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Jean-Luc Cottet, CNPA : "Nous ne sommes pas les plus à plaindre"

Publié le 23 juin 2020

Par Marc David
6 min de lecture
Propriétaire de deux centres de lavage sur la région parisienne, Jean-Luc Cottet défend surtout les intérêts de la profession en tant que président de la Commission Lavage du CNPA. Il revient sur la période de confinement liée à la crise sanitaire et évoque les perspectives de cet exercice 2020 pas comme les autres.
Jean-Luc Cottet, président de la Commission Lavage du CNPA.

 


JA. Comment avez-vous vécu personnellement la période de confinement ?

JLC. En ce qui me concerne, j’ai fait en sorte que mes deux centres de lavage (l’un à Saint-Germain-lès-Corbeil dans l’Essonne, l’autre à Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne, NDLR) restent ouverts. Sachant que le temps de trajet qui les sépare en voiture n’est que de 7 minutes environ, j’ai pu gérer seul mes deux stations, mon personnel étant à l’arrêt. La situation était relativement facile à gérer, avec une présence forcément réduite compte-tenu du contexte. Si la période était très calme au début du confinement, nous avions quand même une clientèle de taxis, ambulanciers et bien sûr, de transporteurs de denrées alimentaires dans la mesure où ces gens-là doivent respecter des normes d’hygiène. Que ce soit à la haute pression ou au lavage automatique, la démarche permet de décontaminer les poignées des portes du véhicule ou les encadrements..., tous les endroits de la carrosserie susceptibles d’être touchés.

 

JA. Quid de l’ensemble de la profession ?

JLC. Globalement, les centres dans lesquels figuraient du personnel ont fermé leurs portes, les salariés se retrouvant en chômage partiel et les exploitants dans l’incapacité de poursuivre eux-mêmes l’activité. Une démarche semblable pour les exploitants dont les centres se trouvaient quelque peu dispersés, géographiquement parlant comme certains confrères qui disposent de centres sur la région parisienne et d’autres en province. Maintenant, ceux qui sont restés ouverts ont enregistré un chiffre d’affaires compris entre 10 et 30 % de celui réalisé en temps normal, avec toutefois la possibilité de s’acquitter de certaines charges. Cela dit, certains ont dû faire face à une pression accrue des forces de l’ordre, sans doute pas assez informées sur le fait que toute la filière entretien-réparation automobile pouvaient continuer d’exercer. D’où quelques procès-verbaux dressés ici et là, à l’encontre des clients et de quelques exploitants également. Quant aux fermetures issues de décisions préfectorales, nous avons pu intervenir localement pour les lever, mais certaines préfectures ont fait de la résistance comme par exemple dans l’Oise.

 

JA. Pensez-vous que le temps perdu est rattrapable et plus globalement, comment voyez-vous la suite ?

JLC. Malheureusement, dans notre profession, la baisse d’activité n’est jamais facile à combler et de toutes façons, même si c’était le cas, on peut toujours se dire que cela aurait pu être du bonus. Je veux dire par là que nous aurions pu réaliser non seulement une année équivalente, mais plutôt une année exceptionnelle compte-tenu du fait que le printemps constitue une période propice au lavage, et ce d’autant plus que les conditions météorologiques se sont révélées particulièrement favorables cette année. Certes, nous n’avons pas tout perdu sur cette période printanière avec de très belles journées depuis le déconfinement mais il faut espérer que l’été sera favorable à la démarche.

 

JA. Justement, au 7 juin, 8 départements faisaient l’objet de restrictions d’eau (au-delà du seuil de vigilance), avec à la clé l’émission de 17 arrêtés. Etes-vous confiant pour la profession ?

JLC. D’abord, il faut préciser qu’à l’exception de certaines régions telles la plaine d’Alsace, le couloir de la Saône et du Rhône, la recharge des nappes phréatiques 2019-2020 a été supérieure à la moyenne du fait de pluies précoces conséquentes. Cela dit, des arrêtés sécheresse de premier niveau ou deuxième niveau, soit les niveaux d’alerte et alerte renforcée, ont déjà été pris en Loire-Atlantique. Certes, ces mesures ne sont pas préjudiciables au lavage en station, tout du moins pour le moment, mais ce qui est certain, c’est qu’elles arrivent très tôt dans la saison.

 

JA. Dans ce contexte, pensez-vous que le travail d’information mené par vous-même l’an dernier auprès de différentes préfectures pour éviter les fermetures, a été suffisamment assimilé ?

JLC. Oui et non. Oui dans le sens où les préfets concernés ont tendance à être à l’écoute de nos préoccupations et non dans le sens où cela ne veut pas dire que nous obtenons satisfaction. En ce sens, les mesures prises sont encore insupportables pour les exploitants. Nous en sommes à un stade où certains préfets nous autoriseraient une seule piste haute pression par centre. Une situation injuste, supportable pour l’exploitant qui dispose de deux pistes mais complètement ingérable pour celui qui en a huit, par exemple. C’est tout le problème des restrictions d’eau, les gens ont tendance à oublier complètement l’aspect écologique. Il faut rappeler, en effet, que ne pas laver sa voiture est synonyme de pollution et que par ailleurs, interdire le lavage en centre spécialisé est une incitation au lavage à domicile avec à la clé une consommation d’eau accrue et un non-traitement des effluents.

 

JA. Il s’agit là d’un bon argument mais en avez-vous d’autres ?

JLC. Pour cette année, nous pouvons toujours argumenter sur le danger de rajouter des mesures de restrictions liées à la sécheresse, à la période de confinement relative à la crise sanitaire. Une argumentation supplémentaire et on ne peut plus légitime mais toute la question est de savoir si elle trouvera un écho favorable. Il est certain qu’au vu des circonstances exceptionnelles que nous avons connues, une nouvelle fermeture momentanée pourrait mettre en péril certaines entreprises plus ou moins fragilisées et à minima peser sur les investissements, sans parler d’une dépréciation du site en cas de revente.

 

JA. En dépit de cette "épée de Damoclès", que pouvez-vous dire sur l’état d’esprit de la profession ?

JLC. Le métier demeure attractif. Certes, nous avons plus ou moins souffert du confinement comme bon nombre de professionnels mais si nous établissons un bilan post-confinement, nous avons pu reprendre notre activité sans grosses contraintes. Les stations sont classées IOP (Installations Ouvertes au Public, NDLR), les gestes barrière sont naturels dans la mesure où les clients peuvent attendre dans leur voiture et qu’en plus, ces mêmes clients ont la piste entière de lavage (piste qui plus est séparée d’une piste voisine par des cloisons) à leur disposition, bref, la reprise "officielle" s’est révélée relativement facile à gérer. Nous ne sommes pas les plus à plaindre par rapport à d’autres commerces quand bien même certains exploitants n’ont pas retrouvé leur niveau d’activité d’avant confinement, en particulier ceux qui sont implantés sur des zones d’activités. Nous devons rester attentifs à la crise économique et ses conséquences.

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