"Notre association doit répondre à la pénurie d’ingénieurs qui est constatée aujourd’hui"
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Comment avez-vous organisé cette journée et en quoi consistait-elle ?
SOPHIE PAWLAK. Nous avons communiqué auprès des établissements partenaires afin d’intéresser nombre d’étudiantes, qui n’avaient plus qu’à s’inscrire sur notre site. Les plus rapides ont été sélectionnées, en veillant à respecter une part équitable entre les différentes écoles. Il y avait parmi les profils retenus des étudiantes en fin de cursus, en 4e ou 5e année.
Une telle opération permet à l’association de gagner en notoriété, et de mettre ainsi en avant notre action. L’objectif étant d’expliquer ce que cela signifie d’être ingénieur en 2012, et ce qui les attend ensuite. Pour cela, en groupe, elles ont rencontré les partenaires sur leurs stands et ont pris contact avec les marraines, qui témoignent de leurs expériences, leurs parcours. La journée a été un vrai succès, toutes les inscrites à la conférence ont pu y assister. Nos partenaires sont satisfaits.
De plus, nous avions organisé pour les étudiantes un quiz sur les avancées technologiques ou d’ordre plus général sur le secteur automobile. C’était une manière de leur permettre de voir la multiplicité des travaux en cours. Il ne faut pas hésiter à lever le voile sur les développements possibles dans la filière et le côté positif, voire sympathique, de ses réflexions. La facette ludique, qui peut paraître anecdotique, est nécessaire lors de ces rendez-vous. Il faut rapprocher toutes ces choses de la vie quotidienne.
JA. Vous aviez déjà mené une telle opération…
SP. En effet, “Elles bougent” était également présente dans les allées du Mondial en 2010. Il s’agissait de lycéennes, à l’époque. Or, cette année, les partenaires ont souhaité rencontrer des étudiantes en fin de cursus qui, si elles ne cherchaient pas une orientation, seraient bientôt sur le marché du travail. Notre association doit aussi donner la possibilité d’un recrutement rapide, pour répondre à la pénurie d’ingénieurs qui est constatée aujourd’hui.
Les lycéennes sont moins matures, il est donc parfois difficile de capter toute leur attention. Mais l’objet de cette association est aussi de prendre en charge les étudiantes en amont, et de les attirer vers ces cursus. C’est ce que nous avions essayé de faire lors de l’édition précédente.
JA. A quelles difficultés faites-vous face et comment les contournez-vous ?
SP.
Les jeunes, au début de leurs études supérieures, s’enthousiasment vite sur une chose connue et ne vont pas explorer d’autres pistes. Tout l’enjeu est de leur donner envie d’explorer des horizons différents. Parcourir les allées du salon, c’est aussi permettre la découverte d’un secteur. Les filles présentes cette année étaient en fin de cursus avec, certainement, un projet professionnel établi, mais multiplier les contacts ne peut être que bénéfique.
Il ne faut pas hésiter à montrer ce qu’est le secteur automobile, et surtout montrer que tout cela peut être transversal. Sur place, il y a un message clair véhiculé par les partenaires, qui rassure : “Nous embauchons, nous avons besoin d’ingénieurs, par milliers.” Dans le contexte actuel, c’est très important.
JA. Quelle forme prennent les autres actions de l’association ?
SP. Tout au long de l’année, nous organisons des rendez-vous chez les partenaires. Il est important que les filles mettent les pieds dans les entreprises susceptibles de les accueillir. Les marraines sont là pour les guider, les renseigner. Une mission de volontariat pour elles. Dès lors qu’une entreprise fait savoir qu’elle veut adhérer à l’association, elle joue le jeu, et les marraines prennent ainsi parfois sur leur temps de travail pour participer aux événements et mettre en avant leurs parcours.
JA. Pouvez-vous, aujourd’hui, évaluer les retombées positives des actions de l’association ?
SP. Nous notons un progrès, puisque de 5 ou 6 % de filles ingénieurs, nous sommes aujourd’hui à 25 %. Cela démontre qu’il faut beaucoup de temps pour que cela évolue, l’association ayant été créée en 2005. Il y a encore de nombreux stéréotypes à casser, et autant de choses à faire avec l’Education nationale pour que cela change. Je regrette que les prescripteurs d’orientation ne soient pas toujours bien au fait des carrières possibles. Je ne leur reproche pas de ne pas tout savoir, bien sûr, mais il faut faire attention aux orientations sexuées, conseillées sans le faire exprès. Je remarque également que c’est plus difficile pour certains établissements, spécialisés souvent. S’il y a “automobile” dans le nom, il est plus compliqué de faire venir des étudiantes.
JA. Qu’espérez-vous concrètement, après cette journée du 4 octobre ?
SP. Nous menons des enquêtes après nos événements. Souvent, les étudiantes sont confortées dans l’orientation qu’elles ont choisie. C’est la moindre des choses… A 75 %, les jeunes femmes déclarent que l’association a joué un rôle dans cette orientation. Et pour 25 %, elle en est le déclencheur. Les témoignages sont ce qu’elles plébiscitent, prouvant ainsi l’importance qu’ont les marraines, et le discours qu’elles peuvent avoir, concernant leur parcours, leur fonction actuelle. Il faut, pour la suite, marteler que c’est un secteur qui n’est pas en perdition, qu’il y a plein de belles choses à faire. De beaux jobs attendent des jeunes filles ingénieurs, rémunérateurs qui plus est. Et il faut, aussi, convaincre toujours plus d’entreprises d’adhérer à l’association.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.