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Entretien avec Jean-Baptiste Schmider, dirigeant de France Autopartage

Publié le 13 juin 2008

Par Sarah Motro
5 min de lecture
Pour nous équilibrer économiquement, nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics.L'autopartage se présente comme un mode de transport économique et écologique, capable à long terme de désengorger les centres-villes. Le concept,...
Pour nous équilibrer économiquement, nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics.L'autopartage se présente comme un mode de transport économique et écologique, capable à long terme de désengorger les centres-villes. Le concept,...

...certes confidentiel, est déjà en place depuis quelques années dans certaines grandes villes. Et la mairie de Paris vient d'annoncer la mise en place de 2 000 voitures supplémentaires en libre-service dans la capitale en 2009. L'occasion de faire le point avec Jean-Baptiste Schmider.

Journal de l'Automobile. Où en est l'autopartage aujourd'hui ?
Jean-Baptiste Schmider. Une douzaine de villes sont équipées et les chiffres sont encourageants. Le taux de croissance cumulé est de 50 % : sur un an, nous sommes passés de 3 000 à 6 000 abonnés en France. Une croissance toute relative puisqu'elle est boostée par les ouvertures de ce service dans plusieurs grandes villes. En fait, l'offre n'est pas assez abondante pour persuader bon nombre d'automobilistes d'abandonner dès aujourd'hui leur véhicule. Nous essayons cependant de promouvoir le concept en utilisant l'image du Vélib' qui parle bien aux citadins. En plus, nous avons un argument assez convaincant : avec la voiture en libre-service, le client est débarrassé des coûts d'acquisition et surtout d'entretien du véhicule. Et puis, utiliser l'autopartage c'est contribuer à la protection de l'environnement !

JA. Que pensez-vous du projet Autolib' de la mairie de Paris visant à mettre 2 000 voitures en libre-service dans la capitale d'ici 2009 ?
J-BS. Honnêtement, je vois mal comment le concept pourrait fonctionner. L'autopartage fonctionne quand il est complémentaire des autres moyens de transports publics : bus, métro et tramway. Là, la municipalité parisienne propose de prendre une voiture à un endroit pour la reposer à un autre et cela incite les usagers à les utiliser comme n'importe quel moyen de transport. Ce n'est pas le but. En plus, je vois mal comment les stations pourront être réapprovisionnées pour que le véhicule revienne à sa place d'origine : vous imaginez les camions circulant dans Paris pour transporter toutes ces voitures ? Ecologiquement, le service ne remplirait plus sa mission.

JA. L'autopartage est-il économiquement rentable ?
J-BS. Je suis très confiant pour les grandes villes comme Lille où l'autopartage est déjà bien implanté : l'opérateur "Lilas" enregistre de plus en plus d'abonnés. A Paris aussi, le service marche bien : les opérateurs (qui ne dépendent pas du réseau France Autopartage, NDLR) ouvrent tous les mois de nouvelles stations. En revanche, pour les villes moyennes, c'est plus difficile, il ne faut pas attendre la rentabilité à court terme, les opérateurs qui se lancent sur ce marché devront être patients.

JA. A l'étranger, l'autopartage est bien entré dans les mœurs, n'est-ce pas ?
J-BS. En France, l'opinion publique a encore du mal à en voir l'intérêt, alors qu'en Allemagne et en Suisse, par exemple, le concept a tout de suite fait mouche. Les associations écologistes ont lancé et soutenu le concept dès le départ. J'ai l'impression qu'en France, l'idée est trop simple pour être intéressante, les gens ont toujours besoin de choses compliquées. Une participation des pouvoirs publics et des sociétés de transports dans les différentes villes permettrait de crédibiliser l'autopartage auprès d'une grande partie de la population. Nous pourrions peut-être avoir enfin des places de voirie réservées à l'autopartage. Aujourd'hui, nous avons seulement des autorisations de stationnement temporaires que nous devons renouveler tout le temps.

JA. Mais les pouvoirs publics sont pourtant déjà partenaires de l'autopartage dans plusieurs villes en France ?
J-BS. Oui c'est le cas à Poitiers où la régie des transports s'occupe du parc de location. Mais c'est un phénomène restreint : à Lyon, Lille où Strasbourg, les pouvoirs publics sont partenaires sans être opérateurs. Aujourd'hui, l'autopartage est à cheval entre le public et le privé : il n'est pas assez subventionné pour être public et pas assez rentable pour être considéré comme un acteur privé autosuffisant. Pour nous équilibrer économiquement, nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics. Nous pourrions rentabiliser à plus court terme l'autopartage dans les villes moyennes. Nous pouvons imaginer que les opérateurs fourniraient les véhicules pour les flottes utilisées par les agents municipaux. Nous attendons une véritable législation qui nous permettrait de travailler avec les pouvoirs publics et ça pourrait venir du Grenelle de l'Environnement...

JA. Les constructeurs automobiles ont-ils manifesté un intérêt pour l'autopartage ?
J-BS. Les acteurs de l'automobile ne sont pour l'instant pas très intéressés. Eux misent sur le volume de voitures vendues, or avec l'autopartage, une voiture "partagée" remplace 7 à 8 véhicules particuliers en circulation. Nous essayons néanmoins d'attirer leur attention en insistant sur l'image écologiste qu'ils pourraient donner en s'associant à l'autopartage. Nous sommes en discussion avec certains d'entre eux comme Renault et Toyota.... Mais pour l'heure, il ne s'agit que de remises sur les véhicules de nos flottes. C'est déjà un petit soutien. Ils seraient des partenaires idéaux, espérons que sur du long terme, nous nous retrouverons.

FOCUS

France Autopartage

  • France Autopartage est un réseau indépendant coopératif, regroupant 10 opérateurs locaux d'autopartage qui mutualisent leurs expériences, leur fonctionnement et leurs investissements. Il couvre les villes de Lille, Rennes, Poitiers, Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Nîmes, Marseille, Grenoble et très bientôt Toulouse.
  • Voir aussi :

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