L'intérêt pour la donnée des véhicules connectés ne se dément pas
Avant la fin de l’année, la Commission européenne devrait statuer sur un Data Act spécifique à l’automobile. Un contexte qui a poussé le cabinet d’étude KPMG à publier une étude sur la question de la "monétisation des données automobiles". Ce dernier estime que le marché des données issues des véhicules connectés devrait atteindre entre 250 et 400 milliards d’euros à l’horizon 2030. Cependant, le cabinet note que la valeur unitaire de la data devrait progressivement diminuer de 5 % par an.
Un marché de la donnée des véhicules connectés en croissance
Pour mettre en perspective l'ampleur de ce marché, le cabinet KPMG souligne que les véhicules connectés sont déjà largement présents et "génèrent un volume considérable de données pendant la conduite, que ce soit pour un usage personnel ou professionnel". Ainsi, à l'échelle mondiale, le volume total de données produit pendant la conduite en 2021 s'élevait à 87 000 milliards de gigaoctets (Go). En moyenne, un véhicule connecté génère 25 Go par heure d'utilisation, soit "plus de deux mois de navigation sur le web", selon l'étude. Ce volume devrait continuer de croître de manière significative compte tenu de l'augmentation du nombre de véhicules connectés dans le parc automobile actuel. Le cabinet note enfin que la tarification des données des véhicules est actuellement d'environ 0,1 centime par Go.
La croissance en quelques chiffres
- 230 millions de véhicules connectés en 2021, soit 29% du parc automobile mondial,
- Un nombre qui a augmenté de 25% par an depuis 2018,
- Selon KPMG, le nombre de capteurs dans les véhicules a doublé au cours des 10 dernières années.
Un intérêt pour les Français
Les Français se classent parmi les plus importants consommateurs de service connecté sur le Vieux continent. Le parc hexagonal de véhicules connectés est ainsi estimé par KPMG à 10,7 millions de véhicules en 2021, soit 24 % du parc total. Un chiffre qui correspond à la moyenne européenne. "82 % des Français bénéficiant d’un véhicule connecté consomment des services associés, dépassant les Allemands, les Britanniques et les Américains", souligne le cabinet.
Néanmoins, si en France l'appétence pour la donnée est réelle, l’étude KPMG précise que seuls 68 % du territoire français est couvert par la 4G, contre 77 % en Chine, 87 % pour les Pays-Bas et 90 % pour les États-Unis. "Le réseau routier français est assez peu équipé (fibre optique, portiques connectés, cartographie et géolocalisation HD) avec une qualité d’infrastructure technologique moyenne (estimée à 0,53 contre 1 pour les UAE – utilisés comme référence, 0,69 pour les UK, 0,62 pour les Pays-Bas et 0,6 pour les US) face aux attendus pour un déploiement optimal des services de connectivité."
Les constructeurs encore en position dominante
Les marchés de la donnée connectée attisent toutes les convoitises et nombreux sont les acteurs à s’y intéresser, de l’amont à l’aval du secteur automobile, mais aussi au niveau des acteurs de la tech et des pouvoirs publics. KPMG, dans son étude, qualifie les constructeurs de "gardiens de la donnée", précisant qu’ils "disposent aujourd’hui d’un avantage concurrentiel notable comparé aux autres acteurs". Une position confortée par les consommateurs, présente KPMG.
En effet, pour exploiter la data automobile, les acteurs situés en aval de la filière doivent, soit, passer par le port OBD (un accès physique) ; soit via le smartphone du conducteur, moins précis ; soit par les plateformes de centralisation de la donnée comme Otonomo ou Wejo, "qui disposent des softwares permettant de structurer et de valoriser les données du véhicule – avec un coût d’usage additionnel associé", précise l’étude. KPMG assure que le développement de "data marketplace" devrait simplifier le stockage et l’accès à la monétisation des données automobiles. Ces derniers permettent ainsi l'essor de nouvelles applications et services pour le conducteur, souligne l’étude.
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Selon KPMG une libéralisation de la donnée est nécessaire. "Si le schéma réglementaire actuel devait se maintenir (schéma où les constructeurs ont une position de "gardiens de la donnée"), cela engendre à horizon 2030, en comparaison de l’option la plus transformante, un surcoût pour les consommateurs estimé à 32 milliards d’euros par an (surcoûts liés à l’accès aux données des constructeurs et à leur position dominante) et une perte de création de valeur d’environ 33 milliards d’euros par an pour les acteurs aval de la chaîne de valeur automobile", soulève l’étude.
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