Globalisation salutaire
Journal de l’Automobile. Dans quelle mesure estimez-vous que les difficultés rencontrées par les distributeurs et par les constructeurs se répercutent sur l’industrie de l’édition de DMS ?
ARIE TOLEDANO. Il y a un impact indéniable, ce serait mentir que dire le contraire. Au global, Datafirst a bien terminé 2012 et bien commencé 2013 grâce à notre positionnement stratégique, qui nous amène à être chez 29 des 31 marques distribuées en France, et à notre approche géographique multi-pays. Certains constructeurs ont subi des contrecoups, mais nous sommes parvenus à jouer sur des leviers de compensation. Il est probable que les éditeurs focalisés sur les réseaux Peugeot et Citroën ont dû souffrir des récents problèmes rencontrés par ces panneaux.
JA. Plus spécifiquement, comment cela impacte-t-il le bilan commercial ?
AT. Nos chiffres étaient positifs jusqu’à fin mars 2013. Depuis, nous sentons en France un tassement des rythmes de commandes, sur fond de concentration des réseaux de distribution. Récemment homologué par Ford en Suisse, eCars21 vient d’être déployé dans une affaire et devrait en conquérir plusieurs autres à moyen terme, ce qui nous promet des perspectives réjouissantes. Dans le même temps, nous allons mettre des forces commerciales au sein des marques Nissan et Volkswagen en Italie.
JA. Et le bilan financier ?
AT. Notre situation est très saine. Notre modèle économique, reposant sur des contrats locatifs, crée de la fidélité et, de fait, le récurrent représente 65 % du chiffre d’affaires de Datafirst. Ce schéma vertueux est à l’épreuve de la crise et nous permet de poursuivre l’effort d’investissement dans de nouveaux développements.
JA. La profitabilité des éditeurs serait pourtant clairement mise en péril par cette situation, ne partagez-vous point cet avis ?
AT. Il y a des éléments clés à maîtriser. Il est nécessaire d’avoir une logique de volume, d’internationalisation, de couverture fonctionnelle large et de préconisation chez le maximum de constructeurs. Le vrai rôle de l’éditeur n’est pas d’essorer sa base installée qui, elle-même, n’a pas des capacités infinies de dépenses, mais d’apporter de nouvelles fonctionnalités.
JA. Vous ne pouvez néanmoins pas passer sous silence la guerre des prix qui fait rage…
AT. La guerre des prix touche davantage la vente de licences et des éditeurs en perte de vitesse sur leur marché. Datafirst est clairement en croissance avec la vente de contrats locatifs. Les éditeurs doivent se battre pour continuer à maintenir les niveaux de prix afin de poursuivre le financement de la R&D.
JA. Vous avez fait de l’internationalisation un levier de croissance, quel est son apport dans votre activité ?
AT. L’international représente désormais 40 % de notre parc installé. Nous passons par des partenaires distributeurs qui nous reversent des royalties.
JA. Quelles sont vos perspectives de développements stratégiques ?
AT. En France, les réseaux Opel, Ford, Volkswagen et Kia, notamment, sont des axes forts. Datafirst nourrit de grosses ambitions quant à la vente de modules CRM. Renault, également, retient notre attention. Compte tenu du fait que nous avons signé un contrat-cadre, les homologations pour des pays majeurs et une dimension internationale, nous avons des raisons de vouloir avancer avec ce constructeur par un travail de fond.
JA. D’aucuns annoncent un nouvel élan de concentration ou de recherche de capitaux, quelle est votre conviction ?
AT. Nous avons été particulièrement actifs dans ce domaine ces dernières années. Je ne crois pas qu’il y ait trop d’acteurs, mais certains ne pourront pas suivre les exigences des constructeurs. Outre des disparitions, il y aura sûrement des reventes ou des recherches de capitaux. Pour notre part, nous sommes en phase offensive, avec des ouvertures de pays et des recrutements.
JA. Quels pourraient être vos prochains services à valeur ajoutée ?
AT. Nous réfléchissons à plusieurs projets qui aboutiront dans quelques mois. Il y aura des modules d’interconnexion avec les réseaux sociaux Facebook et Twitter, et des outils de mobilités. En juin prochain, par exemple, nous allons déployer une solution de tablette tactile avec un grand constructeur européen.
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