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Le marché du contrôle technique est resté stable l'an dernier

Publié le 23 mai 2019

Par Romain Baly
4 min de lecture
Malgré une réglementation plus sévère, les professionnels du contrôle technique n'ont constaté aucun bouleversement lors de l'exercice 2018. Selon Dekra, volumes et taux de contre-visites sont restés relativement stables.
20,5 millions de véhicules ont été contrôlés en 2018 dans l'Hexagone, soit seulement 0,4 % de plus qu'en 2017.

 

Le "big bang" du contrôle technique n'a pas eu lieu. L'entrée en vigueur, le 20 mai 2019, de la directive européenne CE 2014/45 sur le renforcement du CT n'a pas provoqué de changement majeur sur le secteur. L'an dernier, 20,5 millions de véhicules légers ont été contrôlés dans l'Hexagone, soit 0,4 % de plus qu'en 2017. Un chiffre qui n'a rien de comparable aux tendances des exercices précédents, quand les croissances "pouvaient atteindre 2 ou 3 %" comme le rappelle Karine Bonnet, présidente de Dekra Automotive, numéro un du marché en France avec 1 560 centres et 3 000 employés. Les pics d'activité constatés en amont ont été compensés par des chutes en aval.

 

Des défaillances critiques dans 1,3 % des cas

 

Mais alors que le nouveau règlement s'articule autour de neuf fonctions, comprenant 133 points de contrôle pouvant générer 610 défaillances, dont 470 soumises à l'obligation de contre-visites (contre 206 auparavant), l'autre enjeu portait précisément sur une éventuelle envolée des contre-visites. Au final, il n'en a rien été. Le taux de véhicules ne présentant aucune défaillance a diminué d'un point entre 2017 et 2018, à 12,9 %, tandis que celui des contre-visites s'est élevé à 17,4 % avant le 20 mai et à 21,5 % après, soit une moyenne sur l'année de 19,4 %. Le raz-de-marée attendu n'a donc pas eu lieu.

 

Par ailleurs, sur ce total, 1,3 % des véhicules présentaient des défaillances critiques, principalement pour des soucis de pneumatiques, de freins et de signalisation. "Ces défaillances concernent des éléments évidents pour la sécurité routière et avec cette nouvelle réglementation, nous sommes allés au bout de notre démarche, souligne Karine Bonnet. Désormais, les automobilistes ont l'obligation de corriger ces défauts". Ce renforcement des contrôles n'est pas resté sans conséquences pour les réseaux. A l'instar de celui de Dekra, ils sont tous ses confrontés à une véritable pénurie de main d'œuvre.

 

Hausse des prix modérée et justifiée

 

La nouvelle réglementation impose en effet de recruter des collaborateurs de niveau BAC Pro et non plus CAP ce qui rend la tâche de chacun encore plus complexe. Environ 200 postes sont ainsi à pourvoir dans le réseau qui tente de séduire de futures recrues avec notamment la mise en place du Dekra Summer Campus. Pour tous les autres collaborateurs, en plus de la formation annuelle de maintien des compétences (20h), un cursus complémentaire de 15h a été dispensé. Si l'aspect technique y a pris une grande place, l'aspect commercial et relationnel était omniprésent. "Nos collaborateurs craignaient beaucoup la réaction des automobilistes face aux nouvelles défaillances. Ils avaient besoins d'arguments pédagogiques", précise la responsable.

 

Montée en compétence du service signifie-t-il hausse des tarifs ? En dépit d'une récente étude soulignant ce fait, Dekra se défend d'avoir profité de la situation. En moyenne, dans le réseau, le CT est passé de 64 euros TTC à fin 2017, à 66 euros à fin 2018 et à 69 euros aujourd'hui. "Il faut être très prudent avec certaines analyses. Il y a une grande différence entre les prix affichés et les prix pratiqués. Nos clients bénéficient souvent de ventes flashs ou de remises, étaye Karine Bonnet. Par ailleurs, il faut rappeler aussi que les tarifs n'ont pas évolué pendant dix ans alors qu'en parallèle le nombre de centres de contrôle a augmenté, des investissements récurrents ont été opérés ces dernières années en équipements, en développement de logiciels et en formation…"

 

Bon départ pour les forfaits

 

Souvent décriés, les centres de contrôle technique demeurent en effet sous tension avec un chiffre d'affaires moyen, chez Dekra, de 150 000 euros (pour deux salariés et 3 000 contrôles annuels). Dans un secteur très encadré, le groupe allemand tente d'aider ses adhérents à se développer et a notamment conçu, l'an dernier, des forfaits (Eco comprenant un CT et une CV ; Pass avec un CT, une CV et un CT intermédiaire au bout d'un an ; Vert avec un CT et un contrôle pollution). A date, Dekra indique forfaitiser 20 % des véhicules inspectés.

 

Autre solution, devenir centre d'examen au code de la route. D'ici la fin 2019, environ 200 centres seront agréés et pourront profiter d'un complétement d'activité pouvant monter jusqu'à 2 000 euros par mois. Dans quelques semaines, le secteur sera confronté à un autre défi avec l'entrée en vigueur des mesures de contrôle de pollution des véhicules diesel, initialement prévu pour le 1er janvier dernier. Là encore, Dekra ne s'attend pas à une arrivée massive d'automobilistes dans ses centres.

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