OuiCar change d'échelle

La première mi-temps s'achève, la seconde débute. En ce mois de juin plein de compétitions internationales de football, l'analogie est toute trouvée pour Benoit Sineau, le p-dg de OuiCar. Dans une poignée de jours, il achèvera un chantier de 18 mois qui a consisté à concevoir une toute nouvelle plateforme technique pour supporter son service de location de véhicules entre particuliers. "Nous allons pouvoir passer de start-up à scale-up", se félicite-t-il auprès du Journal de l'Automobile.

L'interface visible des utilisateurs – propriétaires et locataires – avait déjà évolué en 2018. Il s'agit cette fois de la partie invisible, le back-end et le back-office, soit la base de la plateforme et l'interface utile aux équipes de OuiCar. "Nous avons consenti à de lourds investissements, humains et financiers", souligne Benoît Sineau. Il chiffre le budget à plusieurs centaines de milliers d'euros, au point d'approcher d'un million. "Mais cette plateforme va nous permettre de créer de nouveaux services et fonctionnalités, se réjouit-il. Sans cet environnement redessiné, chaque changement a un impact sur l'ensemble de la programmation".

OuiCar dispose d'une longue liste de fonctions à ajouter. Sous peu il sera notamment possible de gérer de manière dynamique le prix, le calendrier, l'attribution des véhicules ou encore la rotation de la flotte. Surtout OuiCar va ouvrir la réservation directe à l'instar de ce que propose Airbnb. Benoit Sineau cherchant à raccourcir encore les délais d'accès au véhicule. Au début de l'aventure de la start-up, il fallait 23 minutes en moyenne pour achever le parcours de réservation et de prise en main. Cela demande désormais moins de 3 minutes (90 secondes pour la restitution). "Nous allons augmenter notre marché cible afin de passer de loueur à acteur de la mobilité", commente le président de la société fondée par Marion Carette.

Direction l’Espagne  

A ce jour, OuiCar recense 30 000 véhicules sur la plateforme pour 2 millions de membres (selon un décompte de ceux qui ont fait une demande de réservation, ndlr). Le chiffre d'affaires dépasse la dizaine de millions d'euros grâce à un volume de locations supérieur à la centaine de milliers de sessions. Les propriétaires ont en moyenne 34 à 38 ans. Ils s'inscrivent sur la plateforme pour obtenir un complément de revenu ou pour amortir les frais du second véhicule du foyer. Ils louent entre 5 et 15 fois par an, selon leur emplacement. Du côté des utilisateurs, ils sont âgés de 25 à 35 ans, sont eux aussi répartis sur l'ensemble du territoire national et montrent de plus en plus d'appétence.

Benoît Sineau souhaite cependant rester prudent vis-à-vis du modèle économique, dans un contexte d'engouement général pour les services de mobilité. "En 18 mois beaucoup de modèles ont disparu, note-t-il. Nous allons nous concentrer sur l'autopartage entre particuliers qui ne réclament que peu de ressources en comparaison à l'autopartage sous toutes ses formes". Sa priorité sera donc donnée à améliorer le taux de pénétration de son boîtier connecté. D'une centaine d'unités, il entend passer à 10 % de pénétration avec la V3, une nouvelle génération associée à la plateforme refondue.

Le second semestre marquera aussi l'extension du service en Espagne.  "Le pays présente des caractéristiques similaires à la France, estime le président de OuiCar. La crise financière pousse à trouver des compléments de revenu et le nombre de touristes crée de la demande". D'autres paramètres proches de notre marché pousseront ensuite le système de location à aborder les marchés nordiques et du Benelux en 2020. L'Allemagne et le Royaume-Uni, tout comme l'Italie, devront attendre. Le terreau culturel et conjoncturel n'est pas fertile. Drivy l'a appris à ses dépens outre-Rhin.