La visite obligatoire des cyclos, ça y est !
L'Etat, engagé à réduire le nombre de tués sur la route, a accéléré les démarches et, en tout cas enchaîné les déclarations, ces derniers mois. Les opérateurs du CT, en demande de cette nouvelle mesure de contrôle technique des deux roues, ont aussi poussé à la roue, pour tenter de juguler la future stagnation d'un marché plus que mature, comportant de plus en plus de concurrence. Enfin, les associations de motards, de leur avis uniquement consultatif, ont multiplié les actions et autres coups de gueule pour abolir ou retarder la mise en place de cette mesure jugée contraignante et de nature à les spolier financièrement et sans conséquence pour la sécurité routière. De tous ces points de vue, aux motivations diverses, il a fallu tirer la quintessence.
C'était prévisible, tout s'est accéléré ces dernières semaines. Tout a commencé par l'intervention de François Fillon, Premier ministre en exercice, lors du Comité interministériel de la sécurité routière, se tenant à Matignon le 18 février dernier. "Je vous rappelle que les objectifs du Gouvernement pour le quinquennat, c'est-à-dire à l'horizon 2012, c'est, non seulement de passer sous la barre symbolique des 3 000 tués sur les routes,... et c'est de diviser par deux le nombre des morts à la suite d'accidents de deux-roues". Après ce préambule, le ministre a pu dérouler sa série de mesures concernant l'alcoolisme, les sanctions aux contrevenants et bien sûr, les deux roues motorisés. Concernant ce moyen de locomotion, deux séries de mesures ont été présentées. La première concerne là encore les sanctions. Afin de mettre fin au débridage des cyclomoteurs, il est désormais prévu une amende de 135 euros pour les conducteurs de deux roues concernés. Les contrôles seront aussi renforcés. Mais la mesure la plus controversée reste, sans conteste, la mise en place du contrôle technique pour les deux roues. Mis en place "dès 2011" et obligatoire tous les deux ans, son but sera notamment de contrôler le bridage des moteurs. Il ne sera imposé qu'aux cyclomoteurs, c'est-à-dire aux deux roues présentant une cylindrée inférieure à 50 cc. Et François Fillon s'est montré encourageant : "Je souhaite que le surcoût de ce contrôle technique puisse être neutralisé grâce aux efforts des assureurs. C'est l'un des objets de la convention que nous avons signée. Il faut naturellement que ces mesures techniques, qui vont conduire à une baisse du nombre d'accidents dans ce domaine, puissent être compensées par des efforts des compagnies d'assurance". Le coût pourrait avoisiner les 60 euros, soit un tarif comparable à celui pratiqué pour les automobiles. Prohibitif ? Tout dépendra des investissements demandés aux centres, ainsi que du temps nécessaire pour un contrôle. Bien entendu, si le CT deux roues doit véritablement voir le jour, ce ne sera de toutes façons pas avant la fin de l'année 2011, car, rappelons-le, il n'existe aujourd'hui qu'une intention, et aucune nomenclature ni protocole. Il semblerait que l'on s'attachera d'abord, à la conformité générale de l'engin avec les données constructeurs, et que l'on vérifiera ensuite le bon état des freins et autres organes de sécurité…
L'équipement des centres en question
Utilisateurs en colère
Pour Eric Thiollier, délégué général de la FFMC, "cette mesure relève du pansement sur une jambe de bois", se référant au rapport Guyot - du nom du préfet délégué par le secrétaire d'Etat aux transports Dominique Bussereau. Ce rapport, datant de l'année dernière, se proposait alors de réfléchir sur la façon d'enrayer la mortalité des conducteurs, notamment ceux des deux-roues. En toutes lettres, son rapporteur écrivait lui-même que "ce n'est pas le contrôle technique qui fera baisser sensiblement le débridage". La FFMC rappelle donc son opposition à cette mesure, qu'elle juge inutile et coûteuse. Les études d'accidentologie montrent en effet que les défaillances techniques n'interviennent que dans moins de 1 % des cas d'accident. Il convient donc d'admettre, selon la fédération, que c'est par la formation et la responsabilisation des usagers, notamment des plus jeunes et de leurs parents, que l'on pourra endiguer la sinistralité routière. Le contrôle technique deux roues n'aurait ainsi d'autre intérêt que le profit des opérateurs de contrôle. Et de l'aveu même des futurs contrôleurs, la mise en place sera coûteuse et difficile. Attendons de voir comment les pouvoirs publics vont gérer cette nouvelle mesure. Les premiers textes, probablement rédigés en consultation avec les réseaux de CT, devraient maintenant rapidement voir le jour.
ZOOMSécuriser l'usage des deux roues motorisés, les arguments de l'Etat et des opérateurs de CT Les engins sont homologués pour rouler à 45 km/h. Leur débridage est interdit. Pourtant, dans les faits, la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) reconnaît que plus de 80 % des cyclomoteurs sont aujourd'hui "gonflés" et capables d'atteindre des vitesses supérieures à 80 km/h. Lors du CISR, les chiffres communiqués faisaient état de plus de 50 % des cyclomoteurs accidentés sur des véhicules débridés. L'étude indiquait également que 38 % des engins ont un élément important (échappement, filtre à air, moteur, transmission, cylindre) ne fonctionnant pas correctement, et 29 % sont non conformes au Code de la route (rétroviseur, clignotants, éléments de sécurité, etc.). En 2008, 313 personnes tuées sur la route étaient conducteurs ou passagers de cyclomoteur ou scooter de 50 cm3. En 2009, les deux-roues motorisés ont représenté 28 % des personnes tuées sur les routes de France. Le cyclomoteur est, pour les jeunes à partir de 14 ans, le premier mode d'accès à la conduite motorisée. Il est dès lors essentiel que cet apprentissage se fasse dans le respect des règles de conduite, sous la responsabilité des adultes (parents, détaillants, mécaniciens, etc.). |
Photo : Après des années de lutte, la France devrait théoriquement voir arriver très prochainement le CT pour les cyclomoteurs. Reste à définir les protocoles…
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