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Des retournements sur tous les marchés

Publié le 20 décembre 2011

Par Armindo Dias
6 min de lecture
La production automobile mondiale devrait rester sur une tendance haussière en 2012, selon une étude de l’assureur-crédit Euler Hermes. Les immatriculations sont attendues en fortes hausses aux Etats-Unis et au Japon alors que les marchés chinois, indien, brésilien et russe devraient enregistrer de “petites” hausses, voire carrément des baisses. Des reculs de 10 % et de 1,5 % sont à prévoir en France et en Allemagne.
Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes.

Il faudra encore compter avec la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie en 2012. Seulement voilà, les immatriculations comptabilisées sur ces marchés devraient marquer une pause par rapport à celles des exercices précédents. Euler Hermes estime que les immatriculations de VP et de VUL devraient croître de “seulement” 5 %, à un peu plus de 15 millions d’unités en Chine, après des hausses de 30 % à 40 % par an en 2009 et 2010 (+ 4 ou + 5 %, avec un peu plus de 14 millions d’unités sur 2011). “Ces exercices ont été portés par des primes à la casse”, explique Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes. Au Brésil, les immatriculations sont attendues en croissance de seulement 2 %, avec un peu plus de 2,6 millions de véhicules immatriculés, et en Russie elles devraient être à peu de choses près identiques à celles attendues sur l’exercice en cours, à savoir un peu plus de 2,5 millions d’unités. “Le marché russe a encore profité des effets de la prime à la casse en 2011”, poursuit Yann Lacroix. Le marché brésilien enregistre pour sa part une hausse de ses taux d’intérêt et son gouvernement a récemment pris la décision d’augmenter ses taxes à l’importation, taxes pouvant entraîner une hausse du prix des véhicules importés de 26 %.

8 % de hausse aux Etats-Unis et au Japon

Quelles sont les perspectives attendues en Inde ? Elles sont tout sauf réjouissantes à court terme. Euler Hermes s’attend à ce que les immatriculations y repassent sous la barre des 2 millions d’unités en 2012, ce recul pouvant s’expliquer à la fois par une hausse des taux d’intérêt et l’échec de la voiture ultra low-cost. Les marchés matures devraient connaître quant à eux des situations pour le moins très contrastées.

Si les immatriculations sur les marchés américain et japonais sont attendues en hausse d’au moins 8 % (environ 14 millions de véhicules aux Etats-Unis et 4,5 millions au Japon*), elles devraient chuter de 3 à 5 % sur le Vieux Continent avec de 13,2 à 13,3 millions d’unités. Le marché européen ne retrouvera donc pas encore l’an prochain son niveau d’avant-crise (plus de 15 millions d’unités). “Les baisses devraient être particulièrement marquées en France, en Italie et au Royaume-Uni”, précise Yann Lacroix. Euler Hermes considère que, dans ces trois pays, les immatriculations baisseront de respectivement 10 %, 4 % et 3 % (0 % en Espagne). Dans l’Hexagone, les immatriculations de véhicules devraient être de l’ordre de 2,1 millions d’unités en 2012. “L’atterrissage des primes à la casse du début d’année et les nombreuses remises constructeurs ont généré environ 200 000 immatriculations supplémentaires sur 2011”, indique le responsable des études sectorielles de Euler-Hermes. Nos voisins allemands ? Une fois de plus, ils s’en sortiront un peu mieux, l’assureur-crédit estimant que les immatriculations n’y reculeront que de 1,5 %, à 3,1 millions d’unités, en 2012. Mieux : ses constructeurs seront peu impactés par la dégradation du marché européen au niveau de leurs performances financières.

2,2 % de rentabilité chez les constructeurs français

Leur forte présence à l’international et leur positionnement plutôt haut de gamme leur permettront de continuer à afficher une rentabilité trois fois supérieure à celle de leurs homologues français : selon Euler Hermes, leur taux de résultat opérationnel sera de 6,6 % en 2012 (7 % en 2011 et 5,5 % en 2007). Les Français devront se contenter d’un modeste 2,2 % (2,5 % en 2011 et 3,2 % en 2007). En 2012, l’Hexagone n’aura en outre pas retrouvé son niveau de production d’avant-crise, ce que l’Allemagne devrait avoir accompli dès 2011 avec 6,2 millions de véhicules produits (1,9 million en France, soit un retrait de 36,7 % par rapport à 2007). L’Europe n’en a pas moins perdu du terrain depuis 2007 : si la production automobile mondiale a enregistré depuis cette date une hausse de 11 %, elle s’est faite avec une hausse de 123 % en Chine et une baisse de 11 % en Europe (+ 24 % pour l’Amérique du Sud, - 22 % pour l’Amérique du Nord et - 34 % pour le Japon). “Les surcapacités de production en Europe sont encore de 20 à 25 %”, souligne par ailleurs Yann Lacroix. Euler Hermes s’attend à comptabiliser cette année une production mondiale en hausse de 5 %, à 81,2 millions de véhicules. Une évolution qui devrait rester orientée à la hausse sur 2012. C’est en tout cas le pronostic de Euler Hermes.

*La hausse au Japon s’explique surtout par la chute de 15 % attendue cette année en raison du tremblement de terre de mars 2011.

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ZOOM - Le Mexique arrive en tête !

Le Mexique est le sous-traitant low-cost le plus compétitif pour les Etats-Unis dans le domaine de l’industrie, d’après une étude de la société de conseil AlixPartners (AlixPartners U.S. Manufacturing-Outsourcing Cost Index). Le faible niveau du dollar et le retour de l’inflation dans certains pays l’ont de nouveau rendu compétitif par rapport à certains pays comme la Chine, l’Inde, le Vietnam et la Russie. La Chine, qui occupait il y a encore cinq ans la tête de ce classement devant l’Inde, le Vietnam, la Russie et le Mexique, doit composer de plus en plus avec une inflation salariale, un intérêt croissant pour l’engagement syndical, une multiplication des mouvements sociaux et, enfin, des revendications salariales proches parfois de celles pratiquées dans certains pays développés.  Bref, de nouveaux défis se présentent à l’Empire du Milieu. “Les entreprises qui produisent en Chine pourraient bientôt voir leurs coûts de production augmenter du fait de l’appréciation continue du yuan par rapport au dollar et aux autres devises occidentales”, indique par ailleurs AlixPartners. Il s’est apprécié dernièrement de 6 %, une appréciation supplémentaire de 25 % étant susceptible d’entraîner une parité monétaire identique entre le dollar et le yuan. Cela ne serait bien évidemment pas sans incidences sur le prix des biens produits en Chine et vendus aux Etats-Unis. Ajoutez à cela une éventuelle hausse des coûts de transport provoquée par une augmentation du prix du pétrole, et il y a de fortes chances que le Mexique demeure encore le sous-traitant low-cost le plus compétitif pour les Etats-Unis en 2012.

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