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Inquiétudes et réorganisations au programme de 2012

Publié le 13 avril 2012

Par Armindo Dias
6 min de lecture
D’après la 18e enquête annuelle de l’AFT-Iftim, les responsables logistiques du secteur auto sont plutôt pessimistes quant à l’évolution de leur activité. Ils sont, par ailleurs, nombreux à anticiper des réorganisations logistiques dans les prochains mois. Dans la foulée des exercices 2009, 2010 et 2011…
Jean-André Lasserre, directeur des relations institutionnelles et des études de l’AFT-Iftim.

NB : Pour consulter les graphiques et tableaux, cliquer ici.

Les responsables logistiques du monde de l’auto ne sont pas optimistes. Ils sont peu nombreux à envisager une hausse d’activité sur 2012, selon la dernière enquête annuelle de l’AFT-Iftim (elle porte sur les besoins en emplois et en formations dans les fonctions de la logistique). Ainsi, si les logisticiens de l’industrie des équipements mécaniques anticipent une hausse d’activité à 43 % et ceux de la pharmacie à 40 %, ceux du monde de l’auto ne l’envisagent quant à eux qu’à hauteur de 6 % (la moyenne pour l’ensemble des sondés s’établit à 34 %). “La conjoncture dans le secteur s’est particulièrement dégradée au quatrième trimestre 2011”, explique Jean-André Lasserre, le directeur des relations institutionnelles et des études de l’AFT-Iftim.

Rien d’étonnant, donc, si ledit secteur fait aussi partie de ceux qui anticipent le plus une poursuite des réorganisations logistiques sur l’exercice en cours. Si celles-ci sont programmées dans l’industrie des équipements mécaniques à 43 %, elles le sont aussi à 41 % dans le secteur de l’auto, la moyenne pour l’ensemble des sondés s’établissant à 38 %. Et autant dire que le secteur auto aura pas mal évolué en quelques années : les sondés du monde de l’auto ont procédé à des réorganisations logistiques à hauteur de 20 % en 2009, de 46 % en 2010 et de pas moins de 55 % en 2011 (voir graphique 1). Il semble toutefois qu’elles aient été provoquées en grande partie par les catastrophes industrielles et naturelles qu’a connues le Japon début 2011.

Les sondés ont justifié leurs réorganisations par des changements dans la logistique d’approvisionnement à 44 %. Les changements dans la logistique clients ou de distribution et les surcroîts d’activité ont été évoqués à hauteur de respectivement 12 % et 11 %, devant les investissements dans de nouvelles technologies (6 %), l’amélioration de la sécurité de la supply chain (6 %), la mise en place de plans de restructuration (6 %) et la recherche d’une réduction de coûts (5 %). “Les sondés dans leur ensemble ont pris des mesures pour réduire les coûts de leur supply chain à 79 % en 2010 et à 67 % en 2011”, souligne Jean-André Lasserre. Et dans le seul secteur de l’industrie auto, ces mesures se sont surtout matérialisées par une optimisation des transports et des entrepôts : les répondants du secteur ont mentionné l’optimisation des transports à 51 % et l’optimisation des entrepôts à 28 %. La sous-traitance ne s’est pas accrue pour autant, bien au contraire.

Alors qu’en 2010, tous les établissements du secteur déclaraient avoir sous-traité certaines opérations de transport et/ou de logistique, ils sont moins de la moitié en 2011 (voir graphique 2). Ils ont bien sûr tout fait pour conserver un niveau d’activité interne élevé par crainte de voir les niveaux d’immatriculations et de production se dégrader. Et cela se confirme avec le taux de recours aux heures supplémentaires : l’an dernier, les établissements de l’industrie auto y ont eu recours pour des postes d’opérateurs à 59 %, de techniciens à 31 % et de cadres à 25 %. Logiquement, les effectifs du secteur ont donc plus évolué à la baisse qu’à la hausse. Pour preuve : s’il n’y a pas de différentiel pour les postes de cadres et un différentiel positif de trois points pour ceux de techniciens entre les établissements qui ont constaté une augmentation de leurs effectifs et ceux qui ont constaté une diminution, il y a en revanche un différentiel négatif de 17 points pour les effectifs d’opérateurs (voir tableau 1). Dans l’industrie auto, 18 % des établissements ont procédé à des non-remplacements de départs, 7 % ont pris des mesures de chômage technique ou partiel et 3 % ont opté pour des mises en congés ou en JRTT sur 2011. Malheureusement, le pire est peut-être à venir.

Dans l’industrie auto, les établissements qui anticipent une baisse des effectifs sont plus nombreux que ceux qui s’attendent à une hausse. Ainsi, s’il n’y a pas de différentiel pour les postes de cadres, il y en a, en revanche, d’importants à la fois pour les postes d’opérateurs et de techniciens et agents de maîtrise (les différentiels pour ces deux catégories de postes sont de respectivement - 7 et - 5 points). De plus, 3 % des établissements logistiques du secteur auto envisagent de procéder à des licenciements économiques en 2012. Ils sont les seuls à afficher un tel pourcentage avec les établissements de l’industrie des équipements mécaniques (voir tableau 2). “Les incertitudes restent fortes”, explique Jean-André Lasserre. La preuve ? Une hausse du recours à l’intérim pour des postes d’opérateurs est envisagée par les logisticiens du monde de l’auto à 16 %. Tous logisticiens confondus, ils ne sont que 9 % (voir graphique 3). Il y a donc aussi de fortes chances pour que les établissements recruteurs de l’industrie auto privilégient de nouveau certains profils s’ils doivent procéder à des recrutements en 2012.

L’an dernier, ces établissements recruteurs ont déclaré avoir embauché des jeunes de moins de 26 ans à 56 %, des personnes sans qualification à 23 %, des demandeurs d’emploi de plus d’un an à 13 % et des seniors de plus de 50 ans à 6 %. “Si les politiques publiques ont favorisé l’embauche de jeunes, elles ont aussi accru les difficultés de recrutement”, relève Jean-André Lasserre. En effet, les professionnels de la logistique restent encore exigeants en matière de recrutement. Pour un poste d’opérateur, l’expérience moyenne demandée est par exemple de 1,69 année dans l’industrie auto (1,84 année en moyenne, mais 4,85 années dans l’industrie agroalimentaire). Les diplômes recherchés restent en revanche globalement les mêmes, toutes catégories de logisticiens confondues. Les recruteurs privilégient le Bac Pro Logistique et le TP Cariste d’Entrepôt pour les postes d’opérateurs, le BTS Transport et Prestations Logistiques ainsi que le DUT Gestion Logistique et Transport pour les postes de techniciens et agents de maîtrise, et enfin les diplômes de niveau Bac + 2 et ceux issus d’écoles type Esli ou Isel pour les postes de cadres.

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FOCUS - Méthodologie de l’étude

La 18e enquête annuelle de l’AFT-Iftim sur les besoins en emplois et en formations dans les fonctions de la logistique a été réalisée début janvier auprès d’un échantillon de 553 établissements. Ces derniers évoluent dans 7 grands secteurs d’activité : l’industrie agricole et alimentaire ; la pharmacie, la parfumerie et l’entretien ; l’industrie automobile ; la chimie, le caoutchouc et les plastiques ; le commerce ; les prestataires transport-logistique.

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