable d’utiliser des échantillons étalonnés, qui permettent de reproduire le niveau de mat correct. Chez PPG, Frédéric Pflanz, responsable technique couleurs et formation, précise : “La principale solution à la réussite d’une finition mate est une bonne formation.”

Mats effets et formation

Thierry Leclerc, responsable technique et marketing France de BASF Coatings, évalue la complexité des finitions mates comme celle des teintes à effets. “Pour Glasurit, on a une autre approche qui conduit notamment à la réalisation de mats, nous dit-il. Le stage “ratio VOC experts, spécial finitions à effets” va traiter des vernis mats, mais également des coloris qui sont extrêmement difficiles à réparer, les tri-couches comme le rouge flamme de la Renault Clio. On a une couche de base colorée, une couche de vernis coloré et une couche de vernis transparent par-dessus. C’est une technique qui donne plus de profondeur et des effets. Le vernis intermédiaire est brillant ou mat selon les fabricants. Pour R-M et Glasurit, ce sont des mats revernis. Ces coloris particuliers présentent des difficultés techniques en réparation. Avant, on gérait la couleur par la couche de base, là, c’est la combinaison des deux couches et leur épaisseur qui vont faire la couleur définitive. C’est beaucoup plus technique.”

“UV” peine à convaincre

Les produits qui sèchent aux ultra-violets ne font pas l’unanimité. Même DuPont Refinish, par la voix de son directeur technique, n’en imagine pas une utilisation massive. “Il faut savoir que cela reste un axe de recherche pour l’avenir”, nous dit Jean-Marc Sauvaget. Le groupe a présenté ce type de produit il y a déjà vingt ans, récompensé alors d’un Grand Prix de l’Innovation à Equip Auto. Compte tenu de la difficulté d’usage, on ne va réaliser ce type de réparation que sur des surfaces réduites. De plus, les UV sont dangereux pour la santé et exigent des précautions. Chez BASF, on en est encore en phase d’apprentissage sur ces produits pour le réparateur : “Il y a trop d’avantages économiques pour ne pas y aller, note Thierry Leclerc. C’est une technique qui s’accorde bien avec la réparation, qui fait de moins en moins de peintures complètes. Les boucliers, par exemple, ne seront pas trop chauffés.”

Les solutions de la réparation rapide

Opinion différente chez Lechler : “Pour répondre aux besoins de la réparation rapide, il est plus intéressant de proposer des produits plus rapides, lance Marta Radice, responsable marketing de Lechler pour la France. Le séchage ultraviolet nécessite un investissement trop important.” Alors que chez R-M/Glasurit, on n’oublie pas de signaler : “Attention, les produits UV ne seront pas des remplacements, mais des compléments de gammes et des produits en plus.” L’ensemble des fabricants cherchent des réductions de temps de process. “BASF va lancer des sous-couches qui pourront s’appliquer directement sur le métal, révèle Thierry Leclerc. Ces sous-couches seront couvrables sans ponçage. Pas de primaire, pas de séchage, pas de ponçage. On ne peut pas faire plus court.” Frédéric Pflanz, chez PPG, fait le même constat : “Il faut produire plus avec moins de temps. Nous avons des vernis rapides, qui nécessitent moins de préparation et moins de couches.”

Travailler les méthodes

Notre interlocuteur chez PPG poursuit : “Pour répondre à une meilleure rentabilité du poste peinture, il faut le produit qui réponde aux besoins, mais surtout respecter les méthodes d’utilisation. Il n’y a plus de mauvais produits, mais des produits mal utilisés.” Une seule solution est trouvée par les fabricants pour répondre à ce diagnostic, la formation. “Il faut de plus en plus faire du sur-mesure, selon Frédéric Pflanz. Malheureusement, les peintres sont difficiles à déplacer”. “Ce sont les peintres qui viennent en formation, mais ce sont les responsables d’atelier qu’il faut convaincre, constate Thierry Leclerc, chez BASF. Nous avons compté que nous les voyions deux jours tous les quatorze ans, alors qu’il faudrait qu’ils viennent tous les quatre à cinq ans.” Le poste peinture reste profitable, à la condition qu’il soit bien géré par des peintres responsables et aux compétences entretenues. “Accompagner le client en permanence est indispensable pour l’aider à affronter les changements techniques et la diminution des entrées en atelier, conclut Marta Radice, pour Lechler. La proximité les aide également à trouver de nouvelles sources de profits, nous leur proposons ainsi de rénover les optiques de phares avec des kits dédiés. Il faut dynamiser leur activité dans le cadre de nos partenariats.”

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FOCUS - Les nuances de mat

Vernis mat : brillance 22
Satintop : brillance 53
60 / 40 : brillance 20
20 / 80 : brillance 30
Mélange Satintop 90 / Crystalclear 10 : brillance 53
(R-M - à 60° au brillancemètre)

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