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Deux fintech misent sur les voitures de collection

Publié le 14 mai 2025

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
La région Auvergne-Rhône-Alpes a récemment vu sortir de terre deux start-up au profil similaire et pourtant des plus atypiques. Chacune à leur manière, ConexAuto et Les Collectionneurs proposent aux particuliers d'avoir recours aux voitures de prestige pour faire fructifier leur capital. Assiste-t-on à l'éclosion d'un nouveau marché ?
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ConexAuto et Les Collectionneurs font chacun de la voiture ancienne un produit d'investissement packagé. ©Mercedes-Benz

Chez les entrepreneurs, il est coutume de dire qu'une idée, aussi originale soit-elle, est simultanément portée par sept personnes qui ne se connaissent pas. L'adage vient de se vérifier en région Auvergne-Rhône-Alpes. À quelques temps d'écart, deux start-up sont apparues avec en toile de fond une mécanique identique, celle de se poser en alternative aux banques pour aider les particuliers à faire fructifier leur argent.

 

Que ce soit chez ConexAuto à Villefranche-sur-Saône (69) ou chez Les Collectionneurs à Bourg-en-Bresse (01), les fondateurs respectifs Gary Hauguel et Sacha Gallo Parouty partent à la recherche d'investisseurs qui financeront l'achat de voitures de collection ou de prestige dont la revente rapportera davantage. Dans les deux cas, l'argumentaire repose sur une promesse de rendement supérieur aux traditionnels placements.

 

Du tourisme pour amortir

 

Dans la ville située au nord de Lyon, ConexAuto mise davantage sur les voitures de collection et les youngtimers. "La voiture de collection est un produit tangible, clair et coté, par conséquent l’investisseur maîtrise les tenants et aboutissants", soutient le fondateur et principal actionnaire de l'entreprise. En partant du budget indiqué par un particulier, les conseillers se mettent en quête d'un bien au tarif correspondant et dont la valeur devrait monter dans les années à venir. Ils se donnent trois mois pour y parvenir.

 

Ensuite, tous les frais sont pris en charge par la start-up. Les trois mécaniciens recrutés assurent au quotidien l'entretien des voitures. La mutualisation des ressources humaines permet à ConexAuto d'amener au plus bas les coûts de gestion du parc. La moyenne tombe à 200 euros par mois contre 500 euros habituellement, selon les estimations avancées par Gary Hauguel.

 

 

Située dans une zone touristique, la société a lancé une activité parallèle. Les voitures sont proposées à la location courte durée pour des balades entre les vignes et la Saône. Alors, 75 % des revenus générés sont conservés par ConexAuto, tandis que le reste va au propriétaire.

 

Au terme d'un cycle de trois ans, le bien repart sur le marché des voitures d'occasion. Après la transaction, la plus-value est partagée à parts égales entre ConexAuto et son client. Le premier tour donne une idée de la portée du concept. "La rentabilité est depuis 3 ans de 8 % par an et nous obtenons une marge de 17 % par véhicule", rapporte Gary Hauguel qui tire son analyse de 22 dossiers.

 

Exposition en musée

 

À Bourg-en-Bresse, Sacha Gallo Parouty a vu les choses un peu différemment sur le plan opérationnel. À la manière d'une levée de fonds, il ouvre des fenêtres de tir sur la plateforme consacrée, collectionneurs.co, durant lesquelles les intéressés se manifestent. Chaque véhicule est découpé en parts d'un montant de 200 euros et les investisseurs en achètent autant qu'ils le souhaitent moyennant 250 euros minimum (200 euros pour la part et 50 euros pour les frais). La somme collectée sert à acquérir un bien.

 

Les Collectionneurs concentre le faisceau de la prospection sur les modèles sortis depuis 1980 avec un attrait spécifique pour les années 2000 et 2010 "qui font rêver les jeunes fortunes". L'entreprise qui se présente comme une fintech négocie alors en priorité des voitures comme les supercars de Ferrari, Porsche et autres Maserati "pour le compte de passionnés à la recherche de diversification d'investissement ou d'investissement symbolique".

 

Personne ne roulera. Mais tout le monde pourra les observer. Sacha Gallo Parouty a conclu un partenariat avec Coligny Car Museum, le premier musée dédié aux supercars en Europe implanté à Coligny (01). Les voitures y seront stockées à la vue de tous et du personnel habilité se chargera de leur entretien et de leurs sorties ponctuelles.

 

 

Le cycle durera cinq à sept ans. Une période au cours de laquelle Les Collectionneurs applique des frais pour l'approvisionnement et la logistique (10 % du prix d'achat), puis pour l'entretien (3 % du prix). "Si une voiture prend 17 % net par an en valeur, nos frais s'élèvent alors qu'à 4 % en proportion", calcule Sacha Gallo Parouty. La réalité se situe davantage autour des 10 % de valorisation.

 

À la sortie, chaque copropriétaire est intéressé à hauteur de 5 %. Il est donc recommandé d'avoir un montant de départ conséquent. Cette mécanique d'investissement a reçu la validation des autorités. En effet, depuis le mois d'avril 2025, la société a été enregistrée auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF). "Nous avons choisi le format de nue-propriété, soit un statut intermédiaire, afin de protéger les investisseurs", explique le fondateur.

 

L'étape de structuration

 

Dans les deux entreprises, l'avenir se prépare. Pour Les Collectionneurs, l'heure est à la structuration des réseaux d'approvisionnement. Sans point de comparaison, Sacha Gallo Parouty a fait une projection. Il table sur six à huit voitures à un prix autour de 2,4 millions d'euros de moyenne, durant les neuf mois d'activité en 2025, puis 20 à 30 % de croissance annuelle. Ce qui n'appelle aucune levée de fonds à moyen terme.

 

Dans l'esprit de Gary Hauguel se dessine un autre scénario. Il sait qu'en maîtrisant l'approvisionnement, il réduit les risques et les coûts. De fait, il aimerait créer un stock de véhicules pour que les clients choisissent sur une liste et non plus "à l'aveugle". Un local de 1 700 m2 a été identifié en ce sens. Outre la capacité de 150 places de stationnement, il servira d'atelier de reconditionnement.

 

Surtout, cela ouvrira le champ des possibles pour ConexAuto. Tel un fournisseur, Gary Hauguel et des associés pourront alors travailler avec des franchisés répartis sur le territoire national. Des agents commerciaux qui recruteront des clients et proposeront les exemplaires listés. "Je n'invente rien, je package le service", reconnaît l'entrepreneur qui pense passer à l'action en 2026 après sa prochaine levée d'argent.

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